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P. ext. Moquerie sarcastique qui utilise, le ton ou l'attitude aidant, cette figure de style. Dans l'ironie, l'homme anéantit (...) ce qu'il pose, il donne à croire pour n'être pas cru, il affirme pour nier, il nie pour affirmer, il crée un objet positif mais qui n'a d'autre être que son néant (Sartre, Être et Néant,1943, p. 85):1. Plus que les paroles, l'accent gouailleur achève de déconcerter Mouchette. Elle a peu l'habitude de l'ironie et lorsqu'elle arrive à saisir quelque chose de ce langage inconnu, le mouvement de son âme n'est pas de colère, mais d'effroi.
Bernanos, Mouchette,1937, p. 1323.
♦ Par ironie. Par antiphrase, par plaisanterie. Louis « le Pieux » fut encore surnommé par ironie le Débonnaire (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 40).
♦ Sans ironie. Sans plaisanter, sérieusement. Sans aucune ironie, sans ombre d'ironie. Il se dérobait poliment avec un air de chat échaudé, qui n'allait pas sans ironie (Aymé, Mais. basse,1934, p. 99).
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Point d'ironie (
). Signe de ponctuation proposé par Alcanter de Brahm pour indiquer au lecteur les passages, les phrases ironiques. Alcanter de Brahm imagina sur la fin du xixesiècle un signe [
] qu'il nomma point d'ironie (A. Doppagne, La Bonne ponctuation, Paris, Duculot, 1978, p. 57).SYNT. Ironie agressive, amère, amusée, atroce, brillante, cinglante, cruelle, féroce, méprisante, mordante; esprit, expression, mots, moue, nuance, pointe d'ironie.
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Au fig. Fait qui, par sa dérision, par sa contradiction, semble être une mauvaise plaisanterie. Je revois cette après-midi radieuse, − elles furent si nombreuses dans ce tragique été de 1914, quelle ironie! (Bourget, Sens mort,1915, p. 82).♦ Ironie du sort. Il était toutefois amusant de se dire que ces béotiens amorphes (...) étaient par une ironie du sort apparentés à Luc Pontdebois, l'écrivain si profond, si nuancé (Aymé, Travelingue,1941, p. 249).