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FLANQUANT, ANTE, part. prés. et adj.

FLANQUANT, ANTE, part. prés. et adj.
A.− ARCHIT. Qui flanque, qui se trouve sur le côté, aux angles d'un édifice. Avec ses tours d'angles chaperonnées et ses tours flanquantes, il [le château] se présentait comme une énorme et sinistre construction (Druon, Chute corps,1950, p. 137).Mesdin était une considérable forteresse à trois enceintes (...) hérissée de tours flanquantes (Druon, Poisons couronne,1956, p. 123).
B.− ART MILIT. Qui est situé de façon à défendre un ouvrage, un édifice. Les positions flanquantes de la rive gauche permettaient de prendre l'adversaire sous les feux convergents (Joffre, Mém.,t. 2, 1931, p. 213).
Feux flanquants. Qui prennent l'adversaire de flanc. Des feux rapides et flanquants partent du Waldchen et des bois environnants (Foch, Princ. guerre,1911, p. 181).
Prononc. et Orth. : [flɑ ̃kɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Ds Ac. dep. 1762. Fréq. abs. littér. : 23.

FLANQUER1, verbe trans.

FLANQUER1, verbe trans.
A.−
1. [L'obj. premier désigne une construction]
a)
α) Qqn flanque qqc.1de qqc.2Ajouter une construction (un bâtiment généralement annexe) sur le(s) flanc(s) ou en angle (d'un édifice, d'un ensemble architectural). Cet étrange logis est inhabitable : on l'a flanqué d'une ferme, on l'a entouré d'un assez joli jardin d'arbres fruitiers (About, Grèce,1854, p. 361).Mon grand-père (...) s'est donné tant de peine pour déguiser sa maison en château (et jusqu'à le flanquer d'une tourelle supplémentaire) (Mauriac, Journal,1937, p. 106).
β) Qqc.2flanque qqc.1Être édifié, construit sur le(s) flanc(s) ou en angle (d'un édifice, d'un ensemble architectural). Deux pavillons à terrasses balustrées flanquaient la porte de bronze qui s'ouvrait sur une vaste cour (Péladan, Vice supr.,1884, p. 51).À Chambord, des tours féodales flanquent un édifice symétrique (Hourticq, Hist. art.,Fr., 1914, p. 151).
γ) Fréq. au part. (passif). Le clocher roman, aujourd'hui stupidement châtré et restauré, était flanqué, il y a peu d'années encore, de quatre tourelles-vedettes comme la tour militaire d'un burgrave (Hugo, Rhin,1842, p. 125).C'était un grand corps de logis flanqué de deux ailes en retour (Lorrain, Contes chandelle,1897, p. 71).
Rem. La docum. atteste les constr. flanquer à et flanquer par. Cet appentis était flanqué d'un côté par la cuisine, de l'autre par un bûcher (Balzac, Illus. perdues, 1843, p. 11). C'était un pavillon carré, flanqué à une tour fort ancienne et à une autre construction plus ancienne encore (Sand, Beaux MM. Bois-Doré, t. 1, 1858, p. 64).
b) FORTIFICATION
α) Qqn flanque qqc.1de qqc.2Ajouter un/des ouvrage(s) défensif(s) aux abords ou sur le(s) flanc(s) (d'un édifice). Les seigneurs féodaux flanquaient leurs châteaux de remparts et de fossés (Davau-Cohen1972).
β) Qqc.2flanque qqc.1[Le suj. désigne un ouvrage défensif] Bastions qui flanquent la courtine (cf. Ac., Rob., Lar. Lang. fr.), casemates flanquant un retranchement (cf. Ac., Rob.,). Le palais épiscopal de Lormières a l'aspect d'une vieille forteresse. De hautes tours crénelées flanquent à l'ouest et à l'est un énorme corps de logis (Fabre, Abbé Tigrane,1873, p. 79).
