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GENTIL1, subst. masc.

GENTIL1, subst. masc.
En gén., au plur., HIST. RELIG.
A. − [Par rapport aux Juifs, avant l'avènement du christianisme] Personne étrangère à la religion juive. L'aube est pour les Gentils comme pour les Hébreux (Hugo, Fin Satan, Le Gibet, 1885, p. 816).Il faut se rappeler combien fut tenace la division en Grecs et Barbares, Juifs et Gentils, Chinois et autres hommes (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 268).Joseph est jeté dans la citerne et vendu aux Gentils pour quelques pièces d'argent (Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 88) :
1. À l'époque alexandrine, avant la propagation du christianisme, le judaïsme avait assumé une tâche missionnaire et fait de nombreux prosélytes. Il avait proposé formellement aux Gentils, par une vaste littérature de propagande, son message universaliste, son monothéisme pur, sa morale de justice sociale et de charité... Weill, Judaïsme,1931, p. 39.
Au sing., rare. Ali. − Mon père était un rabbin célèbre. Also! S'il avait su que sa petit-fille épouserait un Gentil (Claudel, Pain dur,1918, III, 4, p. 476).
B. − [Par rapport aux chrétiens, dans les premiers temps du christianisme] Païen. Conversion des gentils. Alors les diacres firent sortir du lieu saint tous ceux qui ne devoient point assister au sacrifice, les gentils, les possédés du démon, les pénitents (Chateaubr., Martyrs, t. 2, 1810, p. 202).Celui-là [Corneille] fut le premier parmi les Gentils qui reçut le Saint-Esprit avec la parole de Jésus-Christ (Psichari, Voy. centur.,1914, p. 156) :
2. ... quand les chevaliers de Godefroy de Bouillon eurent délivré le Saint-Sépulcre, les maçons chrétiens leur transmirent le secret, en récompense, et, de plus, toute leur science philosophique et alchimique, les priant de ne point répandre chez les gentils un art qui donnait aux fidèles tant de supériorité sur les autres hommes... Adam, Enf. Aust.,1902, p. 202.
L'apôtre des gentils. Saint Paul. Alors Paul fut choisi pour être l'apôtre des gentils (Saint-Martin, Homme désir,1790, p. 407).
[P. allus. au nom donné à st Paul (cf. gentil1B)] Ce ton de bonne compagnie, sa subtilité dans la casuistique des péchés mignons, son indulgence charmante et sa connaissance délicate de l'âme féminine lui valurent les recommandations des grandes dames du faubourg de la politique (...) diseur de riens, saint Paul à rebours, « apôtre des gentilles » telles étaient les appellations moqueuses dont on le désignait déjà en 1896 (Billy, Introïbo,1939, p. 50).
Prononc. et Orth. : [ʒ ɑ ̃ti]. Ds Ac. 1694-1932. Au plur. ds Fér. 1768 et Fér. Crit. t. 2, 1787. Étymol. et Hist. 1488 [éd. 1491] (La Mer des Histoires, I, 53b, Vaganay ds Rom. Forsch., XXXii, p. 71 : gentilz et infideles). Empr. au lat. chrét.gentiles, subst. plur., désignant, dans l'Anc. et le Nouv. Testament, les païens p. oppos. au peuple d'Israël, au peuple de Dieu (cf. Tobie, I, 12 et 2 Cor., XI, 26). Gentiles est la substantivation de l'adj. lat. class. gentilis « qui appartient à la famille, à la race, au peuple » puis « relatif aux nations étrangères [synon. externus, peregrinus, barbarus] », enfin, à l'époque chrét., synon. de paganus, ethnicus. L'évolution de gentiles est parallèle à celle de gens, qui, après avoir désigné le clan, la famille, la nation, puis, à l'époque imp., les nations étrangères au populus romanus, a été employé dans la langue d'Église pour traduire le gr. des Septante τ α ̀ ε ́ θ ν η (ο ι ̔ ε ̓ θ ν ι κ ο ι ̀ ο ι ̔ Ε λ λ η ν ε ς), lui-même trad. de l'hébr. gôyîm « peuples », d'où « tous ceux qui n'appartiennent pas à la nation israëlite », v. Bible, s.v. Gentils; cf. l'a. fr. gens plur. trad. le lat. chrét. gentiles (xiiies. ds T.-L.); v. aussi gens. Fréq. abs. littér. : 118.

