1. Attitude philosophique ou religieuse fondée davantage sur le sentiment et l'intuition que sur la connaissance rationnelle, et qui a pour objet l'union intime et directe entre l'homme et la divinité. Mysticisme arabe, chrétien, hindou, platonicien. Contemplatif, ascétique, symbolique, tel fut toujours le mysticisme (Ozanam,Philos. Dante,1838, p.240).Il y avait eu alors dans l'Église deux courants: celui du mysticisme dit exalté, originaire de sainte Térèse, de saint Jean de la Croix (...). Et un autre, celui du mysticisme dit tempéré, dont les adeptes furent saint François de Sales et son amie, la célèbre baronne de Chantal (Huysmans,En route,t. 2, 1895, p.239).Le mysticisme (...) est la modalité volontariste et passionnelle du cheminement de l'homme religieux vers la Transcendance (G. Vallin,Voie de gnose et voie d'amour,Sisteron, éd. Présence, 1980, p.91):1. ... le mysticisme ne dit rien, absolument rien, à celui qui n'en a pas éprouvé quelque chose. Tout le monde pourra donc comprendre que le mysticisme vienne de loin en loin s'insérer, original et ineffable, dans une religion préexistante...
Bergson,Deux sources,1932, p.251.
− P. anal. et souvent péj. Sentimentalisme religieux très marqué, voire exacerbé. Mysticisme puéril, romantique; mysticisme de couvent. C'était une femme d'un caractère héroïque et que son extrême piété tournait au mysticisme religieux le plus tendre et le plus exalté (Lamart.,Confid.,1849, p.311).Le père de Riancourt, son ancien aumônier du Sacré-Coeur, ne l'avait-il pas mis en garde, jadis, contre un mysticisme enfantin, une piété trop tendre (Bernanos,Joie,1929, p.570).Après la mort du petit, elle qui nous avait tant aimées, semblait avoir oublié notre existence, et commençait à s'adonner au mysticisme (Triolet,Prem. accroc,1945, p.306).
2. Manière de comprendre et de réaliser l'expérience mystique. Tous, ou la plupart, ont été d'ardens dogmatiques (...) qui se sont réfugiés, les uns dans le mysticisme orthodoxe de la foi ancienne et de l'Église, la plupart dans un mysticisme hétérodoxe, arbitraire et chimérique (Cousin,Hist. philos. XVIIIes.,1, 1829, p.23).− En partic. Mysticisme philosophique. Le mysticisme philosophique est une doctrine qui, constatant l'impuissance de la raison humaine à résoudre les problèmes métaphysiques fondamentaux, s'adresse pour y suppléer à une connaissance intuitive spéciale. Les Orientaux (Bouddhistes) pensent que c'est le seul moyen de se libérer du monde sensible. Tous se proposent d'atteindre une sorte de fusion avec le monde divin au cours de l'extase (Porot1960).