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PAILLASSE1, subst. fém.

PAILLASSE1, subst. fém.
A. −
1. Grand sac de toile bourré de paille, de feuilles sèches etc., servant de matelas et même parfois de lit rudimentaire. Enveloppe d'une paillasse; toile à paillasse; coucher sur une paillasse; remplir, vider une paillasse. L'enfant cessa de lui apporter sa soupe et de faire son lit, dont la paillasse n'était pas retournée une fois par mois (Zola, Terre, 1887, p.433).Une sorte de grabat avec une paillasse (Bosco, Mas Théot., 1945, p.174):
1. ... il y avait un lit; si l'on peut appeler lit une paillasse trouée jusqu'à montrer la paille et une couverture trouée jusqu'à laisser voir la paillasse. Point de draps. Cela était posé à terre sur le carreau. Hugo, Misér., t.1, 1862, p.497.
[Suivi d'un compl. désignant la matière du bourrage] Paillasse de balle d'avoine, de maïs, de varech. On se groupait en tas sur une paillasse de zoostère (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p.336).
Loc. verb., arg. milit., vx. Être de paillasse. Être de garde. (Dict. xixes.; Lar. Lang. fr.).
2. P.anal., pop. Ventre. Vous savez (...) celui que vous lui avez tambouriné [ausculté] la paillasse ce matin (...) Il dit qu'il étouffe (Goncourt, Soeur Philom.,1861, p.201).Le fermier empoigna sa fourche. −«Filez, nom de Dieu! ou je vous crève la paillasse!» (Flaub., Bouvard, t.2, 1880, p.88).
Crever la paillasse à qqn. Tuer quelqu'un. J'y ai crevé la paillasse, À Montparnasse (A. Bruant, Dans la rue, 1909, p.6 ds Cellard-Rey 1980).
Se crever la paillasse. Se donner beaucoup de mal. Et alors (...) tu tiens tant que ça à rester dans la crasse et à te crever la paillasse pour des gens qui s'emplissent les poches? (B. Clavel,La Maison des autres,1962,p.142, ds Cellard-Rey 1980).
3. Pop. Paillasse (à soldats, de corps de garde). Prostituée de bas étage. Synon. pouffiasse.Va donc! C'est las de rouler la province, ça n'avait pas douze ans que ça servait de paillasse à soldats (Zola, Assommoir, 1877, p.395).Il t'a plaquée, ton Boche, ou bien il est mort? Réponds, réponds, voir, paillasse! (Vand der Meersch, op. it., p.267).Elle ne la connaissait même pas, cette fille... Cette paillasse... Ah quelqu'un de pas intéressant (Aragon, Beaux quart., 1936, p.185).
B. − TECHNOLOGIE
1. Dalle horizontale, à hauteur d'appui, servant de support ou de plan de travail dans un laboratoire, un atelier, une cuisine. Sorbonnes [réchauds utilisés par les menuisiers et les ébénistes pour chauffer la colle] d'angle (2 faces), hauteur: 2 m 35, reposant sur paillasse et soubassement non compris, avec un châssis à coulisse (Catal. instrum. lab. [Prolabo], 1932, p.18).Pour les surfaces de travail de la cuisine [d'une école d'éducation ménagère], il faut bannir le bois blanc, d'entretien difficile (...). Les paillasses seront, de préférence aux carreaux de faïence trop fragiles, en grès cérame (Mathiot, Éduc. mén., 1957, p.70):
2. La cuisine moderne au gaz comprend essentiellement une paillasse [it. ds le texte], sur laquelle sont placés les appareils, et une hotte, destinée à l'évacuation des produits de combustion. Lar. mén., 1926, p.620.
2. En partic. Partie d'un évier, à côté de la cuve, sur laquelle on met à égoutter la vaisselle. Un évier de 15 à 20 cm de profondeur, à un ou deux bacs, en grès cérame ou en acier inoxydable, ou en matière plastique. De chaque côté de l'évier, une paillasse (Mathiot, Éduc. mén., 1957, p.74).
Prononc. et Orth.: [pajas]. Martinet-Walter 1973 [pa-], [pɑ-] (14/3). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1250 pailace «sac rempli de paille, servant de lit ou garnissant le fond d'un lit» (La Règle du Temple, éd. H. de Curzon, p.175, 293); 2. 1680 fig. paillasse de corps de garde (Rich.). B. xviiies. «massif de briques d'une cheminée sur lequel on pose les mets pour les maintenir au chaud» (d'apr. Havard t.4, p.10 b); 1812 «id. pour établir les fourneaux des distilleries» (Mozin-Biber t.2). Dér. de paille*; suff. -asse*. B peut-être parce que de tels appuis étaient primitivement faits de paille ou de murs de torchis, cf. a. fr. pailluel, s.v. paillot*.
STAT.Paillasse1 et 2. Fréq. abs. littér.: 362. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 249, b) 714; xxes.: a) 607, b) 578.