GENTIL2, -ILLE, adj.

GENTIL2, -ILLE, adj.
I. − Vx. Noble de naissance. Vous êtes le fils d'un gentil chevalier (Hugo, Légende, t. 1, 1859, p. 190).La terre en moi et ma ligne devient gentille et noble comme une chose qui ne peut être achetée (Claudel, Otage,1911, I, 1, p. 225).
P. ext. Lautrec (...) essuya avec son gant une larme que lui arrachoit le souvenir du gentil pays de France (Chateaubr., Avent. dern. Abenc.,1826, p. 257).
II. − Usuel
A. − [Du point de vue de la perception, de l'esthétique]
1. Dont l'apparence, la présentation est charmante, agréable (à voir, à écouter).
[En parlant du physique d'une pers.] Que vous êtes bien gentille, ravissante, avec une gorgette à faire pâmer toute une classe d'écoliers (Flaub., Smarh,1839, p. 13).J'ai quelque chose à vous dire, ma fille : Allez-vous habiller, et faites-vous gentille (Ponsard, Honn. et argent,1853, III, 3, p. 65).Toi, personne ne sait ce que t'es, avec ton gentil petit corps (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1476) :
1. Le sein d'Athénaïs, joli, petit, semblait naître, oser se gonfler à peine; mais ce jeune sein, pour le peu qu'on voyait, devinait, excitait un intérêt doux, touchait, attirait. La princesse regardait avec plaisir ce gentil petit corps de fille, si pur, si tendre et si désirable. Michelet, Journal,1849-60, p. 578.
[En parlant d'une partie du corps] C'est gentil, cette nuque découverte des femmes (Renard, Journal,1893, p. 164).Regardant avec complaisance son gentil visage (Rolland, J.-Chr., Matin, 1904, p. 194).
Gentil comme un cœur (cf. joli* comme un cœur). Très mignon. Dire qu'il me plaît fort, cela n'importe guère. C'est tout simple d'ailleurs, puisque je suis son père. Dire qu'il est gentil comme un cœur, c'est vulgaire; J'ai déjà dit là-haut qu'il avait de beaux yeux (Musset, Namouna,1832, p. 398).
[En parlant d'un habit, d'un objet] Ce n'est pas avec ces appointements, je dis, qu'elle paierait la gentille robe de mohair blanc (Colette, Cl. école,1900, p. 253).J'aime beaucoup ce petit bracelet... Cette mince chaîne à votre cou... Ces gentils petits bijoux de rien (Chardonne, Épithal.,1921, p. 68).Je viens acheter un pulovère. On m'a dit que vous aviez un petit modèle tout ce qu'il y a de gentil et pas cher du tout (Aymé, Cléramb.,1950, I, 7, p. 47).
[En parlant d'un lieu, d'une habitation] C'est gentil chez vous. Savez-vous que c'est gentil ce pavillon? C'est joliment décoré! (Scribe, Varner, Mariage raison,1826, II, 9, p. 403).Le pays est gentil avec son océan atténué et des anses qu'on appelle des « conches » tout le temps (Valéry, Corresp. [avec Gide], 1901, p. 388).
[En parlant d'un son, d'un bruit] Cela faisait un bruit léger, un gentil clapot, le long du canot (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Quest. du lat., 1886, p. 571).Les voix gentilles des cloches paysannes s'appelaient, se répondaient, de village en village (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1373).
Rem. Gentil, en ces emplois, est inconnu des jeunes générations.
