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ILLUSTRE, adj.

ILLUSTRE, adj.
A. − Dont le renom est très grand du fait de qualités, de mérites extraordinaires ou d'actions exceptionnelles qui s'y attachent. Synon. célèbre, fameux, renommé; anton. obscur, inconnu, humble.
1. Emploi épithète. Un auteur, une carrière, une race, un règne illustre. Porter un nom illustre; une illustre infortune (Ac. 1835-1935). D'illustres proscrits (Ac.1835, 1878).On croit voir une collection de morts obscurs autour d'un mort illustre (Staël, Corinne, t. 1, 1807, p. 232).On raconte que Condé, passant devant le Clos-Vougeot, salua de l'épée ce vignoble illustre (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 58) :
1. C'est là un procédé dont le plus illustre exemple reste La Cène de Léonard de Vinci : le point de fuite coïncide avec le sujet principal... Huyghe, Dialog. avec visible,1955, p. 215.
En partic. (Naissance, origine) illustre. Noble. Sacontala, princesse d'une naissance illustre, avoit été élevée par un hermite dans un bocage sacré (Chateaubr., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 341).Elle appuyait au bord du balcon sa main, dont la forme décelait une lignée illustre (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 313).
L'illustre Compagnie. L'Académie française. (Dict. xixeet xxes.).
P. plaisant. Un illustre inconnu.
Rem. Illustre est gén. antéposé à un subst. exprimant un état social et l'est toujours avec un nom propre. Est-ce pour cela que l'illustre Turgan m'avait surnommé « le major »? Il soutenait aussi que j'avais l'air militaire (Flaub., Corresp., 1853, p. 239). Quelques officiers conseillèrent à Mortier de s'embarquer seul (...). » − Non, répondit l'illustre maréchal, on ne se sépare pas d'aussi braves gens. On se sauve ou on périt avec eux » (Sand, Hist. vie, t. 2, 1855, p. 128). Après le meurtre de son frère par son mari, l'illustre épouse de Clotaire se rend à Noyon (France, Orme, 1897, p. 113).
2. Emploi attribut. Ce lieu est illustre; ce personnage restera illustre. On peut la considérer la guerre du côté noble, c'est-à-dire comme l'ont considérée les poètes célébrant les armées qui ont été particulièrement illustres (Sorel, Réflex. violence,1908, p. 247).Le plus grand poète haïtien avait dédié son meilleur poème, qui débutait par le vers devenu illustre : « L'allègre pipirit a sonné le réveil!... » (Giraudoux, Siegfried et Lim.,1922, p. 161) :
2. Il y a trois personnes, monsieur, que je voudrais voir à Genève, qui me semblent éminemment dignes de parler à la Suisse, à la France. Des trois, deux sont illustres et la troisième le sera. Michelet, Journal,1854, p. 748.
B. − Emploi subst., vieilli. Personnage illustre. C'est un des illustres de son temps (Ac. 1798-1878). Molière, La Rochefoucauld et La Fontaine (...) seront peut-être les seuls d'entre les illustres d'alors qui auraient eu l'esprit assez libre et le goût assez franc (...) pour oser accepter ces hardiesses de premier jet chez l'athlète chrétien (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 319).M. de Coantré était parmi eux, (...) pas beaucoup plus haut que les vilains et les criminels, pas beaucoup plus bas que les héros et les illustres (Montherl., Célibataires,1934, p. 906).
HIST. ,,Titre donné aux dignitaires du Bas-Empire, qui se retrouve à l'époque franque`` (Lep. 1948).
REM.
Illustrement, adv.De manière illustre. Tel que ton Père fut, sois fort et sois humain. Garde au fourreau l'épée illustrement trempée Et guerrier pacifique appuyé sur l'épée, Tear, regarde tourner le globe dans ta main (Heredia, Trophées,1893, p. 209).
Prononc. et Orth. : [il(l)ystʀ ̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Av. 1475 adj. (Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 7, p. 289 : le plus illustre et le plus fameux); av. 1660 subst. « personne qui excelle en quelque chose » (Scarron, Dern. œuvres, 1700, I, p. 59-60 ds Livet Molière); spéc. 1885 Galerie des Illustres, au Capitole de Toulouse (Roschach ds J. Chalande, Hist. monumentale de Toulouse, 2epart., p. 29). Empr. au lat.illustris « clair, éclairé, bien en lumière; éclatant, manifeste; brillant, en vue ». Fréq. abs. littér. : 2 453. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 5 097, b) 3 167; xxes. : a) 2 855, b) 2 667. Bbg. Jourjon (A.). Rem. lexicogr. R. Philol. fr. 1917/18, t. 30, p. 60. - Knapp-Tepperberg (E.-M.). Illustre... Rom. Jahrb. 1970, t. 21, pp. 116-138.

