a) Qqn insulte qqn.Proférer des paroles, avoir un comportement (interprétables comme) portant atteinte à la dignité de quelqu'un. Il est allé l'insulter jusque chez lui (Ac.). Insulter une femme par des propos offensants (Ac.1935).Je l'entends encore insulter Picquart, le traiter de menteur, aux ricanements des chefs qui le couvraient de leurs bienveillants témoignages (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 119).Mon père les insulta dans sa colère : « Imbéciles! leur dit-il. Bétail châtré! (...) vous êtes la vermine des morts et jamais ne saisirez rien de la vie » (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 857):2. crockson, solennel : Vous êtes un idiot et je vous ai giflé. (Simplement.) Épée ou pistolet? rascasse : Je ne me battrai pas. crockson : Vous avez peur. rascasse, fou de rage : Comment? crockson, tremblant : Vous avez peur. rascasse : Je crois, monsieur, que vous venez de m'insulter. (Il le gifle longuement). Épée ou pistolet?
Achard, Voulez-vous jouer,1924, I, 3, p. 59.
− [Avec un compl. introd. par dans/en spécifiant ce à quoi on porte atteinte] Insulter qqn dans son honneur. Je l'insultai dans sa mère, et dans sa femme, et dans sa fille, et dans toute sa postérité (About, Roi mont.,1857, p. 234).
− [P. méton. du compl. dir.] Insulter l'honneur de qqn. Je ne veux pas être professeur comme lui [mon père] (...), j'insulte toute sa vie en déclarant que je veux retourner au métier comme nos grands parents! (Vallès, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 378).
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[Avec un compl. introd. par de spécifiant ce qui constitue une insulte] Vous qui fûtes la grâce ou qui fûtes la gloire, Nul ne vous reconnaît! un ivrogne incivil Vous insulte en passant d'un amour dérisoire (Baudel., Fl. du Mal,1859, p. 159).Et le petit Farou les insulta du regard (Colette, Seconde,1929, p. 28).♦ P. anal. [Le suj. désigne un animal] La vieillesse d'un écrivain, c'est sa propre statue à laquelle il ne peut plus rien ajouter et sur laquelle les nouvelles vagues de moineaux se posent, et ils l'insultent de leurs fientes (Mauriac, Nouv. Bloc-Notes,1961, p. 353).
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Emploi pronom. ♦ réciproque. C'est trop petit pour nous trois, Legrand, Vingtras et la Misère (...). Nous nous insultons du regard pour une porte ouverte, une fenêtre fermée (Vallès, J. Vingtras, Bachel., 1881, p. 390).Deux petits poisses (...) se mirent à s'insulter, au comptoir. Ou plutôt l'un insultait l'autre, qui ne disait rien, feignait de prendre cela à la blague (Montherl., Célibataires,1934, p. 846).
♦ réfl., rare. La plus jeune des La Mortagne ne quittait plus la villa de Florinde − cependant que sa mère, dévorée à d'autres feux, passait sa vie à s'insulter elle-même au pied des autels (Toulet, Demois. La Mortagne,1920, p. 167).
− Emploi abs. La rue crie, acclame, insulte, élève des barricades, fermente (Arnoux, Roi,1956, p. 325).
b) P. ext. Qqn insulte qqc.Avoir des propos ou un comportement (interprétables comme) marquant du dédain ou du mépris envers quelque chose. Le jeune homme avait un hautain sourire. Il insultait mentalement la foudre. Il la défiait (L. Daudet, Voy. Shakesp.,1896, p. 27):3. J'ai vu Pierre Loüys insulter cette prose intolérable, jeter, piétiner Le Rouge et le Noir, avec une étrange et peut-être juste fureur...
Valéry, Variété II,1929, p. 124.