PAILLASSE2, subst. masc.

PAILLASSE2, subst. masc.
A. − ARTS SCÉN.
1. Autrefois, bateleur de foire vêtu d'un costume à carreaux bleus et blancs, qui était chargé d'attirer le public en contrefaisant les tours de force ou d'adresse de ses camarades. Synon. pitre.L'affreuse couleur de tes sottes plumes qui te donnent l'air enfariné comme un paillasse de la foire (Musset, Hist. merle bl., 1842, p.48).Un paillasse en habit bleu à revers rouge qui jouait du tambour (Flaub., Champs et grèves, 1848, p.362).
P.méton. Personne costumée en paillasse. Les masques abondaient sur le boulevard. Il avait beau pleuvoir par intervalles, Paillasse, Pantalon et Gille s'obstinaient (Hugo, Misér., t.2, 1862, p.630).
2. Clown de parade ou de piste. À l'entrée de la ménagerie, un paillasse leur apprit que Burmah venait de sortir (Queneau, Pierrot, 1942, p.143).
B. − P.anal., fam., vieilli. Homme sans consistance, ni volonté. Synon. fantoche, pantin.C'est un paillasse (Ac.1878, 1935).Je lis d'Ourliac, Les Garnaches. C'est un livre qui fait détester et mépriser l'homme, dont la personnalité de paillasse misérable et méchant perce à tout moment (Goncourt, Journal, 1860, p.750).
En partic. Girouette politique. Barbès est gracié. Ça m'est égal! L. (Philippe) lui a fait grâce −Idem! −Voilà deux paillasses, un qui joue l'héroïsme, un autre la clémence! (Flaub., Corresp., 1839, p.52).
REM.
Paillassine, subst. fém.Femme costumée en paillasse. Un bouquet de violettes fraîches, parti d'une calèche chargée de paillassines (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.521).
Prononc. et Orth.: [pajas]. Martinet-Walter 1973 [pa-], [pɑ-] (10/5). Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist.1. 1782 «bateleur qui contrefait gauchement les tours de force qu'il voit faire» (Mercier, Tableau de Paris, VIII, 262 ds Gohin, p.320); 2. 1816 p.allus. au caractère vénal et versatile de certains notables et hommes politiques (Béranger, Paillasse ds OEuvres, éd. Paris, Perrotin, t.2, p.37). Prob. empr. au subst. ital. pagliaccio (xviiies., DEI), nom d'un bateleur, personnage de théâtre, dér., à l'aide du suff. -accio (-asse*), de paglia (paille*) parce que ce personnage portait un vêtement de toile écrue rappelant un sac de paille. Fréq. V. paillasse1.
DÉR.
Paillasserie, subst. fém.a) Plaisanterie, facétie digne d'un paillasse. Synon. bouffonnerie, pitrerie.Paillasseries de Crémieux, qui chante sa complainte sur l'affaire Angélina Lemoine, puis parie un litre qu'il a la plus belle gorge de Paris (Goncourt, Journal, 1859, p.659).Le déploiement de paillasserie, de cynisme gouailleur (La Varende, Roi d'Écosse, 1941, p.74).b) Caractère, tempérament de paillasse. Une paillasserie sinistre l'animait: c'était Bobêche et Torquemada (Goncourt, Man.Salomon, 1867, p.27). [pajasʀi]. 1resattest. a) 1859 «parole, acte de paillasse» (Id., loc. cit.), b) 1867 «nature, tempérament de paillasse» (Id., loc. cit.); de paillasse2, suff. -erie*.