Au part. passé (passif). Sur chaque berge se dresse une formidable citadelle, flanquée d'énormes bastions à l'européenne, avec des embrasures qui laissent paraître des canons Armstrong (Loti, Fleurs ennui,1882, p. 31).La maison était une sorte de corps de garde flanqué de murailles épaisses (Giono, Angelo,1958, p. 222).
Emploi pronom. réciproque. Leur défense [des villes] ne devint parfaite que lorsqu'aux tours on eut substitué des bastions qui se flanquaient dans tout leur périmètre (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 337).
2.
a) P. ext. [L'obj. premier désigne un inanimé concr.]
α) Qqn flanque qqc.1de qqc.2Disposer, placer quelque chose de part et d'autre ou sur un des côtés de quelque chose. On a eu la fâcheuse idée de la flanquer [la statue] à gauche et à droite de deux bassins, de ces bassins ridicules que les petits boutiquiers retirés font creuser dans leurs villas (Zola, Doc. littér.,Chateaubriand, 1881, p. 10).
β) Qqc.2flanque qqc.1
Être disposé, placé de part et d'autre ou sur le(s) côté(s) de quelque chose. Deux bergères de tapisserie flanquaient la cheminée en marbre jaune (Flaub., Cœur simple,1877, p. 4).Dès la fin du mois de décembre, la Nouvelle-Calédonie se trouvait donc menacée et d'autant plus qu'elle flanquait l'Australie, objectif principal de l'ennemi (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 189):
1. La chambre (...) était la banale chambre aux chaises recouvertes de damas rouge, à l'armoire à glace d'acajou, à la cheminée garnie d'une pendule de zinc, que flanquaient des coquillages et des vases de fleurs artificielles sous globe. Zola, Débâcle,1892, p. 404.
Fréq. au part. passé. [En parlant d'une route ou d'une voie de circulation] Border. Rue flanquée de maisons. Les blessés gagnèrent le haut de l'éminence qui flanquait la route à droite (Balzac, Chouans,1829, p. 43).La nuit qui était partout, ouvrait, entre les maisons de plâtre qui flanquent la chaussée, de grands carrés sombres (Carco, Équipe,1919, p. 15):
2. Sachez donc, ô ministre austère, Qu'un trottoir est plus pratiqué, S'il est plus que l'autre flanqué De bistros. C'est tout le mystère. Ponchon, Muse cabaret,1920, p. 33.
Emploi pronom. passif. La rue Boulibet ressemblait (...) aux routes nationales, lorsqu'elles traversent les bourgs riches et qu'elles se flanquent (...) de grosses maisons à deux étages (Sartre, Nausée,1938, p. 212).Le chemin (...) se flanque de nombreuses barrières (H. Bazin, Huile sur feu,1954, p. 177).
γ) Au part. passé. Maison flanquée d'un jardin, assiette flanquée de couverts, table flanquée de deux bancs. Un lit (...) flanqué d'un côté d'un Clouet qui peut être un Clouet, mais de l'autre, d'un Greuze de quarante sous, qui me fait douter du Clouet (Goncourt, Journal,1888, p. 862).Les rangées de lits bien blancs flanqués chacun d'une petite commode et d'une chaise (Verlaine, Œuvres compl.,t. 5, Confessions, 1895, p. 43).
b) P. anal., au part. passé.
α) Présenter quelque chose en même temps que quelque chose. La moindre invitation était prétexte à festins. Six et sept services, de quatre plats chacun, (...) flanqués d'autant de hauts crus savamment choisis suivant les viandes (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 177).
