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MÉTAMORPHOSE, subst. fém.

MÉTAMORPHOSE, subst. fém.
A. − Changement de forme, de nature ou de structure si importante que l'être ou la chose qui en est l'objet n'est plus reconnaissable.
1. [À propos de la métamorphose d'un animé en un autre animé ou en inanimé, et réciproquement] Les métamorphoses de Jupiter, des dieux de la mythologie gréco-romaine; les métamorphoses de Vichnou. La vigne, qu'il nous présente comme le résultat de la métamorphose d'un jeune enfant aimé de Bacchus (Dupuis,Orig. cultes,1796, p. 182).Ovide (...) a mis des divinités partout dans ses Métamorphoses; les dieux y sont pêle-mêle avec les animaux. Ses métamorphoses sont des métempsycoses: le corps d'une pie renferme l'ame d'une princesse (Bern. de St-P.,Harm. nat.,1814, p. 124):
1. Les époques favorables à l'immutabilité de la substance se sont amusées avec ces piquantes métamorphoses, avec ces prodiges plaisants et saugrenus − une nymphe changée en fontaine, (...) un Dieu en nuage d'or − Jankél.,Je-ne-sais-quoi,1957, p. 30.
2. [À propos de la transformation de qqc. en qqc.] Métamorphose de la matière, des métaux en or, des plantes. Son premier miracle, la métamorphose de l'eau en vin (Gide,Nouv. Nourr.,1935, p. 269).Le jais est dû à une lente métamorphose d'un conifère préhistorique (Metta,Pierres préc.,1960, p. 124):
2. Ô mois des floraisons mois des métamorphoses Mai qui fut sans nuage et juin poignardé Je n'oublierai jamais les lilas ni les roses Ni ceux que le printemps dans ses plis a gardés... Aragon,Crève-coeur,1941, p. 45.
P. anal. Modification continue et progressive d'une forme, d'une lumière. Étendu sur le dos, je regardais au firmament les métamorphoses d'un nuage (Toepffer,Nouv. genev.,1839, p. 10).Le ciel s'éclaircissait vers l'Est par métamorphoses insensibles (Genevoix,Raboliot,1925, p. 261).
3. ZOOL. ,,Ensemble des modifications morphologiques et structurales subies par certains organismes (la grenouille, le papillon, etc.) au cours de leur développement post-embryonnaire`` (Méd. Biol. t. 2 1971). Métamorphose des Amphibiens, des insectes, des tétards; métamorphose des abeilles, d'une chenille en papillon. Animaux ovipares, subissant des métamorphoses, pouvant avoir des ailes, et ayant, dans l'état parfait, six pattes articulées, deux antennes, deux yeux à réseau, et la peau cornée (Lamarck,Philos. zool., t. 1, 1809, p.297).Les métamorphoses de la larve en nymphe et en insecte parfait (Bergson,Évol. créatr.,1907, p. 140).La métamorphose, caractérisée par l'atrophie de la queue et par la pousse des pattes, dépend de l'action des hormones (J. Rostand,La Vie et ses probl.,1939, p.47):
3. L'admirable secret est surtout dans les plus petits, les plus petits d'organisation, les moins organiques, qui sont les invertébrés. J'étais saisi de cette idée en voyant, ce matin, voltiger d'innombrables papillons sur le champ d'en face. Ces petits, dans leurs sept métamorphoses, contiennent les temps primitifs et racontent l'ancien monde. Michelet,Journal,1855, p. 292.
P. métaph. Je savais que de la chrysalide de ce crépuscule se préparait à sortir, par une radieuse métamorphose, la lumière éclatante du restaurant de Rivebelle (Proust,J. filles en fleurs,1918, p. 806).
Métamorphose complète ou parfaite. Les insectes ont des métamorphoses complètes lorsque de l'oeuf sort une larve qui ne ressemble en rien à l'adulte (ex.: Chenille) (Brumpt,Parasitol.,1910, p. 547).Métamorphose incomplète ou demi-métamorphose. Processus non complet de la métamorphose. Insectes à demi-métamorphose. Les hémiptères (...) ne subissent qu'une demi-métamorphose, c'est-à-dire que les larves ne diffèrent des insectes parfaits que par les ailes dont elles manquent (Cuvier,Anat. comp., t. 1, 1805, p. 84).
