1. [En parlant d'une grande fatigue générale ressentie à la suite d'efforts violents et parfois prolongés, à cause de surmenage, de maladie, ou de difficultés trop importantes à surmonter pour le sujet] Abattement, épuisement. Si je ne t'écris pas, mon vieux bon, n'en accuse que mon extrême lassitude. Il y a des jours où je n'ai plus la force physique de remuer une plume (Flaub., Corresp.,1861, p. 447).Dans tout mon corps, c'est une lassitude, un brisement immense (Rivière, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p. 336):1. Bien avant la catastrophe d'Evanston, j'avais constaté en moi d'évidents symptômes de déchéance physique : lassitude générale, insomnie, diminution de la faculté d'attention, de la mémoire, inappétence, irritabilité.
Bourget, Actes suivent,1926, p. 32.
SYNT. Lassitude accablante, extrême, infinie, insurmontable; affreuse, immense, profonde lassitude; être brisé, pris, rendu, vaincu de lassitude; ressentir une grande lassitude; mourir, tomber de lassitude.
♦ À la lassitude (loc. adv.). À la fatigue, à force de harceler. Il ne me restait plus d'elle [de ma script-girl de cinéma] (...) que quelques mots qu'elle m'avait pour ainsi dire, appris de force, à la lassitude (Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 120).
♦ Céder, succomber à la lassitude. Tomber dans le sommeil. Quand elle cédait à la lassitude, elle tombait comme une masse sur mon épaule; et là elle dormait un peu (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 148).
♦ Éprouver des lassitudes; avoir des lassitudes dans les jambes. Forcée de monter et de descendre sans cesse les étages, j'ai des lassitudes dans les jambes, que, le soir, je tombe comme une masse de plomb (Balzac, Cous. Pons,1847, p. 141).
− P. anal. Une baraque de planches, à la toiture ruineuse, reposait là avec un grand air de lassitude et d'effondrement (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 178).
2. Plus rare. Fatigue agréable, bien-être incitant au repos, au sommeil. Lassitude amoureuse; bonne, douce lassitude. Une délicieuse lassitude nous ayant envahis, nous nous endormîmes, aux bras l'un de l'autre (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Verrou, 1882, p. 818).À l'éloignement de Jean Péloueyre, elle avait dû d'abord un peu de cette lassitude heureuse des convalescentes (Mauriac, Baiser Lépreux,1922, p. 188):2. ... ma grand-mère (...) s'installait près de la fenêtre, dans sa bergère à oreillettes, chaussait ses besicles, soupirait de bonheur et de lassitude, baissait les paupières avec un fin sourire voluptueux que j'ai retrouvé depuis sur les lèvres de la Joconde...
Sartre, Mots,1964, p. 31.