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FRAIS1, FRAÎCHE, adj., adv. et subst.

FRAIS1, FRAÎCHE, adj., adv. et subst.
A.− Qui est à une température relativement basse, qui est presque froid ou un peu froid.
1. [En parlant de l'atmosphère, quand la température est assez basse; d'un lieu, d'un moment, d'une période où règne une telle température] Air, vent, temps frais; matinée, nuit fraîche; printemps frais; le fond de l'air est frais; avoir les mains fraîches. Grandes écuries vides, hautes et fraîches comme une cathédrale (Renard, Journal,1908, p. 1205).Une vague de vent fraîche et pure qui, venue de l'Océan, avait couru sur les cimes des pins innombrables (Mauriac, Génitrix,1923, p. 331):
1. Nous trouvons fraîche en été et tiède en hiver une cave dont la température ne varie pas sensiblement avec les saisons. Cournot, Fond. connaiss.,1851, p. 140.
Emploi adv. Il fait frais. Le temps est frais (et parfois humide); il règne une atmosphère fraîche (et humide). Synon. fam. frisquet.La température enfin baisse. Il fait presque frais au matin (16 degrés) (Gide, Retour Tchad,1928, p. 948).Il fait très frais sur ces hauteurs, quelque mille mètres (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 36).
Rem. Avoir frais, loc. La grotte fera une salle où l'on aura frais et où l'on ira prendre le café (Balzac, A. Savarus, 1842, p. 31).
Emploi subst.
a) Le frais, subst. masc. Air frais; température fraîche. Sentir, respirer le frais. Permettez-moi d'aller me rasseoir sur la pierre du perron; le frais du soir me détendra les nerfs (Theuriet, Mariage Gérard,1875, p. 48).
Prendre le frais. Jouir de l'air frais du dehors. On prend le frais, au fond du jardin, en famille. Le serein mouille un peu les bancs sous la charmille (Hugo, Contempl.,1856, p. 37).La société prend le frais sur la terrasse. Le lent crépuscule joue dans le ciel avec un croissant de lune (Duhamel, Nuit St Jean,1935, p. 151).
Loc. adv. Au frais. Dans un endroit frais ou froid, à l'abri de la chaleur. Au frais et au sec; tenir au frais; mettre du beurre au frais. Table mise, champagne au frais, melons à l'ombre (Gozlan, Notaire,1836, p. 282).Ses olives et ses anis au frais dans des seaux d'eau de puits (Malraux, Espoir,1937, p. 515).
Vx, au fig. À l'écart du monde. Les hommes se mettent beaucoup trop au frais, ce me semble, pour admirer le génie de l'homme (Sainte-Beuve, Portr. contemp.,t. 5, 1846-69, p. 463).
Loc. fam., p. plaisant. Mettre qqn au frais. Le mettre en prison. Synon. fam. mettre à l'ombre.
b) La fraîche, subst. fém., dans la loc. adv. fam. à la fraîche. À l'heure du jour ou de la nuit où il fait frais.
Sortir à la fraîche. Demain matin, on mettrait les voiles, sur les quatre heures, à la fraîche (Colette, Fin Chéri,1926, p. 73).Dans un endroit frais. De jeunes cyclistes, chargés de provisions qui s'en allaient sans doute déjeuner à la fraîche, dans les bois (Martin du G., Thib., Été 14, 1936, p. 333).V. aussi C 3 subst. fém.
2. Au fig. Dépourvu de cordialité, de chaleur humaine; qui marque de la froideur, de la réserve. Réserver, recevoir un accueil (assez, plutôt) frais. Synon. froid.− Eh bien, vrai! moi qui pensais vous surprendre! Pour un vieux serviteur, voilà ce qui peut s'appeler un accueil plutôt frais (Duhamel, Combat ombres,1939, p. 108):
2. Enfin des remarques désagréables... On est reparti sans se dire « au revoir »... On avait bien deux heures de route pour rentrer chez nous à Blême... On avait tout le temps de repenser à ce frais accueil! Céline, Mort à crédit,1936, p. 604.
3. Spéc. [En parlant d'une boisson] Agréablement froid, rafraîchissant et/ou désaltérant. Vin frais; eau fraîche; verre d'eau fraîche; vivre d'amour et d'eau fraîche. Boissons fraîches. Rafraîchissements. Une pinte de bière fraîche, qui moussait doucement dans des pots de grès, sur les tables d'auberge (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 241).Enfoncé dans son fauteuil de rotin, devant deux hauts verres de menthe fraîche couverts de buée (Malraux, Conquér.,1928, p. 32):
3. « ... Veux-tu boire quelque chose de frais? Whisky? Non? ... Roy va te fabriquer une citronnade » (...) Roy pressait un citron sur de la glace pilée... Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 118.
Emploi adv. Le vin coulait frais dans la gorge, vous laissait au palais une rustique et bonne âpreté (Genevoix, Raboliot,1925, p. 134).
Boire, servir frais. Boire, servir une boisson refroidie ou rafraîchie jusqu'à une température agréable. Boire frais mais non glacé. Chose étrange, on accepte de ne plus boire frais; on accepte une eau presque tiède (Gide, Retour Tchad,1928, p. 935).
Emploi subst. fém.
Pop. De la fraîche. De l'eau potable.
Loc. exclam., vx. [Cri de marchands de boissons ambulants] À la fraîche! Rafraîchissez-vous, achetez des boissons fraîches! Les marchands de coco criaient : − À boire, à la fraîche! (Balzac, Melmoth,1835, p. 348).
4. P. anal. Qui donne
a) Qui donne une sensation de fraîcheur agréable.