β) Présenter quelque chose après quelque chose; précéder ou succéder à quelque chose. Je ne permets pas que vous avilissiez la beauté du monde, en mettant dans le même panier les saintes harmonies et les ignominies; en donnant, comme vous faites couramment, le prélude de Parsifal entre une fantaisie sur La Fille du régiment et un quartetto de saxophones, ou un adagio de Beethoven flanqué d'un air de cake-walk et d'une ordure de Leoncavallo (Rolland, J.-Chr.,Révolte, 1907, p. 434).
c) HÉRALD. [En parlant d'un écu] Au part. passé adj. Qui est divisé du côté des flancs soit par deux demi-ovales, soit par deux demi-losanges prenant naissance à l'angle supérieur du chef et finissant au bas de l'écu (d'apr. Adeline, Lex. termes art, 1884). L'écusson des Blamont-Chauvry : écartelé de gueules à un pal de vair, flanqué de deux mains appaumées de carnation et d'or à deux lances de sable mises en chevron (Balzac, Lys,1836, p. 35).Subst. masc. à valeur de neutre. Le Flanqué (...) se trace comme l'Écartelé en sautoir; mais, ici, le premier et le quatrième Quartier forment un seul tout, flanqué de deux « blasons » distincts − ou du même « blason » répété (P.-B. Gheusi, Le Blason,Paris, M. Darantière, 1933, p. 178).
3. Dans le domaine milit.
a) Qqc. flanque qqc.Défendre un front, un côté, par un tir parallèle. [Des batteries] occuperont des emplacements (...) d'où elles pourront flanquer les angles morts (Paloque, Artill.,1909, p. 384).Les tranchées étaient soigneusement défilées (...), des pièces de 75, montées en éclipse, flanquaient traîtreusement les redans en première ligne (Cendrars, Homme foudr.,1945, p. 20).
b) Qqc. flanque qqn.Défendre par un élément de protection, de surveillance. Les masses d'infanterie s'avancent en carrés flanqués d'une immense artillerie (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 2, 1823, p. 14).À une certaine distance, s'avançait Chmienicki, avec ses régiments réguliers formés en tabor, c'est-à-dire flanqués de plusieurs lignes de chariots (Mérimée, Cosaques d'autrefois,1865, p. 216).
B.−
1. Souvent fam. et péj. Flanquer qqn de qqn.Placer une ou plusieurs personnes au(x) côté(s) d'une autre. Demoiselle d'honneur, on l'avait flanquée [Marie-Louise La Mortagne] de ce silencieux Américain (Toulet, Demois. La Mortagne,1920, p. 144).Mais l'attention du comte de Poitiers se tournait surtout vers son cousin, le duc de Bourgogne (...) qu'il avait flanqué de la comtesse Mahaut (Druon, Loi mâles,1947, p. 125):
3. Las de se relayer auprès d'elle (...) dans le petit salon (...) on l'avait flanquée d'une amie de pension et d'une vieille cousine rabâcheuse et dévorée de curiosité... Aymé, Travelingue,1941, p. 19.
Emploi pronom. réfl. Il n'y a que la plus profonde misère qui puisse conseiller à un enfant de huit ans de livrer ses pieds et ses articulations aux plus durs supplices (...) et de se flanquer d'une horrible vieille comme vous mettez du fumier autour d'une jolie fleur (Balzac, Comédiens,1846, p. 305).
Rem. Rare. Emploi pronom. réfl. avec le sens de « se faire accompagner ou assister d'une ou de plusieurs personnes ». Quelques conflits s'étant élevés entre l'astiqueur et l'épileur au sujet des limites répartitives de leurs fonctions, Tityre comprit la nécessité d'un arbitre, qui se flanqua de deux avocats pour et contre (Gide, Prométhée, 1899, p. 336).
2. Qqc. flanque qqn.Serviteur flanqué de valises. La vieille Annou marchait ensuite, flanquée d'un énorme parapluie bleu et de Jacques (A. Daudet, Pt Chose,1868, p. 19).
3. Qqn flanque qqn.Accompagner, se trouver aux côtés de quelqu'un. Cydalise flanqua le Brésilien, et Bixiou fut mis à côté de la Normande, Malaga prit place à côté du duc (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 372).Quatre soldats nous flanquaient, de peur que je ne m'échappe (Arnoux, Calendrier Fl.,1946, p. 220).L'homme (...) aux yeux de jais, que flanquaient toujours Françoise Liberté, la fille aux belles mamelles, au teint d'aurore de la République adolescente, et la sage-femme à lunettes (Arnoux, Roi,1956, p. 266).
