1. Région suprême; lieu de séjour où, dans les différentes traditions, les âmes se retrouvent après la mort. Paradis bouddhique, celte, germanique. Quelques nations du sud (...) plaçaient leur paradis au milieu des mers, où les élus jouissaient d'une fraîcheur qu'ils ne rencontrent jamais dans leurs sables brûlans (Voy. La Pérouse, t.2, 1797, p.274).Mais où vont ces ames célestes lorsqu'elles sont séparées du corps? (...) elles passent dans un des sept paradis ou mondes (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p.281).♦ Paradis de Mahomet, du prophète, d'Allah. Lieu de délices promis aux musulmans après leur mort en récompense de leurs mérites, et où ils jouiront de tous les plaisirs des sens. Les houris du paradis. Comme on comprend, sous ces verdures, le désordre passionné de la poésie arabe et son éternelle promesse de paradis verdoyants! (Tharaud, Fête arabe, 1912, p.18).
♦ Paradis orphique. Le paradis orphique, promis aux initiés, était une région bienheureuse du monde souterrain, prairies émaillées de fleurs où abondent les arbres chargés de fruits, où les âmes se reposent dans une douce lumière, participent aux danses et aux chants sacrés, et festoyent à des tables dressées sous les ombrages de beaux jardins (Encyclop. univ.t.61970, p.240).
2. CHRIST. [P. oppos. à purgatoire, à enfer] Lieu de séjour où les âmes des justes jouissent de la béatitude éternelle. Aller, monter au/en paradis; mériter le paradis; avoir sa place en paradis. Dieu (...) nous a toutes fait la même révélation, qui est que nous irons en paradis si nous vivons en bons chrétiens (Péguy, Myst. charité, 1910, p.27).La mère disait que si les pauvres gagnent le paradis par leur misère même, les riches n'arrivent à le gagner que par leur charité. Les uns parce qu'ils n'ont rien, les autres parce qu'ils donnent ce qu'ils ont (Pourrat, Gaspard, 1925, p.86):3. ... tôt ou tard le seigneur m'appellera (...) j'irai donc dans le paradis, je verrai Jésus-Christ, la Vierge, les anges, les bienheureux apôtres saint Pierre et saint Paul, tous les martyrs, les chérubins et les séraphins...
Flaub., Tentation, 1849, p.369.
♦ Le chemin du paradis. ,,Chemin étroit, montant et difficile`` (Ac. 1835, 1878).
♦ La clef, les clefs, les portes du paradis. À droite, on voit (...) saint Pierre avec la clef du paradis (Montalembert, Ste Élisabeth, 1836, p.352).Fam. Le portier du paradis. Saint Pierre. (Dict.xixeet xxes.).
♦ Part de paradis. Place promise au paradis aux élus. Attendre sa part de paradis; jurer qqc. sur sa part de paradis. Sur ton salut éternel tu promets de faire ce que je t'ai dit? Landry: Sur la part que j'espère dans le paradis, je le jure (Dumas père, Tour Nesle, 1832, iii, 2, p.57).
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Loc. verb. ♦ Avoir, faire son paradis en ce monde. ,,Se livrer à toutes sortes de plaisirs`` (Ac. 1878, 1935).
♦ Envoyer en paradis (pop., vieilli). Tuer. Que j' t'y prenne à me faire des queues, j' t'envoie en paradis (H. Monnier) (Larch.1872, p.126).
♦ Être, se croire en/au paradis; avoir le paradis dans le coeur. Éprouver un grand sentiment de repos, de joie. Renée répondit à ce regard par son plus doux sourire, et Villefort sortit avec le paradis dans le coeur (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.71).La pelouse était couverte de faibles vapeurs condensées, qui déroulaient leurs blancs flocons sur les pointes des herbes. Nous pensions être en paradis (Nerval, Filles feu, Sylvie, 1854, p.595).
♦ Avoir heurté à la porte du paradis (vieilli). Avoir été à l'agonie. (Ds Besch. 1845, Littré, Lar. 19e-20e).
♦ [En formule d'invocation, de prière ou de souhait] Bonjour papa, bonjour maman, je vous souhaite une bonne année, une bonne santé et le paradis à la fin de vos jours (Renard, Poil carotte, 1894, p.114).Dieu, messer Farinata, vous garde de l'enfer et vous reçoive, après votre mort, en son saint Paradis! (A. France, Clio, 1900, p.133).Se recommander à tous les saints du paradis. Implorer leur protection. Grands saints du paradis! s'écria le vieillard, où sommes-nous? (Hugo, Han d'Isl., 1823, p.143).
♦ [En formule de menace] Ne pas l'emporter en/au paradis; ne pas porter en/au paradis (vieilli et pop.). Être puni de telle action. Le fait est que ces messieurs se sont cruellement joués de vous (...) Ils ne le porteront pas en paradis (Augier, Fils Giboyer, 1862, pp.143-144).Il faut le laisser à ses bougies, au petit ménage de l'autel... Tout de même, il ne l'emportera pas en paradis! (Vercel, Cap.Conan, 1934, p.191).
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P. anal. ♦ JEUX. ,,Jeu de marelle, à cause du nom donné au point gagnant`` (France 1907).
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LITURGIE Vieilli. ,,Autels provisoires élevés dans les rues les jours de procession solennelle`` (Ac. Compl. 1842). Synon. reposoir.Paradis: Reposoirs que l'on fait à la Fête-Dieu, que l'on faisait autrefois à la porte des églises (Collinet, Région. hte-montagne, 1925).Ces mêmes autels élevés dans les églises, les chapelles au temps des grandes fêtes chrétiennes. Visiter les «Paradis» dans les églises et les chapelles (Arène, Calanque, 1896, p.88).♦ THÉÂTRE, vieilli. Places les plus élevées et les moins chères d'un théâtre. Synon. poulailler (fam.).Un public de paradis. Elle est pleine [la salle], des fauteuils d'orchestre au paradis (P. Lalo, Mus., 1899, p.49).
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Spécialement ♦ BOT. Pommier de paradis ou paradis. Espèce de pommier nain utilisé comme porte-greffe. Ce moyen de propagation reste le plus employé pour la production commerciale des porte-greffes autres que les francs (cognassiers, pommiers paradis) (Boulay, Arboric. et prod. fruit., 1961, p.77).
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ORNITH. Oiseau de paradis. Synon. de paradisier.Les colibris et les oiseaux de paradis étalaient en plein air les richesses de leur plumage (Verne, 500 millions, 1879, p.109).Plumes de paradis, p.ell., paradis. Plumes de cet oiseau que les femmes portent dans leur coiffure. Longue figure immobile (...) encadrée de deux plumes de paradis roses qui lui emprisonnent les joues entre deux parenthèses (Green, Journal, 1945, p.272).