[Sensation gustative et tactile] Du raisin et ces tomates crues qui sont des choses fraîches pour l'été (Montherl., Songe,1922, p. 156).
[D'un vin jeune, fruité et d'une certaine acidité] Reprenez plutôt hardiment de ce petit vin, il est franc comme l'or et frais comme l'œil (Bernanos, Dialog. Carm.,1948, 3etabl., 9, p. 1634).
[Sensation tactile et thermique] Léger et agréable à porter en été, qui ne dégage pas de chaleur. Étoffe, robe fraîche. Elle flottait dans la voluptueuse ampleur d'un frais vêtement d'été (Michelet, Journal,1849, p. 27).Belles jeunes filles que chaque été ramène dans les châteaux d'alentour, vêtues d'étoffes fraîches (Bernanos, Mouchette,1937, p. 1303).
b) Qui donne une impression de fraîcheur, de légèreté (synesthésie des sensations).
[Sensation olfactive] Haleine fraîche; fraîche odeur, senteur. Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle; Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala (Hugo, Légende,t. 1, 1859, p. 85).Une odeur fraîche de lilas montait du jardin de l'Évêché (Zola, Rêve,1888, p. 41).
Emploi adv. Sentir frais. Dégager une odeur de propreté :
4. ... mais il trouvait, tous les soirs, un feu flambant, la table servie, des meubles souples, et une femme en toilette fine, charmante et sentant frais, à ne savoir même d'où venait cette odeur, ou si ce n'était pas sa peau qui parfumait sa chemise. Flaub., MmeBovary,t. 1, 1857, p. 69.
[Sensation auditive] Timbre, rire frais; voix fraîche et pure; frais babil. Le bruit harmonieux et frais de l'eau soulevée par les avirons (Sand, Lélia,1833, p. 38).Une de ces causeries gazouillantes qui font le bruit d'une source, un de ces babillages frais, limpides, intarissables, qui se brisent dans un éclat de rire (Goncourt, R. Mauperin,1864, p. 134).
Emploi adv. Une Madelon bien coiffée, Blanche et limpide, et riant frais (Hugo, Chans. rues et bois,1865, p. 63).
[Sensation visuelle] Tons frais; frais coloris; vert frais. Le satin bleu fait toujours à merveille en tenture. Est-ce frais! (Balzac, Sarrasine,1831, p. 405).Il a deux petits yeux clairs, d'un bleu frais, presque froid (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 69):
5. Je trouvai sur sa table une dizaine de volumes aux fraîches couleurs de bonbons acidulés : des Montherlant vert pistache, un Cocteau rouge framboise, des Barrès jaune citron, des Claudel, des Valéry d'une blancheur neigeuse rehaussée d'écarlate. Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 185.
B.− Qui est tout nouveau, récent.
1. Qui vient d'arriver, de se produire. Plaie, blessure, trace, marque (toute) fraîche; souvenir, exemple frais. Les volumes, arrivés récemment de Paris, exhalaient une odeur de papier frais et d'encre neuve (Bourget, Disciple,1889, p. 95).Je vous comprends. La Libération est encore toute fraîche; vous nagez tous en pleine euphorie (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 35):
6. Des trous, des cratères, les uns tout neufs, tout frais, d'un jaune d'argile éclatant, les autres vieillis et pleins d'herbe. Au milieu de ces vestiges était le camp des travailleurs forcés. Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 360.
Air frais. Air vivifiant, riche en oxygène. Anton. air vicié.Au fig. Idées nouvelles ou climat nouveau. Faire circuler un peu d'air frais dans qqc. Rajeunir. Synon. sang frais, sang neuf.Courant d'air frais qui balaie les faux chagrins. Je voudrais que mon prochain roman fût plus aéré que Climats (Maurois, Mes songes,1933, p. 155).V. air1ex. 53.
P. ext. Des nouvelles fraîches. Synon. récent.Son mari, d'après de très fraîches nouvelles, était en bonne santé (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 2, 1823, p. 620).Prendre de leurs nouvelles que je me faisais déjà un plaisir de lui apporter toutes fraîches! (Billy, Introïbo,1939, p. 88).
Loc. adv. De fraîche date (v. date C 1).Anton. de longue, de vieille date.
Région. (Est). Vache fraîche. Vache qui vient de vêler, fraîchement vêlée. Roesel est fraîche à lait; je veux lui laisser nourrir sa petite génisse blanche (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 51).
Emploi adv. [Précédant un part. passé-adj., avec accord au fém.] Tout récemment, depuis peu. Synon. fraîchement, récemment, nouvellement.
a) Frais débarqué. Petite pensionnaire, fraîche émoulue du couvent, causait avec une pénétration exquise (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 219).Une escadrille ennemie, fraîche arrivée d'Italie, était partie de Talavera ce matin-là pour Tolède (Malraux, Espoir,1937, p. 577).
b) [En rapport avec fraîcheur C 2] Foin frais coupé; rose fraîche éclose; café frais moulu; frais cueilli, repassé, imprimé. Voilà un paquet de roseaux tout frais coupés de ce matin (A. Daudet, Arlésienne,1872, II, 2etabl., 2, p. 386).Un tablier blanc, frais lavé, fleurant encore le grand air et le vent (Guèvremont, Survenant,1945, p. 58).
Rem. Parfois certains écrivains ne font pas l'accord au fém. Tête frais tondue (Mauriac, Nœud vip., 1932, p. 92). Moules bien frais pêchées (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p. 18).