PAILLER2, verbe trans.

PAILLER2, verbe trans.
A. − Garnir de paille tressée (un siège). Synon. empailler (v. ce mot A).Pailler des chaises (DG).
B. − Emballer dans de la paille (une marchandise, un objet). Synon. empailler (v. ce mot B).Pailler des bouteilles. Au moment de (...) pailler [les livarots] pour les expédier sur les marchés on les colore avec une solution de rocou (Pouriau,Laiterie,1895, p.592).
C. − AGRIC., HORTIC. Protéger (le sol, un végétal, un terrain ensemencé) généralement avec de la paille ou du fumier. Synon. empailler (v. ce mot C).Pailler des arbustes, des arbres fruitiers, un massif, un semis. Lorsque le sol est ainsi préparé, on paille c'est-à-dire qu'on le couvre d'une couche de fumier très consommé de 5 centimètres d'épaisseur environ (Gressent,Créat. parcs et jardins,1891, p.645).
Part. passé adj. Qui est entouré ou recouvert de paille ou de fumier. Semis paillé. Les pullulations de rongeurs souvent observées en verger à sol paillé (Boulay,Arboric. et prod. fruit.,1961, p. 94).
Prononc. et Orth.: [paje], [pɑ-], (il) paille [paj], [pɑ-]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist.1. 1364 «garnir de paille tressée» (Compt. mun. Tours, p.343, Delaville ds Gdf. Compl.); 2. 1447 «joncher de paille» chambre paillée (doc. A. Loiret, ibid.); 3. 1842 hortic. (Ac. Compl.). Dér. de paille*; dés. -er.
DÉR. 1.
Paillage, subst. masc.a) Action de pailler (un siège); garniture paillée (d'un siège). Synon. empaillage, empaillement (v. ce mot A), rempaillage.Paillage d'un fauteuil. Si vous êtes en présence d'un siège dont le cadre est rectangulaire (...) le principe et les mouvements à exécuter à chaque angle restent les mêmes [que pour un siège de forme carrée], mais vous constaterez que le paillage des petits côtés sera terminé en premier (L'Encyclop. du bricolage, Paris, Culture Art Loisirs, 1967-76, p.65).b) Action de pailler (le sol, un végétal, un terrain ensemencé); résultat de cette action. Synon. empaillage, empaillement (v. ce mot B).L'opération du paillage consiste à couvrir le sol, avant ou après le repiquage, d'une couche de fumier, provenant de la démolition des couches, épaisse de 2 à 4 centimètres environ (Gressent,Potager mod.,1863, p.264).Je menais à bien, sans peine, le paillage des mandariniers (Colette,Naiss. jour,1928, p.39).Le mulching, qui n'est somme toute qu'un paillage copieux, se propose de recouvrir la surface du sol d'une épaisse couche de paille; il est d'une réalisation difficile dans les vignobles, fort coûteux et généralement insuffisant (Levadoux,Vigne,1961, p.104). [pɑja:ʒ], [pa-]. 1resattest. 1835 agric. (Maison rustique du XIXes., t.1, p.25 d'apr. FEW t.7, p.499a); 1842 (Ac. Compl.); de pailler2, suff. -age*.
2.
Pailleur, -euse, subst.Personne dont le métier est de pailler les sièges. Synon. empailleur, rempailleur.Un bon pailleur. Une bonne pailleuse (Littré); pailleur de chaises (Rob.). [pajoe:ʀ], [pɑ-], fém. [-ø:z]. 1reattest. 1868 «rempailleur de chaises» (Littré); de pailler2, suff. -eur2*.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·