a) Qui appartient à la vie physique la plus secrète, à l'anatomie généralement cachée de quelqu'un. Il se remémore infiniment et sans cesse les réalités de la superbe colonelle Nina. Il pense à ses réalités corporelles et intimes, (...) la blouse où font saillie deux pointes vigoureuses, au-dessus de la ceinture de gros cuir (Jouve, Scène capit.,1935, p. 76).♦ Parties intimes. Synon. parties sexuelles, sexes.Je nous voyais, attachés l'un à l'autre par les parties intimes, mais moi, (...) rejetant le buste et la tête, loin, vers l'air, vers la liberté, vers tout ce qui n'était pas elle (Montherl., Pte Inf. Castille,1929, p. 615).
− Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Elle s'aperçut peu à peu avec un immense étonnement que dans l'intime de son corps il y avait un consentement à la main de Le Loreur qui s'avançait autour de sa taille (Drieu La Roch., Rêv. bourg.,1939, p. 169).V. amant ex. 4.
− [En parlant d'un aspect du comportement, d'une œuvre] Qui a pour destination ou thème les parties généralement dissimulées du corps. Soins, toilette intime(s). L'ensorcellement des précieuses dentelles cachées dans la profondeur des toilettes intimes, et la troublante saveur du luxe secret, des dessous raffinés (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Mots amour, 1882, p. 605).Croquis trop intimes (...) la femme était montrée trop dans son déshabillé (Goncourt, Journal,1894, p. 516).MmeHaudouin ignorait tout de l'hygiène intime, et il fallait l'occasion d'un accouchement pour qu'elle consentît à porter le savon plus haut que la jarretière (Aymé, Jument,1933, p. 23).
b) Qui concerne la vie sentimentale ou sexuelle secrète de quelqu'un. Besoins, communion, liaison, lien(s) intime(s). Quant à son histoire intime, elle était ensevelie dans le plus profond silence (...). Quoique personne ne mît en doute que le commandant Genestas n'eût eu des bonnes fortunes en séjournant de ville en ville (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 4).On s'expliquerait le cœur à cœur, dans l'intime échange de deux vies qui se pénètrent et en échauffent d'autres à leur foyer (Blondel, Action,1893, p. 263).Il y a des messieurs célibataires dont on n'arrive pas du tout (...) à se représenter la vie la plus intime. On ne leur connaît pas de liaison (Romains, Hommes bonne vol.,1939, p. 214).♦
[En parlant d'un aspect du comportement] Qui dénote l'amour, le désir, des rapports privilégiés (entre deux êtres). Elle lui envoya un regard pour lui seul (...). Il faut être banquier épais (...) pour boire avec délices ces regards intimes des actrices (Champfl., Bourgeois Molinch.,1855, p. 179).Il faudrait s'arrêter quelquefois... sentir qu'on s'aime... le dire... dire une phrase vraiment intime qui contienne tout l'amour, qui donne tout le cœur (Chardonne, Épithal.,1921, p. 260).En partic. Qui se manifeste, s'exerce par un contact charnel étroit, par une union sexuelle. Contact, fonctions intime(s). Sans l'union intime des corps, l'union des âmes ne pourrait jamais être intime, parce que deux êtres qui s'aiment doivent vivre en quelque sorte en commun de pensées et d'actions (Hugo, Lettres fiancée,1821, p. 54).Après avoir pris deux ou trois baisers à la jeune fille, tâcher à lui rendre de plus intimes hommages (Toulet, Mar. Don Quichotte,1902, p. 103).Je n'ignorais point qu'ils [les enfants] sont le fruit naturel d'un rapport étroit entre deux sexes (...). Mais, ces rapports intimes, je les associais si bien à l'état conjugal, que je ne pensais pas qu'ils fussent admissibles en dehors du mariage (Gide, Geneviève,1936, p. 1370).♦ [En parlant d'un écrit, d'un document, d'une œuvre] Qui exprime, trahit la vie sentimentale ou sexuelle secrète de quelqu'un. Correspondance intime. Journal intime que j'ai écrit ici de toute notre vie et surtout de sa vie physique (l'intérieur et l'extérieur : idées, jouissances, fonctions...) (Michelet, Journal, 1857, p. 355). Hardi à fureter des papiers intimes ou à se servir de fausses clefs, pour voir le dedans d'un secrétaire (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 56).Elle a menacé de publier des lettres intimes qu'elle avait en sa possession... Oui, des lettres de Morny (Goncourt, Journal,1892, p. 196).