Loc. adv. De frais. Depuis peu. Rasé, badigeonné, lavé de frais. Et ses joues roses, ses yeux bleus si clairs et ses sourcils jaune d'or avaient l'air peints de frais (Barbusse, Feu,1916, p. 179).La maison était alors, si j'en crois mes souvenirs, sinon ravalée de frais, du moins fort avenante (Duhamel, Terre promise,1934, p. 72).
2. [En parlant de choses corruptibles, périssables, qui s'altèrent rapidement]
a) Qui vient d'être produit, récolté, fourni ou employé, et qui n'est pas encore altéré (ou qui a gardé toutes ses qualités par un procédé de conservation). Lait, beurre, pain frais; œufs (extra) frais; paille, herbe, fleur fraîche; crème fraîche. Anton. sec, avarié, pourri.Sur les quatre heures, ces demoiselles mettaient dans la poche de leur tablier un croûton frais et des cerises (Pourrat, Gaspard,1930, p. 96).J'ai du caviar tout frais, arrivé de ce matin (Bourdet, Sexe faible,1931, II, p. 390):
7. le chœur. − Attends, je vais te montrer quelque chose. Tu sais ce que font les ménagères pour voir si les œufs sont frais? l'ours. − Elles les mirent dans un rayon de soleil pour juger ainsi de leur transparence. Claudel, Ours et lune,1919, 3, p. 616.
Loc. exclam., région. (Ouest). À la fraîche! [Cri des marchands de poissons, en parlant de la marée fraîche] La voix est couverte par les bruits du marché. − À la fraîche, à la fraîche! (Camus, État de siège,1948, p. 203).
b) [En parlant d'un produit, d'un aliment] Qui est consommé tel quel, sans préparation de conservation, dès sa production. Chair* fraîche (anton. mariné, faisandé, salé, fumé); poisson frais (anton. salé, fumé, séché, surgelé, en conserve, en boîte); légumes frais (anton. secs); fruits frais (anton. secs, séchés); (petits) fours frais, pâtisserie fraîche. De jolies lèvres, des dents blanches comme des quartiers de noix fraîches (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 283).Cette nuque couleur d'abricot frais (Montherl., Olymp.,1924, p. 328):
8. Ce gibier fut mangé frais, mais on conserva les jambons de cabiai, en les fumant au-dessus d'un feu de bois vert, après les avoir aromatisés avec des feuilles odorantes. Verne, Île myst.,1874, p. 117.
3. Qui n'a pas encore séché (après une application par exemple). Encre, colle (encore) fraîche; sang frais; attention, peinture fraîche! J'ai une chambre d'ami, ou j'aurai, car les plâtres sont encore trop frais pour habiter (Balzac, Corresp.,1838, p. 421).L'enfant glisse comme une ombre sur le carrelage frais encore du dernier lavage (Duhamel, Notaire Havre,1933, p. 148):
9. Aimé descendit pour l'aider. À eux deux, ils montèrent les meubles; et tout se passa bien, seul le dessus de la table à tréteaux, à cause des tournants, leur donna des difficultés. − Faites bien attention, leur criait d'en bas MmeSallé, les vernis sont frais! Ramuz, A. Pache,1911, p. 114.
4. Au fig. Argent frais. Argent liquide qui vient d'arriver, fonds nouveaux qui alimentent une trésorerie. Mon oncle le banquier (...) regorge d'argent liquide, d'argent frais (L. Daudet, Entremett.,1921, p. 136).On vous arrache de force votre vie! Et pour en faire quoi? Du capital frais, dans les coffres des grands banquiers! (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 695).
Emploi subst. fém., arg. Argent monnayé (ds Esn. 1966).
C.− Qui a gardé l'éclat, la vigueur de ce qui est nouveau.
1. [En parlant d'êtres vivants, de pers. ou d'un aspect extérieur de la pers.]
a) Qui donne une impression agréable de vie, de jeunesse, de santé. Une femme âgée encore fraîche; frais comme le jour, comme l'œil, comme une fleur, comme une pomme d'api; fraîche et rose; visage, teint frais; peau, bouche, lèvres fraîche(s); fraîche carnation. Anton. fané, flétri.De beaux yeux, les joues fraîches, la taille bien prise, toutes choses qui annoncent de la santé chez une femme (Becque, Corbeaux,1882, II, 4, p. 115).Encore jolie par exemple, et encore fraîche, avec les pommettes bien roses, comme certains vieillards ont le don de les conserver (Loti, Pêch. Isl.,1886, p. 23):
10. Cette belle et forte fille, fraîche, réjouie, à l'air sain, d'une gaieté débordante et d'un féroce appétit s'inquiétait de sa santé. Elle gémissait sur sa faiblesse, tout en mangeant comme quatre. Rolland, J.-Chr.,Adolesc., 1905, p. 333.
b) [En parlant d'une pers. ou de son comportement] Qui est plein d'allant, d'entrain, sans marque de fatigue. Se sentir frais et dispos (v. ce mot ex. 2); frais comme l'œil; esprit frais. Synon. gaillard, reposé, en forme.J'ai vu l'Empereur (...) lever la séance avec les idées aussi nettes, la tête aussi fraîche qu'au commencement (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 225).Pour avoir bien dormi je me sens ce matin d'humeur si fraîche que je ne reconnais plus l'homme harassé que j'étais hier (Gide, Journal,1931, p. 1085):
11. Carlotta, écrasée par les émotions des jours précédents, avait dormi magnifiquement, rassurée, et reposée, fraîche, ce matin, elle avait une beauté d'aurore et une jeunesse que Quesnel ne lui connaissait pas. Aragon, Beaux quart.,1936, p. 488.
