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[Le déterm. désigne la nature, la forme ou l'origine de la maladresse] Maladresse fébrile, foncière; maladresse de femme, d'initiateur, d'isolé, d'ivrogne, de noyé. Elle s'était assise, elle (...) tenait [sa fille] sur les genoux, avec une maladresse de gamine jouant à la poupée (Zola, Joie de vivre, 1884, p.1117).Il y avait, dans ses gestes, une maladresse volubile et tremblante, comme dans son babil (Duhamel, Confess. min., 1920, p.140).Je vous avouerai bientôt à quel point je dissimule une maladresse native sous un faux air désinvolte (Cocteau, Poés. crit. II, 1960, p.140).V.
amusement ex. 3:
3. ... ils auront reconnu toute la fougue, toute la tremblante maladresse de l'adolescence, dans ces visages émus, ces voix troublées, et ces attitudes si naturellement nobles, confiantes et royales, de la seule royauté qui vaille, la royauté de la jeunesse.
Brasillach, Corneille, 1938, p. 435.
β) [Le déterm. est un compl. prép.] ♦ Maladresse à + subst.Un bon chrétien (...) doit manquer d'un certain attachement profond à la vie (...). D'où sans doute (...) une certaine incertitude, inexactitude et maladresse à la vie (Péguy,
Œuvres en prose, Toujours de la grippe, Paris, Gallimard, 1900, p. 191).Pas un instant je ne déplorai ma maladresse au jeu, ni la coupe rudimentaire de ma robe de pongé rose (Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 148).
♦ Maladresse à + inf.Maladresse à articuler, à s'expliquer. Quenu riait de sa maladresse à faire les omelettes (Zola, Ventre Paris, 1873, p. 641).Aimons donc sa maladresse à feindre, qui mieux que tout, c'est vrai, nous montre qu'elle est «nature» (Montherl., Pte Inf. Castille, 1929, p. 661).
♦ Maladresse dans/en + subst.Maladresse dans la discussion, dans la lutte, dans les choses du coeur. Les faux pas et la maladresse en affaires (Cocteau, Appogiatures, 1953, p. 64).
♦ Maladresse de + subst.Maladresse d'accent, d'écriture, de gestes, de langue, de paroles, de style. La Loi qui récompense les travailleurs, de M. Villeclère, est d'une insigne maladresse de procédé (Péladan, Décad. esthét., Salon de 1883, 1888, p. 75).
♦ Maladresse de + inf.Ils gardent toujours quelque infériorisation, depuis le charme d'une timidité un peu gauche jusqu'à une maladresse de vivre foncière à travers le succès même (Mounier, Traité caract.,1946, p. 94).
− [Le déterm. désigne la pers. maladroite ou la partie du corps concernée] Maladresse des mains. Rien n'est au-dessous des pièces modernes (...) si ce n'est la maladresse des acteurs qui les jouent, et la stupide patience du public qui les écoute (Jouy,Hermite, t. 1,1811, p. 278)Il dessinait comme un barbare, (...) se fâchant contre la maladresse de ses doigts et la désobéissance de son outil (Baudel., Curios. esthét., 1863, p. 329).D'où vient alors cette légende de la maladresse, de la gaucherie du peintre aixois [Cézanne]? (Lhote, Peint. d'abord, 1942, p. 131).V. adresse ex. 6, maladroit A 1 a ex. de Karr et Dumas père.
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[Le déterm. désigne une manifestation de l'activité hum., du comportement] Maladresse de la marche, d'une étreinte; maladresse d'une combinaison, d'un jugement, d'un propos, d'une proposition; maladresse de l'expression, du langage, des mots; maladresse d'un jeu de scène. Sa robe à volants soulevée par une puissante crinoline faisait ressortir la gaucherie de sa personne et la maladresse de ses mouvements (About, Roi mont., 1857, p. 35).Grivet se faisait (...) remarquer par la maladresse de ses offres (Zola, Th. Raquin, 1867, p. 176):5. Elle produisait chez lui une brusque augmentation de la vie, qui se traduisait par la vivacité, la maladresse des gestes, un air à la fois caressant et rude, je ne sais quoi d'incontrôlé, tel un homme qui est réveillé en sursaut.
Chardonne, Femmes,1961, p. 24.