2. Dans le domaine des arts, de la littérature.[Avec une nuance dépréciative] Qui est agréable à voir, à lire, à écouter, tout en n'ayant guère de valeur. Ce sont de gentils spectacles, et qui auraient bougrement fait rire M. de Voltaire (Flaub., Corresp.,1850, p. 161).Voici les gentils vers poétiques de la prime jeunesse de Lorrain qui défilent dans la salle rassérénée (Goncourt, Journal,1896, p. 899) :
2. On a cependant goûté la valse du dévêtement, la prière de Vénus, la gentille cantilène de violon qui accompagne la scène d'amour. L. Schneider, Maîtres opérette fr.,1924, p. 237.
P. méton. Un gentil talent. Un talent qui produit des œuvres sans envergure. Alors son père, qui avait un gentil talent avec le crayon, voulut lui apprendre le dessin (Montherl., Pitié femmes,1936, p. 1083).
B. − [Du point de vue social, moral]
1. [En parlant d'une action déterminée, ponctuelle]
a) [Le subst. désigne une pers.] Dont l'action est prévenante, délicate, agréable (pour les autres). Et voilà, il a été très gentil... Il s'était occupé de moi, il nous a accompagnés jusqu'à la porte de son cabinet (Zola, Bête hum.,1890, p. 67).Maintenant, soyez gentille, dites-moi ce que vous avez fait entre deux et trois? (Maurois, Climats,1928, p. 55) :
3. Il se leva et ils remontèrent vers la station de taxi : − Je t'accompagne. − Ne te dérange pas. − C'est pour mon plaisir, dit-il tendrement. − Tu es gentil. Ça lui allait droit au cœur quand elle disait : « Tu es gentil avec cette voix et ces yeux. » Beauvoir, Mandarins,1954, p. 281.
Gentil pour, avec (qqn).Ah! mon chéri, si tu savais comme j'ai besoin qu'on soit gentil avec moi! (Zola, Bête hum.,1890p. 185).Mon mari n'a pas été très gentil pour mon cousin (Bourget, Sens mort,1915, p. 50).J'ai voulu être gentil avec le chauffeur, je lui ai donné dix francs (Proust, Prisonn.,1922, p. 367).
P. anal. Est-ce que la vie elle est gentille avec eux? (Céline, Voyage,1932, p. 382).
Être (très, bien) gentil de + inf.Tu es bien gentille de me donner des nouvelles de ta bonne maman avec tant de régularité (Flaub., Corresp.,1863, p. 116).J'ajoutai : « Quant à moi, je ne veux m'occuper de rien, mais tu seras bien gentil d'aller aux nouvelles » (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Rouerie, 1882, p. 859).Que vous êtes gentil d'être venu! (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1171).
Être assez gentil pour + inf.Soyez assez gentil pour aller m'attendre dans ma chambre (Proust, Guermantes 1,1920, p. 73).Ma petite Mary, soyez assez gentille pour lui mettre quelque chose sur les épaules, voulez-vous? (Martin du G., Thib., Consult., 1928, p. 1076).
Loc. Gentil comme tout. Très gentil :
4. La jeune femme sourit : « C'est moi, d'ailleurs, qui ai eu l'idée de vous envoyer chercher », reprit-elle. Je lui serrai la main : « Vous êtes gentille comme tout. » Maupass., Contes et nouv., Bûche, 1882, p. 781.
[Avec une nuance iron.] Vous êtes bien gentil, mais il faut au moins un minimum de compétence, et je ne l'ai pas (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 95).
En partic. [En parlant d'un enfant] Qui se conduit bien. Tu seras bien sage, bien gentille, tu resteras tranquillement à m'attendre dans le dodo et je reviendrai sitôt que ce sera fini (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Soirée, 1883, p. 1275).
[P. méton. du déterminé] Qui exprime l'attitude sympathique, amicale (de quelqu'un). Je serre son bras sous le mien, mais elle n'a pas son sourire gentil des autres fois (Colette, Cl. école,1900, p. 55).Elle [ma mère] s'est mise à me picoter. D'ailleurs sur le ton gentil, de sorte que je me suis découvert un peu (Montherl., Ville dont prince,1951, II, 2, p. 886).
b) [Le subst. désigne un inanimé, action ou attitude] Qui manifeste la bienveillance, les sentiments amicaux (de quelqu'un). La misère poursuit implacablement et minutieusement l'altruisme et les plus gentilles initiatives sont impitoyablement châtiées (Céline, Voyage,1932, p. 394).