B. − P. anal. et au fig.
1. Changement important dans l'apparence extérieure de quelqu'un ou de quelque chose.
a) Modification si importante dans l'apparence d'une personne qu'elle ne peut être reconnue. La, les métamorphose(s) d'un acteur, d'un comédien. V. lunette* ex. de Aymé.
b) P. exagér. Transformation de quelque chose (v. métamorphoser B 1 b). Rachel (...) manifesta un puissant esprit d'innovation et de métamorphose. Le nombre des vaches s'accrut dans l'étable agrandie (Vogüé,Morts,1899, p. 28).
2. Transformation lente, progressive et profonde d'une personne ou d'un groupe de personnes.
a) [À propos de la métamorphose du caractère, de l'esprit, de l'âme, etc. d'une pers.] Métamorphose affective, mentale, morale; les métamorphoses du coeur, de la conscience, de l'intelligence; les affres de la métamorphose; être en continuelle métamorphose. Il s'est opéré en moi une lente et salutaire métamorphose: la raison est entrée dans mon esprit (Murger,Scènes vie boh., 1851, p. 287).Quelles mystérieuses métamorphoses de l'âme traverse un être humain qui s'éprend d'un autre? (Bourget,Irrépar.,1884, p. 104).L'être devient un autre être pour peu qu'il y mette le temps (...). Modification et métamorphose, transformation et même transfiguration (Jankél.,Je-ne-sais-quoi,1957, p. 31).Le voyage dans son labyrinthe infernal (...) est un lieu de passage (...) il faut en émerger; on ne reste pas durablement et avec profit dans des eaux boueuses, en sortir est la condition même de la métamorphose (M.-M. Davy,L'Homme intérieur et ses métamorphoses, Paris, Épi, 1978, p. 98):
4. Peut-être le grand chagrin qui suit, chez une fille telle qu'était maman, la mort de sa mère, ne fait-il que briser plus tôt la chrysalide, hâter la métamorphose et l'apparition d'un être qu'on porte en soi et qui, sans cette crise qui fait brûler les étapes et sauter d'un seul coup des périodes, ne fût survenu que plus lentement. Proust,Sodome,1922, p. 769.
b) [À propos de la métamorphose de la société] Métamorphose sociale. Cette époque qui sépare l'Europe primitive et l'Europe moderne, et dans laquelle s'est accomplie la métamorphose de la société européenne (Guizot,Hist. civilisation, Leçon no10, 1828, p. 5).
Prononc. et Orth.: [metamɔ ʀfo:z]. Ac. 1694, 1718 metamorphose, dep. 1740 mé- Étymol. et Hist. 1. Ca 1365 métamorphose [trad. fr. du titre des poèmes mythologiques du poète lat. Ovide] (Oresme, Traité de la monnoie, éd. L. Wolowski, p. 9); 1493 [date d'éd.] «changement d'une forme en une autre, opéré suivant les païens par les dieux» (Mansion, Bible des poet. de metam. fo184 rods Gdf. Compl.); 2. 1668 «changement extraordinaire dans la fortune, dans le caractère d'une personne» (Molière, Amphitryon, I, 2); 1672 (Corneille, Pulchérie, IV, 4); 3. a) 1694 «transformation qu'éprouvent les substances par les causes naturelles» (Ac.); b) 1736 zool. (Réaumur, Mém. pour servir à l'hist. des insectes, t. 2, Mém., 1, p. 11 et 44); c) 1874 bot. (Lar. 19e). Empr. au lat. metamorphosis «changement de forme», du gr. μ ε τ α μ ο ́ ρ φ ω σ ι ς, dér. de μ ε τ α μ ο ρ φ ο υ ̃ ν «transformer», lui-même formé de μ ε τ α ́ (méta-*) et de μ ο ρ φ η ́ «forme». Cf. xives. [date du ms.] ce livre de Ovide dit Metamorphoseos (L'Ovide Moralisé, ms. Paris Arsenal 5069, fo245vo). Fréq. abs. littér.: 705. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1071, b) 976; xxes.: a) 798, b) 1080. Bbg. Vardar Soc. pol. 1973 [1970], p. 266.

MÉTAMORPHOSER, verbe trans.

MÉTAMORPHOSER, verbe trans.