Au part. passé. Tout un monde centre-gauche, avec des crânes administratifs, flanqués d'épouses légèrement bleutées de prétentions littéraires (Goncourt, Journal,1876, p. 1128).
REM.
Flanqueur, subst. masc.Soldat d'infanterie ou de cavalerie qui appuyait les flancs d'une armée, d'une colonne. Nous étions à l'arrière de la colonne [de prisonniers] (...). Et je bouscule un flanqueur pour me cavaler (D'Esparbès, Ceux de l'an 14!1917, p. 183).
Prononc. et Orth. : [flɑ ̃ke]. Demi-longueur de la voyelle rad. ds Passy 1914. Ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. 1555 « garnir sur les flancs, à l'aide d'un ouvrage défensif, d'une construction ou d'un élément architectural » (Ronsard, Meslanges ds Œuvres complètes, éd. P. Laumonier, t. 6, p. 206, 32); 2. 1564 « protéger une (armée) sur le flanc » (Thierry); 3. 1568 « être édifié sur le côté (d'une construction) » (R. Garnier, Porcie, 1017 ds Œuvres, éd. W. Foerster, t. I, p. 47). Dér. de flanc*; dés. -er.

FLANQUER2, verbe trans.

FLANQUER2, verbe trans.
Fam. et pop.
I.− [Avec un compl. prép. locatif; avec indication de mouvement] Jeter, envoyer, mettre brutalement ou brusquement qqn ou qqc. quelque part. Flanquer quelqu'un à la rue; flanquer en l'air, par la fenêtre, du haut de l'escalier. Synon. pop. ficher, foutre.Aujourd'hui, (...) pour un oui, pour un non, on vous flanque en prison et on vous envoie au pré pour le restant de vos jours (Ponson du Terr., Rocambole,t. 3, 1859, p. 446).Quand je traversais le pont, il [le chien] s'est foutu dans mes jambes, il m'a bien flanqué par terre (Montherl., Songe,1922, p. 125).Il fait trembler le comptoir d'un coup de poing formidable, et il avale un dernier petit verre, et il flanque ses sous à la figure du bistroquet (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 195).
[Avec un datif] C'était un gamin de quatorze ans que les garde-marine avaient découvert à fond de cale (...) − Vingt coups de garcette, s'était écrié le capitaine, et flanquez-le-moi par-dessus bord! (Cendrars, Bourlinguer,1948p. 11).Flanquez-moi cette dondon à la porte, James, sinon je vais moi-même l'attraper par la perruque (Aymé, Mouche,1957, p. 100).
Locutions
Flanquer qqn à la porte, à/dans la rue, la rivière, etc. Le congédier, le renvoyer, s'en débarrasser. Ils me doivent quatre termes et tout mon vin (...) je ne peux pas en avoir un sou!... (...) je vas chez l'huissier de ce pas, pour faire flanquer tous ces gens-là dans la rue (A. Daudet, Contes lundi,1873, p. 119):
1. ... comment vous traitait-on dans cette maison? − Moi? très bien d'abord, et puis très mal ensuite. Quand maman a vu que je gâtais son affaire, elle m'a flanqué à l'eau. − Comment ça? − (...) c'est bien simple. J'ai fait quelques fredaines vers seize ans; alors ces gouapes-là m'ont mis dans une maison de correction, pour se débarrasser de moi. Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Champ d'oliv., 1890, p. 91.
Flanquer qqc. ou qqn par terre, à bas. Réduire à néant, détruire, renverser. Tu as vu comme je lui ai flanqué sa quinte par terre? Elle en était retournée, la vieille (Zola, Conquête Plassans,1874, p. 976).À la fin, il m'embête, le jury!... Dites donc, voulez-vous que je le démolisse... Vous me donnerez des notes, n'est-ce-pas? et nous le flanquons par terre (Zola, Œuvre,1886, p. 88).
