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OPINIÂTRE, adj.

OPINIÂTRE, adj.
A. − [En parlant d'une pers.]
1. Vieilli. [Avec gén. une connotation péj.] Qui est attaché de manière tenace et irréductible à ses opinions. Synon. obstiné.C'était, en vérité, une de ces exaltées à principes, une de ces puritaines opiniâtres comme l'Angleterre en produit tant (Maupass.,Contes et nouv., t.2, Miss Harriet, 1883, p.865).Elle ne fut pas poursuivie pour hérétique, sans doute parce qu'elle ne se montra pas opiniâtre et que l'opiniâtreté constitue seule l'hérésie (A. France,J. d'Arc, t.2, 1908, p.432).
2. P. ext. Qui est tenace, entêté dans ses idées ou son comportement. Synon. persévérant, têtu, volontaire.Les vieux samnites n'étaient pas autre chose, des pasteurs féroces, ennemis des laboureurs de la plaine, adversaires opiniâtres de la grande cité italique (Michelet, Hist. romaine, t. 1, 1831, p.143).Tous les renseignements donnés par M. Thibault étaient exacts. Si opiniâtre que fût Antoine, il était bien obligé d'abandonner un à un ses soupçons (Martin du G.,Thib., Pénitenc., 1922, p.692):
1. ... ma grand'tante exerçait la régence. Pourtant je regimbais déjà, à ce qu'on m'a dit, par l'effet d'une nature décidément opiniâtre dont j'éprouve encore aujourd'hui l'impuissance à se résigner. Guéhenno,Journal homme 40 ans,1934, p.20.
Emploi subst. C'était par-dessus tout un opiniâtre. Il se servait de la méditation comme on se sert d'une tenaille (...) il pensait avec acharnement (Hugo,Quatre-vingt-treize,1874, p.123).
3. [En parlant d'un trait morphologique, d'une expression] Qui exprime la volonté, l'entêtement. Une voix opiniâtre; un profil opiniâtre. On se retournait sur son petit visage rond et pâle, une face de gamin, têtue et opiniâtre, éclairée de deux yeux très bleus (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p.168).Le menton est opiniâtre, le front raisonnable et volontaire sous les bandeaux modestes (Green,Journal,1940, p.13).
En partic. Insistant. Oui, je me souviens d'un regard opiniâtre qui pesa sur moi toute la soirée (Dumas père, Dame Monsoreau,1846, prol., p.127).
4. [En parlant d'une tâche physique, intellectuelle, d'une action à mener] Qui est poursuivi avec persévérance, avec acharnement. Travail, labeur opiniâtre. Mon amour des choses naturelles ne va pas au détail ni aux recherches analytiques et opiniâtres de la science, mais à l'universalité de ce qui est (M. de Guérin,Corresp.,1838, p.346).Il l'avait consacré [son temps] sans sacrifices pénibles, sans regret même, à l'étude, une étude opiniâtre et acharnée (Roy,Bonheur occas.,1945, p.29):
2. Les Grecs de l'antiquité essayèrent de montrer l'homme tel qu'il est en réalité, dans toutes les postures possibles, mais la technique qui leur permit d'arriver à ce résultat ne fut acquise qu'au cours de plusieurs siècles d'efforts opiniâtres. Lowie,Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.208.
En partic. [En parlant d'un conflit armé] Acharné, déterminé. Le combat fut vif et opiniâtre de part et d'autre. Chacun sentait l'importance du succès (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.678).Dans cette région tourmentée, coupée de futaies, de taillis, d'étroits vallons, de gorges, se livrera une lutte obscure et opiniâtre qui se prolongera durant des semaines et même des mois (Bordeaux,Fort de Vaux,1916, p.136).
5. Au fig. [En parlant d'un trait de caractère, d'un sentiment, d'une attitude morale ou intellectuelle] Qui se manifeste avec constance, ténacité. Ardeur, courage, volonté opiniâtre; amour, rage, cruauté opiniâtre; patience, dévouement, douceur opiniâtre. Je ne m'expliquais pas cette haine instinctive et opiniâtre (Lacretelle,Silbermann,1922, p.59).Mon père a toujours travaillé seul, conduit, éperonné par une ambition trop opiniâtre pour se découvrir des semblables et signer des alliances (Duhamel,Notaire Havre,1933, p.78):
3. ... il se sentait, dans la nature éplorée, seul, tout seul, terrassé par une indicible mélancolie, par une opiniâtre détresse, dont la mystérieuse intensité excluait toute consolation, toute pitié, tout repos. Huysmans,À rebours,1884, p.274.
B. − P. anal.
1. [En parlant d'un animal] Têtu, obstiné. Ainsi, les naturalistes vous diront que l'ours aime la solitude, qu'il ne craint pas le danger, qu'il est très-susceptible de colère; moi, j'ajouterai que c'est un animal opiniâtre, à tête dure, à idée fixe (Balzac,OEuvres div., t.2, 1830, p.57).
2. [En parlant d'un végétal] Qui croît en dépit de tout, malgré des conditions défavorables. Les mousses sont venues et se sont incrustées sur les parois du grès raboteux; après elles, les fougères, les tiges opiniâtres du genévrier, puis les colonies envahissantes des arbres (Taine,Notes Paris,1867, p.251).
3. [En parlant d'un phénomène naturel] Qui se manifeste avec persistance. Une bise, un vent opiniâtre. La brume fut aussi opiniâtre, jusqu'au 5 septembre, qu'elle l'avait été précédemment (Voy. La Pérouse,t.3, 1797, p.100).Les premières lueurs de l'aube parurent à travers les carreaux couverts de buée. Une aube lamentable, blafarde, noyée dans l'opiniâtre pluie (Rolland,J.-Chr., Adolesc., 1905, p.298).
4. PATHOL. Qui résiste à tout, que rien ne peut enrayer. Toux, douleur, insomnie, fièvre opiniâtre. La teigne n'est point une maladie dangereuse, mais elle est opiniâtre et rebelle (Geoffroy,Méd. prat.,1800, p.449).Les fonctions digestives sont ralenties: l'appétit est diminué, les digestions pénibles, surtout il existe une constipation opiniâtre, rebelle (Quillet Méd.1965, p.472).
Prononc. et Orth.: [ɔpinjɑ:tʀ ̭]. Ac. 1694 et 1718: -astre; dep. 1740: -âtre. Étymol. et Hist. 1. a) 1431 adj. opiniastre «fortement attaché à son opinion, à sa volonté» (Sentence... ds Isambert, Recueil gén. des anc. lois fr., t.8, p.766); b) 1585 «qui résiste, qui ne cède pas» (Noël du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t.2, p.117: les plus (...) opiniastres affections); 2. 1549 subst. «personne fortement attachée à son opinion» (Du Bellay, Deffence et illustration, éd. H. Chamard, p.57). Dér. sav. du lat. opinio «opinion», peut-être d'apr. acariâtre* (Bl.-W.1-5) ou par formation comparable à école/écolâtre (v. FEW t.7, p.374, note 2). Fréq. abs. littér.: 358. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 862, b) 460; xxes.: a) 303, b) 357. Bbg. Lewicka (H.). Dat. de mots. Kwart. neofilol. 1954, t.1, p.77. _Salvioni (C.). Opiniâtre. Z. fr. Spr. Lit. 1909, t.35, pp.147-148.

