1. [Correspond à A 1] Ingurgiter qqc. à qqn :1. Hier, savez-vous où je l'ai trouvé [votre fils]? (...) Au beau milieu de l'étang Robert! (...) je ne peux pourtant pas me mettre à la nage (...) pour lui ingurgiter son Cornelius nepos!
Labiche, Deux merles bl.,1858, I, 2, p. 122.
− S'ingurgiter qqc.Je viens de m'ingurgiter de suite les dix-sept chants de Silius Italicus, pour y découvrir quelques traits de mœurs (Flaub., Corresp.,1857, p. 179).Savez-vous combien, maintenant, je me suis ingurgité de volumes sur Carthage? environ 100! et je viens, en quinze jours, d'avaler les 18 tomes de la Bible de Cahen! avec les notes et en prenant des notes! (Flaub., Corresp.,1857p. 208).
2. [Correspond à A 2] Ingurgiter qqc.Que n'ai-je pas ingurgité durant ce semestre! Quand je passe mentalement en revue la liste de tous ces romanciers (...) avec lesquels j'ai fait pêle-mêle et si copieusement connaissance pendant mon séjour à Passy (Martin du G., Souv. autobiogr.,1955, p. xlvi):2. − Idées de Gavarni sur le spectacle : « Trouvez-moi quelque chose de plus cocasse que ces braves gens, qui tout de suite après s'être empiffrés, dans le travail de la digestion, vont se mettre dans un étouffoir, où suants et ne pouvant péter, les femmes bridées dans leur corset, ils ingurgitent des drames larmoyants, malsains et sentimentaux! » Ayant contre le drame les hoquets de l'émotion et de la digestion, etc.
Goncourt, Journal,1855, p. 169.
♦ Faire ingurgiter qqc. à qqn.Enfant ému du frisson poétique, Pauvre oiseau qui heurtais du crâne mes barreaux, On me livrait tout vif aux chiffres, noirs bourreaux; On me faisait de force ingurgiter l'algèbre (Hugo, Contempl., t. 1, 1856, p. 98).