1. P. anal. a) Bordure, partie extrême d'un terrain, d'une région, d'un élément du paysage, en partic., d'une forêt (synon. orée); limite, frontière. À huit heures et demie du matin, la petite troupe suivait la lisière du canal (Verne, Île myst.,1874, p. 127).Je fus chargé, à mon vif plaisir, de suivre la lisière est du bois, pour le cas où les écoliers fugitifs chercheraient à s'échapper de ce côté (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 184):3. On approchait du village. On contournait le bois. A la corne du bois, soudain une forme de femme surgit à contre-jour. Le jeu des rayons la délimitait de lumière. Elle se dressait debout à la lisière des arbres, qui formaient un fond de hachures violâtres...
Barbusse, Feu,1916, p. 65.
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À la lisière de, sur la lisière de. Je restai fort tard à rôder sur la lisière du jardin et dans les terres avoisinantes, espérant toujours voir sortir quelqu'un de la maison fermée (Alain-Fournier, Meaulnes,1913p. 296).Hier soir, gagnant seul le bord de la mer, j'au vu la plage, à la lisière des vagues, couverte des épaves d'un extraordinaire petit animal (Gide, Journal,1941, p. 75):4. On se trouvait là dans l'ancien Dunois, devenu aujourd'hui l'arrondissement de Châteaudun, entre le Perche et la Beauce, et à la lisière même de celle-ci, à cet endroit où les terres moins fertiles lui font donner le nom de Beauce pouilleuse.
Zola, Terre,1887, p. 10.
− Loc. Former lisière. C'était sur le haut d'un talus, un étroit pertuis dans la haie qui formait lisière, et par lequel Alcide avait accoutumé de passer vers six heures (Gide, Immor.,1902, p. 447).
− Arbres de lisière. Arbres qui matérialisent parfois l'extrémité d'une parcelle cultivée, d'un bois (d'apr. Fén. 1970).
b) P. méton. Végétation qui pousse sur le bord d'un terrain, qui forme une bordure ou une bande étroite. Synon. bordure.À quelques pas de là s'étendoit une lisière de mimosa ou de sensitive (Chateaubr., Voy. Amér. et Italie, t. 1, 1827, p. 107).Une lisière de mousse bordait un chemin creux, ombragé par des frênes, dont les cimes légères tremblaient (Flaub., Bouvard, t. 1, 1880, p. 98).
c) Lisière de glaces. ,,Ligne séparant, à un moment donné, la mer libre de la banquise, fixe ou dérivante`` (Villen. 1974). Enfin, nous retrouvons une mer plus libre et nous suivons vers l'ouest la lisière de la banquise, tandis que la brume, de nouveau, nous cache notre découverte (Charcot, « Pourquoi-Pas? »1910, p. 343).
2. Au fig. et littér. Ce qui est à la limite (de quelque chose). Bien que sorti de l'oratoire, il [Du Guet] a gardé du moine. Il restera trente années durant sur la lisière du monde et de la solitude, ayant un pied dans l'un et un pied dans l'autre (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 404):5. Si l'on essayait de (...) mettre [les auditeurs] d'accord, on arriverait bientôt à ce que j'appellerais la lisière de l'inexprimable, car les explications qu'ils donneraient resteraient toujours en deçà de ce qu'ils entendent.
Green, Journal,1939, p. 231.
♦ À la lisière de. Au bord de. Germaine était aussi mal que possible, de nouveau à la lisière du désespoir (Du Bos, Journal,1927, p. 256).