A. − HIST. Corps de troupe chargé d'assurer la protection d'un souverain, d'une personne officielle ou, s'il est important, investi d'une véritable mission militaire. La garde du palais crie : Vive le Roi! (Scribe, Bertrand,1833, V, 7, p. 225).Balkis reconnut le brave Abner qui venait à la tête de sa garde délivrer sa reine (A. France, Balth.,1889, p. 17).SYNT. Garde civique, consulaire, nationale, pontificale, prétorienne, suisse.
− Garde constitutionnelle. Garde donnée à Louis XVI par l'assemblée législative en 1791. Les régiments avaient été éloignés, la garde constitutionnelle licenciée (Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 67).
− Garde d'honneur. Garde qui accompagne une personnalité dans ses déplacements; spéc., corps de cavalerie formé, par Napoléon en 1813, des jeunes gens qui s'étaient rachetés de la conscription. Il ne voulut d'autre garde que la garde d'honneur de la ville, et ce trait de confiance lui ramena aussitôt tous les sentiments hollandais (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 36).
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Garde impériale, cour. la garde. ♦
Corps d'armée créé par Napoléon en 1804 : 7. ... Nicolas tomba pour ne plus se relever, plus heureux que Cambronne qui n'avait que dit la chose et que la garde qui ne se rendit pas mais qui ne mourut pas davantage.
Verlaine,
Œuvres compl., t. 4, Mém. veuf, 1886, p. 225.
Jeune garde. Régiment d'élite de la garde impériale. La jeune et la vieille garde arrivèrent (Chateaubr., Mém., t. 2, 1848, p. 454).Vieille garde. Régiment de la garde impériale qui forme la réserve. De petits enfants travestis en vétérans de la Vieille Garde (Goncourt, Journal,1895, p. 793).Au fig.
α) Les amis fidèles, les tenants d'une École remise en cause par des novateurs. Il y avait naturellement des jeunes − artistes, étudiants et fanas − qui n'étaient que trop prêts à se lancer avec le chevalier Diaghilev à l'assaut de la vieille garde (Diapason,oct. 1980, no254, p. 36).
β) Fam. Vieille femme galante. Sous la figure d'une vieille garde qui vous ôte une chemise et vous refroidit quand vous avez besoin d'une chaleur céleste (Balzac,
Œuvres div., t. 2, 1830, p. 10).
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Corps d'armée lié à un empereur : 8. Une nuit de juin 1916, à l'aube, très tôt, la garde impériale envahit l'Épeule, éveilla tout le monde, et s'empara des jeunes gens.
Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 224.
♦ Loc. fig. et iron. [P. allus. au vers célèbre de Hugo, Châtim., 1853] Faire donner la garde. Jeter tous ses atouts, se donner à fond. La tragédienne eut beau faire donner la garde, appeler au secours de son art en déroute les grandes héroïnes du répertoire, Phèdre et ses fureurs, Monimos et sa grâce touchante, Hermione, les Américains restaient froids (A. Daudet, Crit. dram.,1897, p. 138).
− Garde républicaine (de Paris); anc., garde municipale. Corps de gendarmerie chargé de la garde de l'Élysée et assurant les services d'ordre et d'honneur de la capitale. Musiques de l'armée et civiles, musique de la Garde républicaine (Rougnon1935, p. 248).
− Garde républicaine mobile. Corps de gendarmerie mobile créé en 1925 et dissout en 1955.
− Garde royale. Garde créée en France par Louis XVIII en 1815. Le jeune homme (...) fut rappelé dans la garde royale (Balzac, Ferragus,1833, p. 22).
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Garde française. Régiment créé par Charles IX en 1563 et chargé jusqu'en 1789 de la garde des palais royaux. Un sergent des gardes françaises (Nerval, Fayolle,1855, p. 119).♦ P. méton., subst. masc. Soldat de ce régiment. Les boutons des uniformes des gardes-françaises (Montherl., Célibataires,1934, p. 741).
− Garde rouge. Armée, groupe de révolutionnaires communistes en URSS ou en Chine. La garde rouge, répondait Kyo, les milices ouvrières, allaient être créées à Shanghaï (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 270).
B. − Détachement de soldats assurant la garde d'un poste. Appeler, renforcer, relever la garde. Piquet de prison, relève de garde, tout marche imperturbablement (Alain, Propos,1923, p. 478).− À la garde! [Pour demander le secours de la garde] Et la sentinelle qui ne crie pas à la garde (Mérimée, Théâtre C. Gazul,1825, p. 71).
− Garde montante, descendante. Garde qui prend, quitte son service. La garde montante et les gamins qui défilent en chantant (Mauriac, Journal 2,1937, p. 126).
− Grand' garde. Corps de troupe en défense aux avant-postes. Ils arrivèrent, sans pouvoir y échapper, à une grand'garde de francs-tireurs (A. DaudetContes lundi,1873, p. 28).Cf. grand-garde.
− Garde avancée, folle. Corps de troupe, armée que l'on met devant la grand-garde pour plus de sûreté. P. métaph. Il [M. Ehrmann] est une garde avancée, on disait autrefois une garde folle, de la latinité, un défenseur de nos bastions de l'Est (Barrès, Serv. All.,1905, p. 229).
− Corps* de garde.