ILLUSTRER, verbe trans.

ILLUSTRER, verbe trans.
A. − Faire devenir illustre, contribuer à rendre illustre quelqu'un ou quelque chose. Les victoires ont illustré ce règne; cet auteur a illustré son pays par ses ouvrages (Ac.). Ce prince laissait une liberté illimitée aux écrivains qui ont illustré son règne (Delécluze, Journal,1828, p. 496).Les bourgeois me regarderont comme un homme fort et destiné à illustrer le barreau de Rouen (Flaub., Corresp.,1842, p. 92).L'Académie Française qu'illustrèrent à l'époque Loti et France plus que l'ensemble de leurs collègues (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 88).
Emploi pronom réfl. Se rendre illustre. Il s'est illustré par de grandes actions (Ac. 1835-1935). Aussitôt à son arrivée au trône, il [Frédéric] fut pris d'un ardent désir de s'illustrer aux yeux de l'Europe par quelque fait mémorable et utile à son pays (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 7, 1851-62, p. 469).Après de chaleureux compliments au sujet des troupes françaises qui s'illustraient à Bir-Hakeim, le premier ministre aborda la question de Madagascar (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 208) :
1. ... les autres (...) se mettaient avec les Grecs, le roi d'Arménie ou les seigneurs chrétiens de l'Archipel, pour s'illustrer par de beaux faits d'armes contre les Sarrasins. Barante, Hist. ducs Bourg., t. 2, 1821-24, p. 43.
[Avec un compl. indiquant le moyen] Et Picquart? Va-t-on permettre que le coup de Jarnac où s'illustra Zurlinden réussisse? (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 240).
B. −
1. Mettre en relation quelque chose (un thème, une opinion, un fait) avec quelque chose qu'on présente à la fois comme de nature différente et liée de manière pertinente mais non causale à ce thème, cette opinion, ce fait. Illustrer son propos d'un exemple. Dans l'attente qu'il se soit vivifié, puis-je illustrer ce thème par une seconde histoire? (Montherl., Olymp.,1924, p. 250).Le savant ne gagne rien, au contraire, à illustrer une formule par un modèle mécanique (Ruyer, Esq. philos. struct.,1930, p. 239) :
2. Barbey d'Aurevilly disait à Hérédia : (...) « Connaissez-vous La femme abandonnée, une nouvelle de quinze pages : tout Bourget sort de là. » Bourget dans ses romans a illustré des principes philosophiques. Barrès, Cahiers, t. 1, 1897, p. 157.
Emploi pronom. passif. Toutes les pensées révoltées, nous l'avons vu, s'illustrent dans une rhétorique ou un univers clos (Camus, Homme rév.,1951, p. 316).
2. Mettre en relation quelque chose avec quelque chose d'ordre sensitif qui en est présenté comme une réalisation (sous une autre forme). Les femmes ne purent s'empêcher de rire des minauderies par lesquelles Émile illustrait ses railleries (Balzac, Autre ét. femme,1842, p. 392).Même les épithètes chatoyantes, même les métaphores visionnaires servent à illustrer et à rendre palpable quelque vaste loi de l'esprit ou quelque vérité de l'histoire (Bourget, Essais psychol.,1883, p. 157).
3. En partic., usuel. Adjoindre une représentation graphique à quelque chose, représenter quelque chose sous forme d'une illustration (cf. ce mot C 2b). Illustrer de gravures un catalogue, de croquis un livre. Horace Vernet (...), Raffet (...) ont trouvé juste d'illustrer, en même temps que les chefs populaires, ce grand homme collectif qui est le régiment (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin,1876, p. 609).Le travail des cheminées à fumées blanches et des cheminées à fumées noires, illustrait l'espace de dessins imprévus (Hamp, Marée,1908, p. 29) :
3. Il y avait un petit Jones (...) auquel il racontait pendant les récréations des histoires de brigands, de cavernes, en les illustrant en même temps de rapides croquis au crayon. Maurois, Disraëli,1927, p. 18.
C. −
1. Être en relation avec quelque chose (thème, opinion, fait) qu'on présente à la fois de nature autre et lié de manière pertinente mais non causale à ce thème, cette opinion, ce fait. La défaite d'Annibal illustre la faute commise après Cannes (Ac.1935).Par exemple, telle de ces photographies « magnifiques » illustrera une loi de la perspective (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 838).MmeLovélan était en train d'expliquer que la conduite d'Epictète illustrait d'une manière vraiment sensible la morale stoïcienne (Aymé, Mais. basse,1934, p. 184).Ce drame français de l'inadaptation, l'impasse de la guerre d'Algérie l'illustre tragiquement (Mauriac, Nouv. Bloc-notes,1961, p. 365).