Spéc. Troupes fraîches, chevaux frais. Troupes, chevaux destinés à remplacer ceux qui sont fatigués. À trois lieues seulement de la ville, tout au matin, je changeai de monture et en pris une plus fraîche pour arriver (Sainte-Beuve, Volupté,t. 2, 1834, p. 53).Et même les démarches sont si alertes qu'on imaginerait des troupes fraîches nouvellement débarquées et prêtes à rejoindre le front (Bordeaux, Fort de Vaux,1916, p. 75):
12. Je suggérai également au lieutenant-général Wilson d'opérer un échange entre les divisions britanniques fraîches qui se trouvaient en Italie et des divisions fatiguées de France qui iraient achever leur reconstitution au delà des Alpes. Foch, Mém.,t. 2, 1929, p. 231.
c) Au fig., fam. et iron. Être frais. Être dans une situation embarrassante, être mal en point physiquement ou moralement. Nous voilà frais! Synon. avoir bonne mine, être dans de beaux draps.Me voilà frais, avec celle-ci qui pleure encore! (Genevoix, Raboliot,1925, p. 60).Ça nous fera trois heures de sommeil. Nous serons frais. − Dormez cet après-midi, lui dis-je (Abellio, Pacifiques,1946, p. 370):
13. Car, ajouta le maître de poste en prenant un air piteux, le mérite n'est pas grand'chose en ce pays-ci, c'est le rang qu'on a et la noblesse qui font tout. « En ce cas je suis frais », [it. ds le texte] pensa Lucien. Stendhal, L. Leuwen,t. 1, 1836, p. 78.
2. [En parlant de choses concr.] Qui a, ou a gardé, l'aspect du neuf, du propre. Chapeau, gants frais; linge frais; peintures, tapisseries encore fraîches; toilette fraîche. Anton. sali, terni, usé, dégradé.Je fis ma toilette avec un soin singulier et choisis ma plus fraîche cravate (France, Vie fleur,1922, p. 530).Les draps de lit, pas frais, sentaient l'urine (Malègue, Augustin,t. 2, 1933, p. 313):
14. À quatre heures, la grosse Joséphine m'invita à mettre ce que j'appelais « mes plus beaux vêtements ». En l'espèce, une robe de popeline écossaise, rose et bleue, que j'avais eue quatre ans plus tôt, mais qui, rarement portée, était restée très fraîche. Gyp, Souv. pte fille,1927, p. 240.
3. MAR. Vent frais. Vent relativement fort et froid, dont la vitesse est comprise entre 22 et 33 nœuds (selon l'échelle de Beaufort), favorable à la navigation (d'apr. Sizaire Marine 1972). Brise fraîche. Pour peu que la brise fût fraîche, la mer s'élevait d'une manière alarmante pour la conservation de nos mâts (Voy. Pérouse,t. 3, 1797, p. 57).
Emploi subst. masc. Vent assez froid et assez fort. [Avec une épithète antéposée] La force du vent. Grand, joli, beau frais. Les vents étaient au sud-ouest, petit frais, la nuit très-claire (Voy. Pérouse,t. 2, 1797, p. 387).Il ventait bon frais, et la barque faisait six à sept milles à l'heure (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 384):
15. Poussés par les grands frais de l'Ouest, les grands voiliers franchissent en 24 jours, sans voir terre, la distance entre le Cap et Wellington. Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p. 262.
Emploi subst. fém. La fraîche. Vent faible du matin ou du soir. Synon. brise de terre, brise de mer (selon qu'elle vient de la terre ou de la mer).
4. [Dans l'ordre moral, psychol.]
a) [P. allus. hist.] La guerre fraîche et joyeuse (p. iron.). Formule résumant une phrase écrite par le Kronprinz en 1913. Le balcon doré, d'où l'Empereur, le 2 août 1914, annonçait au peuple de Berlin que rien ne résisterait à la guerre fraîche et joyeuse (Tharaud, Qd Israël n'est plus roi,1933, p. 154).La guerre fraîche et joyeuse, c'était une grande fille à face rose, qui riait aux éclats (Romains, Hommes bonne vol.,1939, p. 62).
Emploi p. ell. Talonné par la fraîche et joyeuse, l'exode fait bourdonner les vieilles amitiés et les nouvelles connaissances. On flirte, on pelote, on fera mieux ce soir (H. Bazin, Tête contre murs,1949, p. 570).
b) D'une grande candeur, d'une pureté morale extrême. Fraîche joie; imagination fraîche; âme fraîche et naïve. Synon. candide, pur, spontané.Cette maison lui rappelait les plus fraîches années de sa vie, les plus pures scènes de sa jeunesse (Sand, Pauline,1841, p. 180).L'éternelle jeunesse de la nature encadre de fraîche poésie les œuvres du lointain Moyen Âge (Michelet, Chemins Europe,1874, p. 133):
16. Cette fois encore, en effet, une espèce de curiosité aussi fraîche, aussi neuve que celle des enfants devait finir par l'emporter sur le premier mouvement du dégoût, et elle essayait d'assister en spectatrice à sa propre aventure. Bernanos, Joie,1929, p. 600.
Fam., p. iron. D'une pureté douteuse. Synon. propre.Elle est fraîche, votre politique! (Rob.)
REM.
Fraîchet, ette, adj.Légèrement frais ou tout frais. Air fraîchet (Lorrain, Contes chandelle,1897, p. 18).Eau fraîchette (Montherl., Bestiaires,1926, p. 531).
