A. − Changement d'intonation ou d'accent dans la voix, sur un mot, une phrase. − Bonjour, Madame. Il donna à ce dernier mot cette inflexion respectueuse et particulière aux domestiques parlant à leur maîtresse (Ponson du Terr., Rocambole, t. 2, 1859, p. 216).Son regard est pareil au regard des statues, Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a L'inflexion des voix chères qui se sont tues (Verlaine, Poèmes saturn.,1866, p. 64):4. ... pour le droitier comme pour le socialiste; les « Mon cher collègue » n'avaient jamais eu des inflexions aussi variées, aussi mielleuses sur les lèvres de Duputel, aussi rondes, aussi cordiales dans la bouche de Boutevierge.
Vogüé, Morts,1899, p. 343.
SYNT. Inflexion d'admiration, de dédain, de reproche; prendre une inflexion caressante, féroce, grave, mélodieuse, moqueuse, narquoise, tendre, traînante (de la voix); inflexions chaudes, méridionales (de la voix).
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MUS. Inflexions de contralto; inflexions mélodiques, rythmiques. La psalmodie, récitation collective de la prière sur une note unique (...), avec inflexion simultanée des voix au dernier accent de chaque phrase (D'Indy, Compos. mus., t. 1, 1897-1900, p. 29):5. L'exécution de tout ce récitatif doit être à la fois très libre et très précise : peu de passages ont été aussi minutieusement annotés par Beethoven; les moindres inflexions sont inscrites.
Rolland, Beethoven, t. 2, 1937, p. 454.
B. − LINGUISTIQUE 1. GRAMM., vx. ,,Terme employé autrefois pour désigner soit la flexion elle-même ou désinence, soit un élément du mot qu'on croyait pouvoir isoler dans certains cas entre racine et désinence : -ab- était dit inflexion de l'imparfait de l'indicatif de amo dans am-ab-am, am-ab-as, etc.`` (Mar. Lex. 1933, p. 101). L'hébreu, concis, énergique, presque sans inflexion dans ses verbes (Chateaubr., Génie, t. 1, 1803, p. 544):6. ... mots qui, par leur aptitude à recevoir des inflexions, des désinences et des modifications diverses, deviennent chacun la souche d'une famille de mots dont les différentes acceptions tiennent de près ou de loin à la valeur du mot radical.
Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 333.
2. PHONÉT. On appelle aujourd'hui inflexion vocalique (...) le changement de timbre d'une voyelle sous l'influence d'un phonème voisin, et plus particulièrement la métaphonie, qui joue un rôle considérable dans l'évolution du germanique : changement de timbre de u, a, o sous l'influence d'un i subséquent, qui se note aujourd'hui en allemand par un signe de tréma sur la voyelle : ü, ä, ö (Mar.Lex.1951, p. 8).