1. Produit comestible des végétaux que l'on consomme le plus souvent comme dessert. Souvent, le fruit que l'insecte a piqué ou que le bec de l'oiseau a entamé est le plus vermeil et le plus savoureux (Sand, Lélia,1839, p. 364).Des carrés étaient plantés de figuiers, de pêchers, d'amandiers, d'oliviers, de grenadiers et autres arbres à fruit (Gautier, Rom. momie,1858, p. 241):1. Moi, je taille mes arbres. Je les dirige. Je les pince. Je vois pousser les jeunes boutures, et, quand je mange un fruit à table, je peux dire : « Voilà un fruit que je connais ».
Renard, Journal,1892, p. 117.
SYNT. Fruit vert, mûr, pourri; fruits confits, secs (dont on a provoqué la dessication pour les conserver); fruit précoce, tardif; fruit juteux, sucré, acide; cueillir des fruits; fruits de saison; corbeille de fruits; fruits frais, congelés, au sirop, en conserve; fruits déguisés (sorte de petits fours).
♦ Petits fruits (région.). Baies comestibles diverses, comme les airelles, fraises des bois, framboises, groseilles, etc. Nous nous sommes nourris, mes petits camarades et moi, aux « petits fruits », comme les gens de mon pays appellent les myrtilles, les framboises, les airelles et les fraises des bois, les groseilles et les cassis (G. Borgeaud, Le Voyage à l'étranger,Paris et Lausanne, 1974, p. 126).
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Vieilli, p. méton., au sing. Dernier service d'un repas et ce qu'on y sert. Servir le fruit (Ac.1932).Synon. usuel dessert.Elle propose (...) pour le fruit, des poires tapées et des noix sèches (Pourrat, Gaspard,1922, p. 160):2. ... « Demandez au maître d'hôtel s'il a du bon chrétien. − Du bon chrétien? Je ne comprends pas. − Vous voyez bien que nous sommes au fruit, c'est une poire. »
Proust, Sodome,1922, p. 1010.
− P. compar. Tomber comme un fruit mûr (en parlant d'une chose). Se produire naturellement, sans qu'on ait forcé les circonstances. Ce n'est pas lui qui pose la question, elle s'est posée d'elle-même, elle est sortie toute seule − tombée comme un fruit mûr (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1459).
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Au fig., fam. ♦
Fruit sec [P. réf. au fruit qu'on a laissé se dessécher, et qui a perdu sa saveur] Élève qui, faute de réussir au terme de ses études, doit renoncer à la carrière qu'il envisageait. Fruit sec des concours (Flaub., Bouvard, t. 2, 1880, p. 28).Des écrivains scientifiques, fruits secs de l'École Polytechnique (...) discutaient la science actuelle avec un mépris et une certitude que personne ne pouvait combattre (Champfl., Avent. MlleMariette,1853, p. 89).P. ext. Personne qui a déçu les espoirs qu'on fondait sur elle : 3. stéphan. − Ses tantes l'ont élevé, je lui envoyais les revenus du petit domaine que lui a légué sa mère (...) c'est un fruit sec, pauvre en esprit et en cœur. Si vous lisiez les lettres qu'il m'envoie! On croirait qu'il parle à un domestique.
Camus, Possédés,1959, 1repart., 1ertabl., p. 932.
♦ Fruit vert [P. réf. au fruit qui n'est pas arrivé à maturité] Très jeune fille. C'était un cœur de femme encore enfant, ravie À sa mère inconnue en venant à la vie; Fruit vert que mûrissait la prostitution (Lamart., Chute,1838, p. 986).
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[P. allus. à la Bible] ♦ [Matthieu, 12, 33] Proverbe. On connaît l'arbre à son fruit. ,,On connaît les personnes à leurs œuvres et les choses à leurs résultats`` (Ac. 1932).
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[Genèse, 3, 3] Le fruit de l'arbre de vie. Fruit de l'arbre de la connaissance que Dieu avait défendu à Adam et Ève de manger : 4. ... ouvrez la Bible (...), vous verrez dans ce livre, Dieu interdire à l'homme le fruit de l'arbre de vie, qui communique la science du Bien et du Mal.
Sénac de Meilhan, Émigré,1797, p. 1843.
Au fig. Fruit défendu. Chose d'autant plus désirée qu'elle est interdite. L'attrait du fruit défendu. Les œillères que l'on met aux filles (...) ne font que les émoustiller davantage, en leur inspirant le désir du fruit défendu (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p. 53):5. Son inquiétude de femme de quarante ans rôdait autour de l'inquiétude de cette puberté (...). Sans s'en rendre compte, elle lui eût donné le goût du fruit défendu, s'il avait eu besoin qu'on lui en donnât le goût.
Montherl., Bestiaires,1926, p. 503.
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P. allus. littér. (
cf. Verlaine,
Poèmes saturn., 1866, p. 82).
Le ver est dans le fruit : 6. ... nous serons sûrement victorieux des Boches, nous ne le serons pas des ennemis du dedans, le ver est dans le fruit, il n'y a plus rien à faire, rien à espérer.
Green, Journal,1944, p. 154.
2. Au plur., littér. Produits issus de la terre, d'une façon générale : 7. ... un propriétaire a cédé à quelques socialistes un hectare de terrain en pleine campagne. Ils le feront clore, y mettront quelques animaux et, sans travailler, y vivront « des fruits de la terre ».
Renard, Journal,1895, p. 271.
− P. anal. Fruits de mer. Crustacés, coquillages comestibles provenant de la mer. Les chercheurs de fruits de mer trouvent [l'oursin]. Ils le coupent en quatre et le mangent cru, comme l'huître (Hugo, Travaill. mer,1866, p. 257).