Prononc. et Orth. : [fʀ ε], fém. [fʀ ε ʃ]. Enq. : /fʀeʃ, (D)/ fraîche. La différence entre la finale du masc. et celle du fém. s'explique étymologiquement : dans le fém. [ʃ] vient de l'anc. [k] devant [a] de frisca; dans le masc. [k] devenu final ne s'est pas maintenu. Ds Ac. dep. 1694 (fém. fraische ds Ac. 1694 et 1718). Devant un autre adj. ou un part. passé frais a la valeur d'un adv. et devrait, par conséquent, être invar. Cette règle est suivie par certains auteurs, mais on observe le plus souvent l'accord que ce soit devant consonne ou devant voyelle : une robe fraîche repassée, une lettre fraîche écrite. Cette remarque vaut pour grand* : des fenêtres grandes ouvertes et en partie pour tout*, car s'il y a variabilité devant consonne : elle fut toute choquée, on respecte, cependant, l'invariabilité devant voyelle : elle fut tout émue, bien que les dernières mises au point de l'Ac. admettent aussi maintenant : toute émue. Noter que cela ne change rien à la prononc. contrairement à frais/fraîche et à grand/grande dans lequel au masc. d final sonne assourdi dans la liaison devant voyelle : grand ouvert [gʀ ɑ ̃tuvε:ʀ]. L'usage n'hésite pas dans le cas de court : elle allait court vêtue et dans celui de nouveau : une petite fille nouveau-née. Au masc. plur. on ne peut distinguer s'il y a variation devant un masc. plur. : des loups frais sortis du bois (cf. Dupré 1972, p. 1056). Homon. frai, frais2, certaines formes de frayer, fret. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. a) [Fin xies. fresc « (vin) frais, tiré immédiatement du tonneau » (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1)]; ca 1100 fresche (herbe) « qui est tout à fait récent, qui n'est pas altéré (en parlant de choses corruptibles) » (Roland, éd. J. Bédier, 2492); adv. 1393 « récemment, nouvellement » (Ménagier, éd. Ste Bibliophile fr., t. 2, p. 90 : les perdris [...] sont fresches tuées); b) 1160-74 frois « ce qui n'est ni salé, ni fumé » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 2889); c) 1563 argent frais « argent récemment reçu » (Ronsard, Eglogue, 104 ds Œuvres complètes, éd. P. Laumonier, t. 12, p. 99); d) 1643 « qui vient d'être appliqué, qui n'est pas encore séché » (Rotrou, Bélissaire, II, 9 ds Littré : écriture fraîche); 2. a) 1155 fresche (vertu) « qui a recouvré ses forces, sa vitalité » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 12831); b) 1160-74 un destrier tot freis « qui respire la santé et la vie » (Id., Rou, éd. A. J. Holden, III, 8352); c) ca 1165 fresche (flor) « qui a de l'éclat, du lustre » (B. de Ste-Maure, Troie, 26904 ds T.-L.); 3. mar. a) 1559 vent frais « vent qui souffle avec une certaine force et bon pour faire route » (Amyot, Pompée, 110 ds Littré); b) 1643 frez subst. « vent » (Fournier, Hydrographie contenant la théorie et la pratique de toutes les parties de la navigation, p. 8), emploi isolé; de nouv. 1691 (beau) frois « vent favorable à des degrés plus ou moins forts » (Ozanam). B. Ca 1200 frais « légèrement froid » (Aiol, 9029 ds T.-L.); 1549 fraiz subst. « air frais, température fraîche » (Du Bellay, Deffence et illustration de la langue françoyse, éd. H. Chamard, p. 160, 31); fin xives. il fait fresc adv. (Froissart, Chroniques, éd. G. Raynaud, t. 10, p. 288, 5-6). Du germ. occ. *frisk « récent, inaltéré, frais »; cf. a. h. all. frisc « id. » (Graff t. 3, col. 832); m. h. all. vrisch « récent, inaltéré, vigoureux » (Lasch-Borchl.); all. frisch « nouveau, récent; légèrement froid ». Fréq. abs. littér. : 5 921. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 8 152, b) 9 097; xxes. : a) 9 365, b) 7 717. Bbg. Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø, 1972, pp. 164-165; p. 227, 232, 234, 236. − Wolf (H.-J.). Kratylos. 1973 [1974], t. 18, p. 83.

FRAIS2, subst. masc. plur.

FRAIS2, subst. masc. plur.
A.− Dépenses de toutes sortes occasionnées par quelque chose.
1. Coût d'une opération, argent employé à quelque chose. Frais de nourriture, de logement, d'habillement, d'entretien, de chauffage, d'éclairage; frais élevés; causer, entraîner, occasionner des frais, de gros frais. Elle trouvait le moyen de rogner sur les petits frais infimes. Ainsi, elle supprima un tiers du lait, elle ne mit plus d'entremets sucré que le dimanche (Zola, Dr Pascal,1893, p. 180).Elle se chargeait de me procurer un cheval très doux. (Naturellement tous les frais lui incomberaient) (Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 124):
Cette somme se trouvait grevée de beaucoup de frais notables : frais de succession, frais d'étude, et, surtout, frais de recherches réclamés par les agences péruviennes. L'ensemble de ces débours s'élevait − j'ai conservé toutes ces affreuses paperasses − au chiffre effarant de sept mille trois cent quinze francs. Duhamel, Le Notaire Havre,1933, p. 233.
