a) [Le subst. désigne une pers.] Dont l'action est prévenante, délicate, agréable (pour les autres). Et voilà, il a été très gentil... Il s'était occupé de moi, il nous a accompagnés jusqu'à la porte de son cabinet (Zola, Bête hum.,1890, p. 67).Maintenant, soyez gentille, dites-moi ce que vous avez fait entre deux et trois? (Maurois, Climats,1928, p. 55) :3. Il se leva et ils remontèrent vers la station de taxi : − Je t'accompagne. − Ne te dérange pas. − C'est pour mon plaisir, dit-il tendrement. − Tu es gentil. Ça lui allait droit au cœur quand elle disait : « Tu es gentil avec cette voix et ces yeux. »
Beauvoir, Mandarins,1954, p. 281.
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Gentil pour, avec (qqn).Ah! mon chéri, si tu savais comme j'ai besoin qu'on soit gentil avec moi! (Zola, Bête hum.,1890p. 185).Mon mari n'a pas été très gentil pour mon cousin (Bourget, Sens mort,1915, p. 50).J'ai voulu être gentil avec le chauffeur, je lui ai donné dix francs (Proust, Prisonn.,1922, p. 367).♦ P. anal. Est-ce que la vie elle est gentille avec eux? (Céline, Voyage,1932, p. 382).
− Être (très, bien) gentil de + inf.Tu es bien gentille de me donner des nouvelles de ta bonne maman avec tant de régularité (Flaub., Corresp.,1863, p. 116).J'ajoutai : « Quant à moi, je ne veux m'occuper de rien, mais tu seras bien gentil d'aller aux nouvelles » (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Rouerie, 1882, p. 859).Que vous êtes gentil d'être venu! (Gide, Faux-monn.,1925, p. 1171).
− Être assez gentil pour + inf.Soyez assez gentil pour aller m'attendre dans ma chambre (Proust, Guermantes 1,1920, p. 73).Ma petite Mary, soyez assez gentille pour lui mettre quelque chose sur les épaules, voulez-vous? (Martin du G., Thib., Consult., 1928, p. 1076).
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Loc. Gentil comme tout. Très gentil : 4. La jeune femme sourit : « C'est moi, d'ailleurs, qui ai eu l'idée de vous envoyer chercher », reprit-elle. Je lui serrai la main : « Vous êtes gentille comme tout. »
Maupass., Contes et nouv., Bûche, 1882, p. 781.
− [Avec une nuance iron.] Vous êtes bien gentil, mais il faut au moins un minimum de compétence, et je ne l'ai pas (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 95).
− En partic. [En parlant d'un enfant] Qui se conduit bien. Tu seras bien sage, bien gentille, tu resteras tranquillement à m'attendre dans le dodo et je reviendrai sitôt que ce sera fini (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Soirée, 1883, p. 1275).
− [P. méton. du déterminé] Qui exprime l'attitude sympathique, amicale (de quelqu'un). Je serre son bras sous le mien, mais elle n'a pas son sourire gentil des autres fois (Colette, Cl. école,1900, p. 55).Elle [ma mère] s'est mise à me picoter. D'ailleurs sur le ton gentil, de sorte que je me suis découvert un peu (Montherl., Ville dont prince,1951, II, 2, p. 886).
b) [Le subst. désigne un inanimé, action ou attitude] Qui manifeste la bienveillance, les sentiments amicaux (de quelqu'un). La misère poursuit implacablement et minutieusement l'altruisme et les plus gentilles initiatives sont impitoyablement châtiées (Céline, Voyage,1932, p. 394).− [Avec une nuance restrictive quant au résultat] Qui exprime un sentiment cordial, mais qui ne tire pas à conséquence. Après une gentille bataille de paroles (Goncourt, Journal,1895, p. 802).En acceptant, même en recherchant cette gentille aventure avec Antonia, j'avais peut-être inconsciemment voulu me détourner de quelque attachement plus grave (Romains, Hommes bonne vol.,1939, p. 221).
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Avoir, dire un mot gentil. Votre gentille lettre arrive aujourd'hui et me fait un peu regretter celle que je vous ai écrite hier (Claudel, Corresp. [avec Gide], 1913, p. 215).Elle m'a dit alors quelques mots gentils, avec une maladresse très touchante (Maurois, Climats,1928, p. 165).Maman va revenir. Dis-lui des choses gentilles, des choses qui viennent du cœur (Duhamel, Combat ombres,1939, p. 151).♦ P. iron. (cf. supra II A 2).Bienveillant, mais sans grande valeur. Paule sourit avec indulgence : « Remarque que cette petite a dit des choses gentilles sur ton bouquin; seulement elle est comme les autres. Ils admirent sans comprendre » (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 117).
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[Dans une constr. impers.] Qui témoigne d'une attitude ou d'un sentiment amical. C'est gentil ce que vous me dites sur le trio d'amis, vous, Georges et Guy (Flaub., Corresp.,1879, p. 287) :5. − Mes enfants, il faut boire à vos bonnes amies, si vous en avez, et il faut boire à la gloire de la France... Je ne connais que ça, vive la joie!
− C'est bien vrai, mon lieutenant, à votre santé et à la santé de tout le monde! Tous burent, réconciliés, réchauffés. Ce fut très gentil, cette goutte, dans le petit froid du matin, au moment de marcher à l'ennemi.
Zola, Débâcle,1892, p. 232.
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C'est gentil de + inf.Ce n'est pas gentil de me laisser si longtemps sans nouvelles (Flaub., Corresp.,1877, p. 302).C'est gentil de revenir me voir (Queneau, Pierrot,1942, p. 51).P. iron. Ah! c'est gentil de me laisser seule, toute une journée (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 82).♦ C'est gentil de (sa) part. C'est très gentil de votre part. Au moins vous ne m'avez pas oubliée tout de suite (Becque, Parisienne,1885, III, 6, p. 333).Si son galant l'épousait un jour, ce serait tout de même bien gentil de sa part (Zola, Germinal,1885, p. 1490).Sans doute n'était-il pas très gentil de ma part de lui dire que ma bague me ferait autant de plaisir (Gide, École femmes,1929, p. 1265).
♦ C'est (très) gentil à (toi) de + inf.Je veux bien, c'est même très gentil à toi d'avoir ce courage (Zola,
Œuvre,1886, p. 261).C'est très gentil à toi de te désoler, mais tu nous remplaceras facilement (Montherl., Olymp.,1924, p. 360).
♦ Ce serait (si) gentil si. À mon retour, ce serait si gentil si vous vouliez venir un jour déjeuner à la maison! (Montherl., Célibataires,1934, p. 871).
♦ Par antiphrase. − Qu'a-t-il donc à gueuler comme ça? dit-elle en parlant de Bordenave. Ça va être gentil tout à l'heure... On ne peut plus monter une pièce sans qu'il ait ses nerfs, maintenant (Zola, Nana,1880, p. 1324).
♦ Rare, emploi à valeur d'adv. On joue gentil (Colette, Dialog. bêtes,1905, p. 69).