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GOURME, subst. fém.

GOURME, subst. fém.
A. − ,,Maladie contagieuse, parfois enzootique chez les jeunes équidés, caractérisée par un catarrhe nasal avec hypertrophie des ganglions correspondants, due à un streptocoque particulier dit streptocoque de la gourme`` (Villemin 1975). Gourme catarrhale, purulente. Maladie virulente extrêmement contagieuse pour le cheval, l'âne et le mulet, la gourme frappe surtout les jeunes animaux de 1 à 4 ans (Garcin, Guide vétér.,1944, p. 222).
Expr. Ce cheval jette sa gourme. Il est affecté de la gourme pour la première fois. C'est un poulain, il n'a pas encore jeté sa gourme (Ac.).
Au fig., fam. Jeter sa gourme. Faire des folies de jeunesse. Jeter sa gourme à tous les vents de l'Europe (Larbaud, Barnabooth, 1913, p. 111). Peut-être suis-je seulement en train de jeter ma gourme, de me faire les griffes (Vialar, Tournez,1956, p. 81) :
De là, on est venu aux petites filles du peuple, qu'il [Sainte-Beuve] a fort étudiées, nous dit-il, et qui ont à la puberté deux ou trois ans de folie, de fureur de danse et de vie de garçon, jetant leur gourme et leurs bonnets par-dessus les moulins, sortant de là rassises, rangées, ouvrières, femmes d'intérieur et de ménage... Goncourt, Journal,1863, p. 1208.
Jeter la gourme de qqc. Sa raison mûrissait, il avait jeté la gourme de ses rancunes (Zola, Germinal,1885, p. 1590).
B. − Synon. pop. de impétigo.Des enfants couverts de gourme. Un petit garçon coiffé d'une gourme épaisse : n'est-ce pas ce que les nourrices appellent le chapeau? (Du Camp, Hollande,1859, p. 127).
REM.
Gourmeux, -euse, adj.a) Qui est atteint de gourme. Une pouliche gourmeuse. Emploi subst. Il nous faut (...) transporter tous les malades au dortoir (...) quant aux gourmeux, nous les serrerons dans un coin (A. Daudet, Nabab,1877, p. 149).b) Dont l'origine est la gourme. Une bronchite, une infection, une suppuration gourmeuse; des abcès gourmeux. Il se produit des plaques de desquamation épidermique (eczéma gourmeux) (Nocard, Leclainche, Mal. microb. animaux,1896, p. 457).
Prononc. et Orth. : [guʀm̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) 1228 gorme « écrouelles » (J. Renart, G. de Dole, éd. F. Lecoy, 4368); 1575 méd. jetter sa gourme (A. Paré, Œuvres complètes, éd. J.-F. Malgaigne, XVI, 2); b) ca 1350 vétér. gourme (G. Le Muisit, Poésies, éd. Kervyn de Lettenhove, I, 95); 1583-90 vétér. jetter sa gourme (Brantôme, Grands Capitaines, I, 25 ds Gdf. Compl.); 1559 fig. jeter sa gourme « faire des folies de jeunesse » (Revue du seizième siècle, 13, 262); 2. 1405 mors a gourme « chaînette qui fixe le mors dans la bouche d'un cheval » (R. de Lespinasse, Les métiers et corporations de la ville de Paris, III, 454, art. 6 ds Romania t. 38, p. 585, no3). De l'a. b. frq. *worm [ou *wurm] « pus » que l'on peut restituer d'apr. l'a. h. all. wurm « id. » et le néerl. worm « id. », répandu très tôt dans le reste de la Romania (cf. xves. [date du ms.] a. prov. vorm subst. masc. « morve du cheval » ds Romania t. 38, p. 583 et FEW t. 17, p. 612a) et devenu fém., par l'intermédiaire d'un neutre collectif, en fr.; 2 p. anal. peut-être parce que la gêne provoquée par cette chaînette a été comparée à celle qu'apporte au cheval la maladie de la gourme. Fréq. abs. littér. : 39. Bbg. Quem. DDL t. 5.

GOURMER1, verbe trans.

GOURMER1, verbe trans.
Brider un cheval en lui mettant la gourmette. Il faut gourmer ce cheval plus court (Ac.).
P. métaph. Lorsqu'ils [des auteurs] cesseront de gourmer leur fantaisie (...) ils nous donneront une très bonne pièce qui ne rougira pas d'être comique (Colette, Jumelle,1938, p. 156).
Emploi pronom. réfl., au fig. Affecter un air, un maintien raide et compassé. Sa gaieté même alors est forcée; il se guinde et se gourme jusqu'aux dents (Sainte-Beuve, Chateaubr., t. 2, 1860, p. 114).Il se raidit, il se gourme, il se fait solennel (Péguy, Clio,1914, p. 242).
Prononc. et Orth. Cf. gourmer 2. Étymol. et Hist. Cf. gourmer 2.