[Avec une nuance restrictive quant au résultat] Qui exprime un sentiment cordial, mais qui ne tire pas à conséquence. Après une gentille bataille de paroles (Goncourt, Journal,1895, p. 802).En acceptant, même en recherchant cette gentille aventure avec Antonia, j'avais peut-être inconsciemment voulu me détourner de quelque attachement plus grave (Romains, Hommes bonne vol.,1939, p. 221).
Avoir, dire un mot gentil. Votre gentille lettre arrive aujourd'hui et me fait un peu regretter celle que je vous ai écrite hier (Claudel, Corresp. [avec Gide], 1913, p. 215).Elle m'a dit alors quelques mots gentils, avec une maladresse très touchante (Maurois, Climats,1928, p. 165).Maman va revenir. Dis-lui des choses gentilles, des choses qui viennent du cœur (Duhamel, Combat ombres,1939, p. 151).
P. iron. (cf. supra II A 2).Bienveillant, mais sans grande valeur. Paule sourit avec indulgence : « Remarque que cette petite a dit des choses gentilles sur ton bouquin; seulement elle est comme les autres. Ils admirent sans comprendre » (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 117).
[Dans une constr. impers.] Qui témoigne d'une attitude ou d'un sentiment amical. C'est gentil ce que vous me dites sur le trio d'amis, vous, Georges et Guy (Flaub., Corresp.,1879, p. 287) :
5. − Mes enfants, il faut boire à vos bonnes amies, si vous en avez, et il faut boire à la gloire de la France... Je ne connais que ça, vive la joie! − C'est bien vrai, mon lieutenant, à votre santé et à la santé de tout le monde! Tous burent, réconciliés, réchauffés. Ce fut très gentil, cette goutte, dans le petit froid du matin, au moment de marcher à l'ennemi. Zola, Débâcle,1892, p. 232.
C'est gentil de + inf.Ce n'est pas gentil de me laisser si longtemps sans nouvelles (Flaub., Corresp.,1877, p. 302).C'est gentil de revenir me voir (Queneau, Pierrot,1942, p. 51).
P. iron. Ah! c'est gentil de me laisser seule, toute une journée (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 82).
C'est gentil de (sa) part. C'est très gentil de votre part. Au moins vous ne m'avez pas oubliée tout de suite (Becque, Parisienne,1885, III, 6, p. 333).Si son galant l'épousait un jour, ce serait tout de même bien gentil de sa part (Zola, Germinal,1885, p. 1490).Sans doute n'était-il pas très gentil de ma part de lui dire que ma bague me ferait autant de plaisir (Gide, École femmes,1929, p. 1265).
C'est (très) gentil à (toi) de + inf.Je veux bien, c'est même très gentil à toi d'avoir ce courage (Zola, Œuvre,1886, p. 261).C'est très gentil à toi de te désoler, mais tu nous remplaceras facilement (Montherl., Olymp.,1924, p. 360).
Ce serait (si) gentil si. À mon retour, ce serait si gentil si vous vouliez venir un jour déjeuner à la maison! (Montherl., Célibataires,1934, p. 871).
Par antiphrase. − Qu'a-t-il donc à gueuler comme ça? dit-elle en parlant de Bordenave. Ça va être gentil tout à l'heure... On ne peut plus monter une pièce sans qu'il ait ses nerfs, maintenant (Zola, Nana,1880, p. 1324).
Rare, emploi à valeur d'adv. On joue gentil (Colette, Dialog. bêtes,1905, p. 69).
2. [En parlant d'un comportement habituel, durable; le subst. désigne une pers.] Dont l'attitude ou le comportement est constamment agréable (pour les autres). C'est un gentil petit jeune homme à l'air doux et fin (E. de Guérin, Lettres,1838, p. 219).Elle était une gentille petite femme (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Châli, 1884, p. 455).