A. − Faire passer un être de sa forme naturelle ou actuelle à une autre forme par l'effet de la métamorphose.
1. [Le suj. désigne un dieu, une déesse de la mythol. gréco-romaine, un personnage mythique ou imaginaire de la légende, des contes, etc.] Latone métamorphosa des paysans en grenouilles. Narcisse fut métamorphosé en la fleur qui porte son nom (Ac.).Les sept soeurs moqueuses de Schoenberg furent métamorphosées en rochers (Hugo,Rhin,1842p. 117).Ce lieu est fort; on n'y est pas impunément. Quelques-uns y perdent l'esprit; tels y furent métamorphosés et se virent pousser les oreilles qui vinrent à Bottom, dans la forêt de Windsor (Michelet,Insecte,1857, p. xxvi).
P. métaph. C'est une conviction chevillée au coeur des hommes (...) qu'à force de désirer quelque chose vertigineusement, cette chose sera: soit que notre malheur présent nous donne des droits sur le bonheur, (...) soit même que nos voeux aient la force de métamorphoser ce monstre en princesse (Jankél.,Je-ne-sais-quoi,1957, p. 143).
2. Emploi pronom.
a) Se métamorphoser (en arbre). Jupiter se métamorphosa en cygne (Ac.).Les délicieuses créatures qui s'étaient amusées à se métamorphoser en légumes (Proust,Swann,1913, p. 121).
P. anal. [Le suj. désigne un paysage] À peine est-elle rassurée par cette présence humaine que le paysage se métamorphose et se revêt de splendeur, comme dans les rêves (Béguin,Âme romant.,1939, p. 232).
b) ZOOL. [Le suj. désigne certains organismes au cours de leur développement post-embryonnaire] Subir des modifications morphologiques et structurales. Une chenille qui s'est métamorphosée en papillon (Ac). Un grand nombre de cellules (...) où les petits têtards croissent et se métamorphosent (Cuvier,Anat. comp., t. 5, 1805, p. 163).Des larves qui, par la suite, se métamorphosoient en mouches (Lamarck,Philos. zool., t.2, 1809, p. 64).
B. − P. anal. et au fig. Changer complètement un être ou une chose, en modifier profondément l'aspect, le caractère ou la nature.
1. Qqn métamorphose qqn ou qqc.
a) Qqn métamorphose qqn
Avoir une telle influence sur quelqu'un que son caractère, sa personnalité s'en trouvent modifiés. J'ai métamorphosé Louis, il est devenu charmant. Sûr de me plaire, il déploie son esprit et révèle des qualités nouvelles (Balzac,Mém. jeunes mariées,1842, p. 219).
Emploi pronom. Changer de telle manière que le comportement, la personnalité se trouvent visiblement modifiés. En deux ans, elle se métamorphosa. En 1811, la paysanne fut une assez gentille, une assez adroite et intelligente première demoiselle (Balzac,Cous. Bette, 1847, p. 28).Après une vie débauchée et violente, souvent même au plus fort de ses vices, l'homme se métamorphose tout d'un coup (Taine,Philos. art, t. 1, 1865, p. 190):
1. Cette femme si aimante, si nonchalante tout à l'heure venait de se métamorphoser tout à coup. Le sang demi-sauvage qui coulait dans ses veines s'était allumé soudain. Elle vint sur Don José, le poignard levé, le regard en feu... Ponson du Terr.,Rocambole, t. 4, 1859, p. 178.
Se métamorphoser en.Moi, si doux et si paisible, j'avais à peine entendu la ritournelle, que je me métamorphosai en héros, je devins un vrai lion (Murger,Scènes vie jeun.,1851, p. 140).Je m'étais définitivement métamorphosée en enfant sage (Beauvoir,Mém. j. fille,1958, p. 34).