GOURMÉ, -ÉE, part. passé et adj.

GOURMÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. − Part. passé de gourmer1*.
II. − Adj. Qui offre une apparence raide, compassée, sans naturel. Air, maintien gourmé; attitude, figure gourmée; gestes gourmés; manières gourmées. Lucien, gourmé, gommé, roide et neuf comme ses habits (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 185).Un chef gourmé, sévère, cérémonieux, dépourvu de cordialité et d'humanité (Duhamel, Combat ombres,1939, p. 66).Il l'avait d'abord trouvée si gourmée qu'il lui avait dit en riant : « Vous prenez la vie avec des gants de chevreau glacé » (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 302) :
... ce petit magistrat N..., si gourmé, si solennel, qui s'imagine que l'homme est sur la terre en visite de cérémonie, qui lève si dédaigneusement les épaules quand on se permet de rire un peu haut... Jouy, Hermite, t. 1, 1811, p. 137.
Emploi subst. Malgré le gourmé, la gravité des têtes (...) on eût dit de grands écoliers, en cour, ridés et grisonnants (A. Daudet, Immortel,1888, p. 196).
Prononc. et Orth. : [guʀme]. Ds Ac. 1694-1878. Fréq. abs. littér. : 81.

GOURMER2, verbe trans.

GOURMER2, verbe trans.
Vieilli, fam. Battre à coups de poing. Léandre, outré de fureur, voulut se jeter sur Scapin et le gourmer (Gautier, Fracasse,1863, p. 134).
Emploi pronom. réciproque. Des écoliers qui se gourment (Ac.). On se chamaillait, on se bousculait, on se gourmait sans vergogne (Fabre, Lucifer,1884, p. 267).
P. métaph. Ces batailleurs intrépides, qui se gourmaient à qui mieux mieux, quand ils ne gourmaient point quelque vieux mort illustre, dont la célébrité avait trop duré (Rolland, J.-Chr., Foire, 1908, p. 686).
Prononc. et Orth. : [guʀme], (il) gourme [guʀm̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Fin xiiies.-début xives. [date du ms.] gormé adj. « qui a la gourme » (Du duc Malaquin, 220 ds Nouv. Rec. de Fabliaux, éd. D.M. Méon, II, 286); b) 1583-90 réfl. se gourmer « se battre à coups de poings » (Brantôme, Grands Capitaines, François 1er, III, 106 ds Gdf. Compl.); 2. a) 1611 « mettre la gourmette à un cheval » (Cotgr.) [attesté indirectement par regourmer 1549, Est.]; b) 1563 se gourmer « prendre un air grave ou hautain et dédaigneux » (Ronsard, Responce aux injures et calomnies ds Œuvres complètes, éd. P. Laumonier, XI, 175); c) 1580 gourmer « blâmer, réprimander » (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, I, 23, p. 137); d) 1592 « réprimer ses passions » (Id., ibid., III, 10, p. 1143). Dér. de gourme*; suff. * puis dés. -er. 1 est issu de gourme* méd. (sens 1); b sans doute en raison des tuméfactions qui résultent de coups de poings, comparables à celles laissées sur la peau par la gourme; 2 dér. de gourme* (sens 2), proprement « rendre raide comme la gourmette qui entrave le libre jeu de la ganache du cheval ». Fréq. abs. littér. : 19.
DÉR.
Gourmade, subst. fém.,vieilli, fam. Coup, coup de poing sur la figure. Jeter qqn à la porte avec une gourmade; recevoir des gourmades. Une gourmade dans les dents, sur le nez (Ac.). On parle de gourmades et de bastonnades dans le collège de la rive gauche (Amiel, Journal,1866, p. 499).P. métaph. En recevant cette espèce de gourmade en paroles... (Balzac, Cous. Bette,1847, p. 56).[guʀmad] 1reattest. 1606 [date d'éd.] « coup de poing » (J. de Montlyard, Mythologie Epestre ds Delb. Notes mss); de gourmer2, suff. -ade*.
BBG. Skok (P.). Notes d'étymol. rom. Romania. 1924, t. 50, pp. 213-215.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·