NOVATEUR, -TRICE, subst. et adj.

NOVATEUR, -TRICE, subst. et adj.
I. − Subst. Celui, celle qui introduit ou tente d'introduire des idées, des procédés nouveaux dans un certain domaine. Synon. innovateur; anton. conservateur, réactionnaire.Faire oeuvre de novateur; hardi, prodigieux novateur; novateur en agriculture. Les novateurs opposent aux conservateurs des misères évidentes, auxquelles il faut absolument un remède, et les conservateurs n'ont pas de peine à démontrer aux novateurs qu'avec leur système il n'y aurait plus de société (Renan,Avenir sc., 1890, p.368).Le véritable novateur [en art] est celui qui, chargé de tout le poids des traditions, trouve encore assez de force pour aller de l'avant (Hourticq,Hist. Art, Fr., 1914, p.441):
1. Si Baudelaire et les Goncourt ont été, de tous les novateurs, les plus constamment haïs par la critique professionnelle, c'est en partie qu'ils sont non seulement les modernes, mais des théoriciens du modernisme. Thibaudet,Réflex. litt., 1936, p.104.
Vieilli. [Avec connotation péj., partic. en matière relig.] [Condren] a tenu Saint-Cyran pour un novateur assez redoutable. Cependant, chose étonnante (...), ainsi éclairé, ainsi disposé, Condren ne fait rien pour empêcher Saint-Cyran de nuire (Bremond,Hist. sent. relig., t.3, 1921, p.327).Le Parlement [sous Mazarin] se plaignait que le gouvernement ne poursuivît pas les novateurs religieux, −il les appelait déjà les hérétiques, −qui commençaient à paraître en France (Bainville,Hist. Fr., t.1, 1924, p.149):
2. Les modernes théoriciens de la poésie pure, Edgar Poe, Baudelaire, Mallarmé, M. Paul Valéry ne sont pas les dangereux novateurs que parfois l'on semble croire. Nous pouvons, certes, les soupçonner d'hérésie sur quelques points de détail (...); mais pour le fond de la doctrine, ils continuent une tradition assez vénérable. Bremond,Poés. pure, 1926, p.15.
II. − Adj. Qui innove.
A. − [En parlant d'une pers. et p. méton. d'un attribut, d'une manifestation de la pers.] Synon. créateur, innovateur; anton. rétrograde, imitateur.Génie novateur; pensée novatrice; musique, peinture novatrice. [Descartes] juge, tout novateur qu'il est, qu'il lui faut épouser l'attitude, traditionnelle en métaphysique, d'un doute universel (Valéry,Variété V, 1944, p.234).Tout le bel esprit novateur qu'il avait rapporté d'Amérique était déjà tombé. Il n'était plus question de système Taylor (Druon,Gdes fam., t.2, 1948, p.35):
3. ... Zola disait à Daudet: «Moi, au fond, je ne suis qu'un assimilateur...» Oui, un assimilateur très puissant, mais pas novateur, pas inventeur, pas créateur pour un sou. De ce que mon frère et moi avons trouvé de neuf en littérature, il a été pour ainsi dire le journaliste trompettant et trompetté. Goncourt,Journal, 1880, p.64.
B. − [En parlant d'une chose] Peut-être faut-il aller jusqu'à imaginer, dans le passé, des mutations d'un autre style que les mutations actuelles: mutations plus constructives, plus novatrices, qui auraient impliqué la formation de gènes nouveaux (J. Rostand,La Vie et ses probl., 1939, p.184).
Prononc. et Orth.: [nɔvatoe:ʀ], fém. [-tʀis]. Att. ds Ac. dep. 1694 (1694-1835, au masc.). Étymol. et Hist. 1578 subst. (Cl. Despence, Apophtegmes ecclésiastiques, III, 3, p.115); 1789 adj. (Bachaumont, Mém. secrets, t.36, p.161). Empr. au lat. novator «celui qui renouvelle» formé sur le supin novatum de novare, v. nover. Fréq. abs. littér.: 162. Bbg. Quem. DDL t.11.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·