OPINIÂTRER, verbe trans.

OPINIÂTRER, verbe trans.
A. − Emploi trans., littér. Buter, rendre opiniâtre une personne ou la manifestation d'une personnalité. Évidemment, tout l'art de vieillir est de quitter, quand l'heure est venue, les désirs et les passions qui nous quittent (...); de ne point opiniâtrer son imagination en arrière (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t.13, 1857, p.206).
B. − Emploi pronom.
1. S'obstiner fortement, se buter. Un entendement doux est patient; il cherche à comprendre avec lenteur, se prête à se laisser convaincre, évite de s'opiniâtrer, aime mieux s'éclairer que dominer (Joubert,Pensées, t.1, 1824, p.247).Vous ne verrez personne du dedans ni du dehors; vous ne pourrez correspondre avec personne, qu'avec celles qui viendront voir si toujours vous vous opiniâtrez (Montherl.,Port-Royal,1954, p.1042).Le mal était fait; à me heurter de front on risquait de l'aggraver: je m'opiniâtrerais peut-être (Sartre,Mots,1964, p.128).
S'opiniâtrer à + inf.S'entêter à faire quelque chose. On ne détruit point la vérité en s'opiniâtrant à la méconnaître (Lamennais,Indifférence, t.1, 1817-23, p.45).Ah! s'écria Madame Gérard avec une sorte de colère, mais voilà justement le non-sens! Elle s'opiniâtre à grandir une insignifiante amourette (Duranty,Malh. H. Gérard,1860, p.212).Très malade, réduit à vivre en pensée, tout ce qu'il fait pour manifester son existence se ramenant forcément à des façons de parler; et comme il s'opiniâtre à vivre, paraît très inspiré (J. Bousquet, Trad. du sil.,1935, p.21).
S'opiniâtrer contre (qqn ou qqc.).Lutter farouchement contre quelqu'un ou quelque chose. Il s'opiniâtrait contre son garde des sceaux; il disputait pied à pied le terrain de la guillotine aux procureurs généraux (Hugo,Misér., t.2, 1862, p.21).Ce que c'était [le courage], il n'aurait su le dire: un éveil, un manque entier de paresse, le goût de faire et de s'opiniâtrer contre le mal (Pourrat,Gaspard,1931, p.168).
S'opiniâtrer sur (qqc.).S'acharner sur quelque chose. C'est le Boissy de l'académie, disait l'autre jour M. de Noailles, en sortant d'une de ces séances particulières où Vigny, s'opiniâtrant sur une question incidente, sur une vétille, avait scié son monde (Sainte-Beuve,Pensées,1868, p.138).
2. P. anal. [Le suj. est un inanimé] Agir avec persistance. Les coups de mer avaient continué. La vague s'opiniâtre toujours sur l'obstacle. La première claire-voie entamée commençait à se désarticuler (Hugo,Travaill. mer,1866, p.359).
Prononc. et Orth.: [ɔpinjɑtʀ ̭e], (il s')opiniâtre [ɔpinjɑ:tʀ ̭]. Ac. 1694 et 1718: -astrer; dep. 1740: -âtrer. Étymol. et Hist. 1538 (R. Estienne, Dict. Latinogallicum, 492a d'apr. H. Vaganay ds Rom. Forsch. t.32, p.116: S'obstiner et tenir ferme, s'opiniastrer); 1594 trans. «rendre (quelqu'un) opiniâtre» (Dialog. entre le maheustre et le manant, fo4 vods Gdf. Compl.). Dér. de opiniâtre*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 27.

opiniâtre

opiniâtre .« Qui est attaché d'une manière tenace à son opinion »

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·