2. Se présenter comme une réalisation d'ordre sensitif de quelque chose. Sur ses lèvres un sourire sans malice illustrait le seul bonheur qu'un amour encore vif lui faisait éprouver (L. de Vilmorin, Julietta,1951, p. 9).
3. En partic., usuel. Être l'illustration de quelque chose, servir d'illustration à quelque chose. Peinture illustrant un plafond. Il (...) dessina des planches si parfaites qu'elles servent encore aujourd'hui à illustrer plus d'un traité d'apiculture (Maeterl., Vie abeilles,1901, p. 6).Des aquarelles de Paul-A. Robert, illustrent le recueil (Bachelard, Poét. espace,1957, p. 106).
Prononc. et Orth. : [il(l)ystʀe]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Av. 1475 illustrant « brillant, éclatant; illustre » (G. Chastellain, éd. Kervyn de Lettenhove, t. 8, p. 307); 2. 1508 « rendre illustre » (Maximien, Arrest du roy des Romains, Poés. fr. des xve-xvies., VI, 131 ds Gdf. Compl.). B. 1486 « éclairer », spéc. en parlant de Dieu, de la grâce, de la foi « éclairer de la lumière divine, donner une intelligence chrétienne des choses, inspirer » (La tres ample...Expos. de la reigle M. S. Ben., fol. 13a ds Gdf.), 1580 (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, II, XII, p. 427 : c'[nos imaginations et discours] est une masse informe... si la foy et la grace de Dieu n'y sont joinctes. La foy venant à teindre et illustrer les argumens de Sebon, elle les rend fermes et solides). C. 1509, « éclairer par des explications, expliquer » (Lemaire de Belges, Illustrations de Gaule, éd. J. Stecher, I, 2, p. 16 : La figure devant mise au Prologue [La ligne − généalogie − des roys de Tuscie], bien entendue, sert de beaucoup a... illustrer Gaule cf. Prologue : J. Le Maire... ha cy devant mis aucunes figures bien necessaires à son propos). D. 1825 iconogr. (Pichot, Voyage hist. en Angleterre et en Ecosse, I, p. 173 ds Mack. t. 1, p. 207), cf. 1835 (La Mode, t. II, p. 132, ibid. : Si nos anglomanes se bornaient à dire... illustré de gravures au lieu de orné de gravures comme on disait jadis...). A, B, C empr. au lat. illustrare « éclairer, illuminer; mettre en lumière, rendre patent; donner de l'éclat, du lustre » à l'époque class.; « éclairer, inspirer », intrans. « briller » (domaine spirituel), passif « être revêtu d'une dignité ». D empr. à l'angl. to illustrate « expliquer par des illustrations, des dessins, des figures » d'où « orner un livre par des illustrations explicatives » (dep. 1638 ds NED). Fréq. abs. littér. : 422. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 617, b) 373; xxes. : a) 536, b) 744. Bbg. Quem. DDL t. 15.

ILLUSTRÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst.

ILLUSTRÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst.
I. − Part. passé de illustrer*.
II. − Adj. [Correspond à illustrer B 3] Pourvu d'illustrations. Album illustré, revue illustrée; les livres illustrés du xviiies., de l'époque romantique. Le goût me vient de regarder les dictionnaires illustrés (Jacob, Cornet dés,1923, p. 219).Elle regardait un journal illustré et ne vit pas mes signes (Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 136) :
... Knock (...) rapporte de grands cartons illustrés qui représentent les principaux organes chez l'alcoolique avancé, et chez l'homme normal. Romains, Knock,1923, II, 6, p. 14.
III. − Subst., p. méton. [Correspond à illustrer B 3] Journal, magazine, revue abondamment pourvu(e) d'illustrations et, en particulier, de bandes dessinées. Lire, feuilleter un illustré; illustré pour enfants, pour la jeunesse. Éprouvé une secousse : un grand illustré de Vienne publie ma photographie (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 104).En mangeant mes pignons j'ouvris un illustré (Colette, Naiss. jour,1928, p. 44).
Prononc. : [il(l)ystʀe]. Fréq. abs. littér. : 453. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 438, b) 468; xxes. : a) 848, b) 791.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·