Qqn (ou qqc.) métamorphose qqc. (ou qqn).[La cause de la métamorphose a sa source dans l'imaginaire, le rêve, la poésie] La poésie métamorphose le monde. L'artiste métamorphose tout en or (Cocteau,Potomak,1919, p. 22).Tous les poètes d'Orient et d'Occident ont métamorphosé le corps de la femme en fleurs, en fruits, en oiseaux (Beauvoir,Deux. sexe, t. 1, 1949, p. 254):
2. L'âme humaine est une fée, elle métamorphose une paille en diamants; sous sa baguette, les palais enchantés éclosent comme les fleurs des champs sous les chaudes inspirations du soleil... Balzac,Peau chagr.,1831, p. 141.
b) Qqn métamorphose qqc. (p. exagér.).Apporter des modifications qui transforment l'aspect de quelque chose. Métamorphoser un jardin. En deux ans et demi, Harry Grant et ses matelots métamorphosèrent leur îlot. Plusieurs acres de terre, cultivés avec soin, produisaient des légumes d'une excellente qualité (Verne,Enf. cap. Grant, t. 3, 1868, p. 237).En quelques mois, sous la conduite d'un architecte entreprenant, la maison paternelle avait été métamorphosée (Martin du G.,Thib., Été 14, 1936, p. 120).
2. Qqc. métamorphose qqn ou qqc.Transformer quelqu'un ou quelque chose.
a) Qqc. métamorphose qqn
[La cause de la métamorphose est extérieure] Cette coiffure le métamorphose (Gide,Feuilles de route,1896, p. 74).
3. Quand il eut essayé ses habits du soir, il remit sa nouvelle toilette du matin qui le métamorphosait complètement. − Je vaux bien Monsieur de Trailles, se dit-il. Enfin j'ai l'air d'un gentilhomme! Balzac,Goriot,1835, p. 133.
[La cause de la métamorphose est d'ordre affectif] Maintenant, je ne suis plus le même qu'autrefois. Le bain de jouvence de ton amour m'a métamorphosé. Dans moi, hors moi, tout est changé (...). Je renais à la lumière du jour, pur comme un enfant; je salue la vie comme une bonne chose que j'ai longtemps maudite, dédaignée (Murger,Scènes vie jeun.,1851, p. 61).
b) Qqc. métamorphose qqc.Le jardin, métamorphosé par les phares, était féerique et théâtral (Martin du G.,Thib., Belle sais., 1923, p. 923):
4. Sur la paroi éclairée ruisselait en cascade de feu une lumière aveuglante comme celle qui émane des métaux en fusion. Chaque plan de roche, métamorphosé en miroir ardent, la renvoyait plus brûlante encore. Gautier,Rom. momie,1858, p. 160.
P. ext. Tourner (en). La plus affreuse tyrannie est celle qui impose silence à la patrie, pour métamorphoser en crimes de simples opinions (Marat,Pamphlets, Dénonc. Malouet, 1790, p. 214).
Emploi pronom. Se métamorphoser en.Les monastères s'étaient métamorphosés en des usines d'apothicaires et de liquoristes (Huysmans,À rebours,1884, p. 286).
REM. 1.
Métamorphosable, adj.Susceptible d'être métamorphosé. a) [Le suj. désigne qqc.] Est-ce bien la langue française, la grande langue humaine? La voilà prête à entrer en scène et à donner au crime la réplique, (...) béquille métamorphosable en massue (Hugo,Misér., t. 2, 1862, p. 193).b) [Le suj. désigne qqn] Je suis (...) une nature de Protée, essentiellement métamorphosable, polarisable et virtuelle, qui aime la forme et n'en prend aucune définitive, esprit subtil et fugace (Bourget,Nouv. Essais psychol.,1885, p. 273).
2.
Métamorphoseur, adj.,hapax. Qui métamorphose, qui transforme. Hier c'était le divorce dont nous parlions, le divorce, ce tueur du mariage catholique, ce radical métamorphoseur de la vieille société (Goncourt,Journal,1887, p. 710).
Prononc. et Orth.: [metamɔ ʀfoze]. Ac. 1694, 1718 metamorphoser, dep. 1740 mé-. Étymol. et Hist. 1. Verbe trans. a) 1571 «faire passer un être de sa forme naturelle à une autre par l'effet de la métamorphose» (Ant. Mizauld, Secrets de la lune, Epistre nuncupatoire ds Delb. Notes mss); b) 1690 «changer l'extérieur ou le caractère d'une personne» (Fur.); 2. verbe pronom. 1671 «changer d'apparence, d'extérieur» (La Fontaine, Contes et Nouvelles, Troisième partie, La Mandragore, 213 ds Œuvres, éd. Ad. Regnier, t. 5, p. 47). Dér. de métamorphose*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 263. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 403, b) 523; xxes.: a) 289, b) 318.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·