1. Odeur agréable et pénétrante d'origine naturelle ou artificielle. Synon. arôme, effluve, fragrance, senteur.Parfum de l'ambre, des arbres, de cire, de l'encens, des herbes, des orangers, du pain, de papier, de plante, de résine; doux, frais, puissant, suave parfum; parfum discret, énervant, subtil, violent; un parfum embaume, monte, traîne; dégager, exhaler, répandre un parfum; aspirer, humer, respirer un parfum; se mêler aux parfums; bouffée de parfum. Mainte fleur épanche à regret Son parfum doux comme un secret Dans les solitudes profondes (Baudel., Fl. du Mal, 1857, p.26).Les souffles qui lui arrivaient de la campagne avaient ce puissant parfum de verdure, cette odeur de fleurs sauvages qu'Albine secouait de ses bras nus, de sa taille libre, de ses cheveux dénoués (Zola, Faute Abbé Mouret, 1875, p.1275):. Une obscurité presque complète, à cette heure extrême de la chute du jour, régnait dans toute la pièce, emplie des effluves d'un parfum pénétrant qui nageait autour des fourrures et des draperies claires, et posait sur tous les objets le sceau d'une si secrète intimité qu'Albert et Herminien s'arrêtèrent comme au seuil d'un lieu interdit.
Gracq, Argol, 1938, p.172.
− [En parlant d'odeurs appétissantes] Synon. arôme, bouquet (vin), fumet (d'un plat).Et, d'un bout à l'autre des façades, ça sentait le lapin, un parfum de cuisine riche, qui combattait ce jour-là l'odeur invétérée de l'oignon frit (Zola, Germinal, 1885, p.1260).Parmi les parfums des mets et des boissons, notre besoin de bonheur se gonflait sur la table, dans l'aire de nos regards embués, comme un herbivore ventru qui rumine toute une prairie (Duhamel, Confess. min., 1920, p.69).
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P. antiphr. Odeur nauséabonde, désagréable. Mais oui, mon bon monsieur, je quitte votre maison de fous... vos haricots rouges commençaient à m'écoeurer... et le parfum des chaussettes de vos enfants, ces petites bêtes puantes... je vous laisse sous la férule de Folcoche... (H. Bazin, Vipère, 1948, p.75).Rem. Par synesthésie (v. goût I C rem.). C'est ainsi que je restais souvent jusqu'au matin à songer au temps de Combray (...) à tant de jours aussi dont l'image m'avait été récemment rendue par la saveur −ce qu'on aurait appelé à Combray le «parfum» −d'une tasse de thé (Proust, Swann, 1913, p.186).
2. Au fig. a) Ce qui laisse un souvenir agréable; rappel d'une évocation touchante. Aussi, jugez de mon bonheur, madame, lorsque je vous ai vue, m'apportant sur cette terre d'Espagne (...) un parfum de ma patrie perdue (Dumas père, Demois. St-Cyr, 1843, ii, 12, p.185).Tout le deuxième tableau qui se passe au bord de l'étang de Vaccarès, en Camargue, a un parfum d'églogue antique (Zola, Romanc. natur., A. Daudet, 1881, p.239).
b) Atmosphère délicate qui entoure un être ou une chose. Les Confidences d'un Joueur de Clarinette se composent de deux récits (...). Ce sont deux nouvelles, si discrètes et si naïves, que je n'ose y toucher, crainte d'en faner les couleurs et d'en dissiper les parfums (Zola, Mes haines, 1866, p.148).C'est un exemple bien curieux de persistance atavique que ce garçon cultivé [Léon Blum] (...) mêlé aux ouvriers français, aux disputes françaises, et conservant un parfum, une aura, un je ne sais quoi de biblique et d'hyperoriental (L. Daudet, Temps Judas, 1920, p.113).
c) Ce qui ajoute à quelque chose, l'agrémente d'une touche délicate, l'évoque de façon vague, indéfinissable. Un parfum d'absence, d'aristocratie, de bonheur, de danger, de distinction, d'innocence, de mystère, de tristesse, de volupté. Il faut à la femme un léger parfum de servitude... C'est une femme qui l'a dit (Goncourt, Ch. Demailly, 1860, p.200).
3. Arg., fam. ♦ Être au parfum. Avoir connaissance de quelque chose. Synon. être au courant.La gueule qu'ils auraient fait [ses camarades de la S.N.C.F.] s'ils avaient été au parfum [de son trafic clandestin] (...). Eux qui le prenaient pour une truffe (Le Breton, Razzia, 1954, p.20).
♦ Mettre qqn au parfum. Informer, renseigner. J'ai trente sacs à mettre sur Espoir du Logis III dans la troisième. On m'a mis au parfum... (Trignol, «Vaisselle de Fouille») (Pt Simonin ill., 1957, p.214).