SYNT. Frais d'abonnement, d'administration; de déplacement, d'équipement, d'exploitation, d'impression, d'inscription, d'installation, de loyer, de main-d'œuvre, de maladie, d'hospitalisation, de maternité, d'accouchement, d'optique, de pharmacie, de voyage, de transport, de publicité, de réparation, de séjour, de vente, de personnel, de manutention; frais chirurgicaux, dentaires, pharmaceutiques; frais funéraires, de dernière maladie; allocation pour frais de garde; facturation, montant, note de frais; répartition recouvrement, remboursement des frais; participation aux frais; avancer, augmenter, couvrir, diminuer, engager, épargner, éviter, imputer, payer, réduire, rembourser, supporter des frais; fournir, pourvoir, subvenir, participer aux frais; dédommager, indemniser des frais; reculer devant les frais.
Faux frais. (Menues) dépenses, généralement imprévues, s'ajoutant à la dépense principale. Sans compter les faux frais. Je vous montrerai le catalogue. Expédition et faux frais, mettons deux cent vingt, tout compris, mais payé comptant (Martin du G., Vieille Fr.,1933, p. 1042).Avec ce que m'a pris ta mère et les faux frais, il ne m'en reste pas lourd de cet argent (Anouilh, Sauv.,1938, II, p. 179).
Tous frais payés. Pour une rétribution nette, les dépenses occasionnées étant payées par ailleurs. Un jour, dans l'autre, ça te rapporterait dans les cent francs, tous frais payés (Giono, Baumugnes,1929, p. 23).Qu'est-ce que c'est que le prix Goethe? − Je n'en sais rien. On m'offre cinq mille dollars, tous frais payés (Green, Journal,1949, p. 243).
Rentrer dans ses frais. Être remboursé ou dédommagé de ses débours, sans bénéfice ni perte. Il va porter ses petits volumes à toutes les foires : il en a deux mille à placer. Il est sûr de rentrer dans ses frais (Renard, Journal,1902, p. 738).Et vous attendiez patiemment l'occasion de rentrer dans vos frais, vous pensiez : « Il ne coûte pas cher (...) » (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1489).
2. Somme allouée pour effectuer certaines dépenses reconnues nécessaires. Frais de représentation, de mission. Mais il n'a eu ni solde arriérée, ni frais de route, ni pension (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 88).
B.− Au fig. Effort considérable, notamment pour plaire. Frais d'amabilité, de coquetterie, d'éloquence (infra loc. se mettre en frais de). Il n'a pas fallu certes beaucoup de frais d'esprit et d'imagination pour enrichir le répertoire des extravagances humaines de cette ridicule et scandaleuse parade (Lamennais dsL'Avenir,1831, p. 287).
C.− Loc. diverses au propre et au fig.
1. Loc. adv.
À grands frais. En faisant de grandes dépenses et au fig. en se donnant beaucoup de peine. Florian fut élevé dans le château bâti à grands frais par son aïeul (France, Vie littér.,1888, p. 189).Vingt ou trente villes montent à grands frais des Universités, des Conservatoires, des Écoles de tous les arts (Larbaud, Journal,1934, p. 342).
À peu de frais. En dépensant peu, économiquement et au fig. sans grands efforts, facilement. Synon. à moindres frais.Le désir (...) de se créer, à peu de frais, une certaine réputation (Comte, Philos. posit.,t. 4, 1839-42, p. 1112).La vie était moins chère là que partout ailleurs, et l'on y pouvait soutenir son luxe à peu de frais (A. Daudet, Rois en exil,1879, p. 79).
À frais communs (dr. et cour.). En partageant les dépenses, chacun sa part et au fig. en unissant les efforts. C'est un pique-nique; nous frétons la voiture à frais communs (...) c'est une affaire de vingt-cinq francs pour nous deux (Augier, Lionnes,1858, IV, p. 17).Rouges, blancs, bleus, le lapidèrent à frais communs. Ce fut un tutto d'ironies, d'attaques, de méchancetés (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 123).
À moitié frais (vx). En partageant les frais par moitié. Les deux grandeurs de la monarchie capétienne s'en allèrent côte à côte la rejoindre, à moitié frais, dans une benne mérovingienne (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 619).
Sur (de) nouveaux frais (au fig.). En reprenant (une affaire) depuis le début; derechef, de nouveau. Son enthousiasme avait des répits, des jours de diète ou de viande creuse de journaliste. Il lui fallait s'efforcer ensuite, et repartir sur de nouveaux frais (Barrès, Renan,1888, p. 6).Tu connais des heures où un pauvre désir de sagesse te soulève. Tu voudrais recommencer sur nouveaux frais. Au collège, tu avais déjà ce goût des plans de vie (Mauriac, Écrits intimes,Du côté Proust, 1947, p. 165).
2. Loc. prép.
Aux frais de. Pour le compte de, la dépense étant payée par et au fig. sur le compte de. Aux frais de la commune, de l'État, de la princesse*. Une vaste église a été tout récemment édifiée en l'honneur de Notre-Dame des Ardents et de la « Sainte Chandelle », aux frais de pieux particuliers (Verlaine, Œuvres posth.,Souv. et fantais., t. 1, 1896, p. 227).Un dîner mondain dans toute son horreur. On s'est diverti aux frais des absents (...) tous tarés, toutes salies! (Renard, Œil clair,1910,p. 180).
3. Loc. verb.
Se mettre en frais. Faire des dépenses inhabituelles et considérables dans une occasion donnée; au fig. faire des efforts particuliers, notamment pour plaire. Cependant la maison de l'Estorade s'était mise en frais (...) pour ce dîner, qui nous a été servi dans une vieille argenterie noire et bosselée (Balzac, Mém. jeunes mariées,1842, p. 179).Vous ne cessez pas d'être étourdissant. Vous le serez, hein? Je suis content que vous veniez. Vous vous mettrez en frais, dites, vous nous amuserez, vous (Renard, Monsieur Vernet,1904, I, 8, p. 231).