Faire le gentil. Adopter des attitudes agréables, charmantes. Ils peuvent faire les gentils, à présent qu'ils nous ont troué la peau (Zola, Germinal,1885, p. 1516).Je m'assieds devant lui, réservée et convenable; il fait le gentil, il est le professeur mondain de l'endroit (Colette, Cl. école,1900, p. 232).
P. anal. [En parlant d'un animal] Je vagabonde (...) à la manière du cheval que l'obstacle importune, et qui fait le gentil, avec mille folâtreries de cheval, devant la barrière (Colette, Naiss. jour,1928, p. 33).
Emploi subst. Si tu veux, ma gentille, tu mettras ta mantille (Jacob, Cornet dés,1923, p. 64).
[P. anal. de comportement] Près de moi (...) un gentil petit macaque qu'on est venu m'apporter ce matin, que l'aspect de mon visage blanc terrifie (Gide, Voy. Congo,1927, p. 800).Le petit sanglier était bien gentil, dit Yvonne, mais le singe, quel cochon! (Queneau, Pierrot,1942, p. 204).
C. − [Du point de vue quantitatif]
1. Fam. C'est déjà bien gentil (comme ça). C'est déjà suffisant. Tâchons de manger du pain, ça sera déjà bien gentil (Zola, Vérité,1902, p. 54) :
6. fourchevif. − Il est bon de vous dire que j'ai quatorze cents têtes de moutons (...). Quand je dis quatorze cents... mon fermier aura la moitié. rouquerolle. − Alors, reste à quatorze cents demi-têtes (...) c'est déjà bien gentil! Labiche, Fourchevif,1859, 12, p. 417.
2. [Avec une nuance augmentative; spéc. en parlant de fin., écon.] D'une certaine importance. Une gentille somme (cf. une coquette* somme) :
7. − Un tour à l'œil? proposa Petit-Pouce. Ça dégélerait le public, ça encouragerait les philosophes et une fois embrayée la soirée n'aurait plus qu'à rouler de séance en séance jusque vers le minuit, avec en fin de compte une gentille recette pour le sieur Tortose et la chemise trempée de sueur pour les trois athlètes. Queneau, Pierrot,1942, p. 11.
Par antiphrase. Désastreux. Le correspondant a disparu. Avec mon affaire d'Espagne, cela me fait une gentille fin de mois. − Mais est-ce vraiment une perte, votre affaire d'Espagne? − Certainement, sept cent mille francs hors de ma caisse, rien que cela (Dumas père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 97).
Emploi subst. masc. à valeur de neutre. Il diffère de son rival à chaque pas, de toute la distance du gentil et du sémillant au solennel (Sainte-Beuve, Port-Royal, t. 2, 1842, p. 80).Qu'il la déteste cette femme « avec son cerveau d'enfant, qui vous condamne à voir les plus grandes choses sous l'aspect du sensuel, du tendre, du gentil... » (Massis, Jugements,1923, p. 225).
Prononc. et Orth. : [ʒ ɑ ̃ti], fém. [-tij]. l final du masc. se lie en [j] devant voyelle; ex. : gentil enfant [ʒ ɑ ̃tijɑ ̃fɑ ̃]. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1050 « d'origine noble » (Alexis, éd. Chr. Storey, 20); id. « noble par ses sentiments, son comportement » (ibid., 478); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 377); ca 1160-74 « agréable à regarder, gracieux » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 1113); ca 1220 « bienveillant, délicat, amical » (Amadas et Ydoine, 5551 ds T.-L.); 1667 par antiphrase (Molière, Misanthrope, II, 1). Du lat. gentilis « propre à la race, à la famille », d'où en fr. « de bonne race, généreux; gracieux, aimable » par une évolution semblable à celle de gent* adjectif. Fréq. abs. littér. : 3 136. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 639, b) 5 763, xxes. : a) 6 629, b) 4 858. Bbg. Duch. Beauté 1960, pp. 162-164, 170-172. - Rothe (W.). Z. rom. Philol. 1962, t. 78, pp. 189-190. - Spitzer (L.). The gentiles. In : S. (L.). Essays in historical semantics. New York, [1948]. - Venck. 1975, pp. 263-292.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·