P. ell., rare. Cet affreux homme se fait aimable à tous, surtout en frais pour ceux qu'il connaît le moins (Colette, Cl. s'en va,1903, p. 8).
Se mettre en frais de + subst. Se mettre en frais d'amabilité, d'éloquence. Quand on se met une fois en frais d'idéal, il est plus simple de ne pas s'arrêter à mi-chemin dans ses souhaits d'ambition (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 1, 1851, p. 68).Si, la première fois, elle s'était mise en frais de sourires pour le recevoir, c'était par une coquetterie instinctive de petite fille (Rolland, J.-Chr., Matin, 1904, p. 186).
Péj. [À la forme impér. et négative] S'efforcer en pure perte (de faire quelque chose). Eh, monsieur, ne vous mettez pas en si grands frais de sensibilité (L.-B. Picard, Charlatans,t. 8, 1821, p. 491).Ne vous mettez pas en frais de phrases polies (...) pour moi, je ne parle pas ou je suis sincère (Stendhal, Rom. et nouv.,t. 2, 1842, p. 277).
Faire des frais (pour qqn). Faire des dépenses inhabituelles; au fig. déployer des efforts d'amabilité, de charme, de politesse, etc. Je m'habille, je me fais belle (...) et tout à coup je m'aperçois que j'ai fait des frais pour les cygnes, les canards (A. Daudet, Fromont jeune,1874, p. 56).Sa cousine, très gracieuse, se fouettait pour « faire des frais », voulant montrer qu'elle était sincèrement ravie (Gyp, Pas jalouse,1893, p. 113).
Faire ses frais. Synon. de rentrer dans ses frais; au fig. être récompensé de ses peines.Non [je ne suis pas « volé »] − répondit le brigand en déployant à son tour un paquet de foulards [volés par lui], j'ai fait mes frais (Sue, Myst. Paris,t. 6, 1843, p. 43).Il faut que je m'amuse un peu avant de prendre congé! Je veux faire mes frais (Balzac, Marâtre,1848, III, 9, p. 104).
Faire les frais. Fournir à la dépense; au fig. être récompensé de ses peines (cf. supra faire des frais).
Faire les frais de (qqc.)
[Le suj. est une pers. physique ou collective, plus rarement une chose] Payer la dépense. Il y a des régions où les chasses sont si coûteuses que le propriétaire, même s'il est riche, n'en peut faire seul les frais (France, Anneau améth.,1899, p. 133).
Au fig. Être la victime, la dupe. Si la France (...) était destinée par l'Allemagne à faire les frais d'un conflit anglo-allemand (...) elle se soulèverait (...) contre cet attentat (Jaurès, Paix menacée,1914, p. 230).
[Le suj. est une chose] Constituer la matière, l'essence de. Mademoiselle de Verneuil achevait un repas dont le beurre, le pain et le laitage firent tous les frais (Balzac, Chouans,1829, p. 273).Ce n'est plus [Malagar] une propriété comme il y en a des milliers d'autres, mais une symphonie écrite pour moi seul dont ma vie fait les frais (Mauriac, Nouv. Bloc-notes,1961, p. 107).
Faire les frais de la conversation
[Le suj. est une pers.] Être celui qui (seul ou plus que les autres) entretient la conversation. Caroline ne dit plus rien et ne tourne pas les yeux de mon côté. L'oncle fait seul les frais de la conversation (Kock, Cocu,1831, p. 301).La tante Joséphine n'était pas loquace, et Marguerite et Geneviève étaient timides. Ce fut l'Abbé qui fit tous les frais de la conversation (Gyp, Souv. pte fille,1928, p. 138).
[Le suj. est une pers./chose] Constituer le thème principal ou unique de la conversation. La conversation continua. La Comédie pastorale en fit d'abord tous les frais (A. Daudet, Pt Chose,1868, p. 262).Les événements de France faisaient les frais de la conversation, et on discutait à perte de vue sur les conséquences de l'émeute qui avait éclaté le matin même à Paris (Benoit, Atlant.,1919, p. 206).
En être pour ses frais. Ne rien gagner par rapport à la dépense faite. Mais mes trois places de coupé?... j'en serai donc pour mes frais? (Labiche, Deux papas,1845, 14, p. 458).
Au fig. S'être mis inutilement en peine, être déçu. Je lui fais croire que j'ai mal aux yeux (...) Malheureusement, le truc commence à s'user. La dernière fois (...) j'ai vu le moment où j'allais en être pour mes frais (Courteline, Ronds de cuir,Lunettes, 1891, p. 173).
Arrêter les frais. Cesser les dépenses d'une affaire sans avenir et au fig., fam. cesser de se donner de la peine pour rien. Le plus sûr est d'arrêter les frais et risques, et de laisser faire aux gens de cœur (Claudel, Pain dur,1918, II, 3, p. 451).J'écris au milieu de hurlements sans nom, avec du piano au fond, et une auto monstrueuse dans la rue pète et grogne. Donc tout ceci ne compte pas. Et je vais arrêter les frais (Valéry, Lettres à qq.-uns,1945, p. 86).
Payez les frais de (la guerre). Assumer les frais d'une action. Au fig. J'ai préféré payer les frais de la guerre que de faire croire à l'ennemi que je n'avais pas le courage d'entrer en campagne (Balzac, Corresp.,1822, p. 151).
Au fig. Subir les conséquences fâcheuses de quelque chose. Synon. fig. payer les pots cassés, être le dindon de la farce.Lui seul payait les frais de la grève. Il sentait bien qu'on buvait à son désastre (Zola, Germinal,1885, p. 1523).
D.− Domaines spécialisés
1. ÉCON., COMPTAB., COMM. Frais d'une entreprise. Dépenses concernant une entreprise (création, fonctionnement, production). Le Royaume-Uni (...) participe comme la France à la troisième [entreprise] (...) dont l'objet est de subvenir aux frais de fonctionnement d'un réacteur norvégien expérimental à eau lourde bouillante (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 135).
Frais d'établissement. Dépenses occasionnées par la création d'une entreprise. Les bénéfices s'il s'en présente, après amortissement des frais d'établissement et des « faux frais » ou de la perte, seront versés à un fonds de réserve (Gide, Corresp.[avec Claudel], 1911, p. 162).Les frais d'établissement comportent : les documents de travail (...) les fiches, les fichiers, les dossiers, les classeurs, le matériel (...) et le local nécessaire (Bernaténé, Comment concevoir docum.,1964, p. 25).
Frais de fabrication. Dépenses occasionnées par la fabrication, variables selon la quantité de production. [Le gouvernement] dans ce cas, (...) bénéficie des frais de fabrication au moment où il conclut le marché (Say, Écon. pol.,1832, p. 254).
Frais de production. Dépenses occasionnées par la production. Synon. prix de revient.C'étaient les frais de production qui réglaient la valeur des produits (...) jamais les produits ne sont vendus d'une manière suivie à un prix inférieur à leurs frais de production (Say, Écon. pol.,1832p. 322).
Frais généraux. Dépenses occasionnées par le fonctionnement d'une entreprise et qui s'ajoutent aux frais de production. Il employa toute la semaine à chercher deux chevaux (...) et à faire imputer son équipage sur les frais généraux du journal (Balzac, Fille Ève,1839, p. 146).Le coût de subsistance du travail salarié est une partie des frais généraux ou coûts fixes de la nation (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 343).
Frais fixes, de période. Dépenses insensibles aux variations économiques, sans rapport direct avec la production réelle. [Le] « prix de revient » dont la réduction peut être obtenue en étalant les frais fixes sur une production ou des ventes accrues et de meilleure qualité (L'Univers écon. et soc.,1960, p. 4407).Ces bureaux furent rapidement réorganisés, de façon à alléger les frais fixes de personnel et de locaux (Jocard, Tour. et action État,1966, p. 238).
Frais variables. Dépenses qui dépendent de la production. La partie du prix de vente qui dépasse le montant global des frais variables et fixes constitue le bénéfice (Villemer, Organ. industr.,1947, p. 175).Frais (...) variables (frais de cueillette, de conditionnement et de stockage liés au volume de la récolte) (Boulay, Arboric. et prod. fruit.,1961, p. 115).
Frais directs. Dépenses qui concernent une commande de marchandises. Assurer, en sus des frais directs de manutention et de répartition de la marchandise, le bénéfice à dix ou douze pour cent du grand capital commercial (Jaurès, Ét. soc.,1901, p. 127).Les frais directs à montant inconnu. Cas de la fourniture de force motrice, de gaz ou d'eau, à un atelier muni d'un compteur particulier (Villemer, Organ. industr.,1947p. 202).
Frais indirects. Dépenses qui concernent l'ensemble des commandes. Quand j'aurais évalué les pertes, les infidélités, l'ouvrage mal fait, les frais indirects, je suis persuadé que je trouverais ma toile très-chère (Senancour, Obermann,t. 2, 1840, p. 119).
2. DR. Coût d'un acte juridique ou d'une formalité légale. Frais de justice, de douane, d'enregistrement, de procédure, de vente, d'un procès, d'un jugement; frais et loyaux coûts; être condamné aux frais et dépens; frais de timbre, de recouvrement; premier avertissement sans frais; net de frais et d'imposition. La broutille, cette foule de petits actes qui surchargent les mémoires de frais et consomment du papier timbré (Balzac,Illus. perdues,1843,p. 582).28 janvier. − Sommation avec frais du percepteur. Ça me change des Bulletins de la Grande Armée (Bloy, Journal,1903, p. 147).
Prononc. et Orth. : [fʀ ε]. Ds Ac. dep. 1694. On lie l's au plur. Homon. frai1, frai2, frais1, fraie, formes de frayer, fret. Étymol. et Hist. 1. 1260 frais au plur. « dépenses » (E. Boileau, Métiers, 214 ds T.-L.); 2. dr. a) 1549 « dépenses pour la passation d'un acte et pour tout ce qui doit en résulter » (Est. : fraiz et loyaulx cousts); b) 1585 « dépenses occasionnées par l'accomplissement d'un acte judiciaire ou d'une formalité prescrite par la loi » (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, t. 1, p. 316). Plur. de l'a. fr. fret, frait proprement « dommage qu'on cause en rompant quelque chose » (1266, Escrit Andriu de le Vourc ds Gdf. Compl.); d'où « dépense destinée à le réparer » (ca 1276. A. de La Halle, Jeu d'Adam, 481 ds T.-L.), par l'intermédiaire de la loc. paier le fret proprement « payer le bris, le dégât » (1216, G. Le Clerc, Fergus, 108, 4, ibid.). Du lat. pop. fractum « frais, dépense » (xiiies. ds Nierm.), neutre subst. du lat. class. fractus « brisé, morcelé », part. passé adjectivé de frangere « briser, rompre ». Fréq. abs. littér. : 2 282. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 722, b) 3 556; xxes. : a) 3 018, b) 2 807.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·