Flanquer qqc. en l'air. Jeter, se débarrasser de.
Flanquer à la tête, à la figure, par la face, etc.
[S'emploie pour signifier que l'on refuse, que l'on dédaigne ce qui est proposé] Vous figurez-vous l'émoi de M. Alexandre, chargé d'aller régler les frais de rupture, et trouvant pour le recevoir, à ce chevet d'agonisante (...) devinez qui? (...) La mère du mari (...) on a flanqué par la face de maître Alexandre ses offres d'argent (A. Daudet, Pte paroisse,1895, p. 172).
[Pour reprocher] Elle me l'avait déjà flanqué à la figure [le contenu d'une note] une ou deux fois, en nous chicanant (Léautaud, Journal littér.,1, 1893-1906, p. 220).
Flanquer (qqn) dedans. Synon. foutre (qqn) dedans*.
Flanquer (qqc.) sur les bras (de qqn). Se décharger d'une affaire (généralement désagréable).
Emploi pronom. réfl. [Elle] Va à l'homme (...) lui demande ce qu'il lui a promis (...) ouvre la fenêtre et lui dit : « Je me flanque par la fenêtre, comme Dieu est mon maître! » L'autre s'exécuta (Goncourt, Journal,1862, p. 1074).Réfl. indir. S'en flanquer jusque-là. Faire bombance. Alors, c'est bien convenu, tu m'envoies à ce dîner (...) je vais m'en flanquer jusque-là (Becque, Parisienne,1885, II, 7, p. 310).
Se flanquer par terre. Tomber, faire une chute. Se flanquer en l'air. Se suicider, se détruire.
II.− [Avec un compl. datif]
A.− Donner. Synon. pop. ficher, foutre (vulg.).Nous sommes riches, nous vous flanquerons une fête qui stimulera votre imagination (Balzac, Début vie,1842, p. 449).L' sexe, y a tout d'même que ça pour vous flanquer du cœur au ventre (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Souv., 1882, p. 170).J'évite de le punir [le fils d'un gaulliste-communiste] je m'arrange pour lui flanquer de bonnes notes. Quelle misère (Aymé, Uranus,1948, p. 181):
2. Comme si vous ne devriez pas avoir honte de vous faire flanquer quatre mille balles pour ne rien fiche, que rigoler tout bas et que ronfler tout haut depuis le jour de l'an jusqu'à la Saint-Sylvestre, pendant que les copains triment à votre place. Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 4etabl., I, p. 130.
Je vous/t'en flanque mon billet*.
Je vous /t'en flanquerais (de qqc.) [S'emploie pour montrer son désaccord avec les propos, les actions, l'attitude, etc. d'une pers.] On lui en flanquerait de la vertu! C'était toujours ces bégueules-là qui s'en donnaient à crever (Zola, Nana,1880, p. 1303):
3. À la fin des fins, elle dort (...). C'est pas malheureux! (...) Quelle scie que les enfants! (...) celle-là surtout (...) elle est gâtée! (...) Si t'étais à moi, va! (...) je t'en flanquerais de la docilité... Labiche, Fille bien gardée,1850, I, 1, p. 267.
Flanquer ses huit jours (à qqn), congé. Renvoyer. Je lui ai fait flanquer congé pour octobre (Zola, Pot-bouille,1882, p. 255).J'imagine (...) que tu lui as flanqué ses huit jours [à la bonne] (Renard, Lanterne sourde,1893, p. 48).
[Le compl. désigne une action violente ou désagréable pour qqn] Flanquer une danse, une fessée à qqn. Si j'étais fort comme Hercule, (...) quelle pile (...) quelle belle pile, je flanquerais à cet ignoble voyou! (Gyp, Mar. civil,1892, p. 54).Pour moi, j'aurais préféré le voir recourir à des moyens plus directs, comme de lui flanquer à ta mère un coup de pied dans le ventre (Aymé, Quatre vérités,1954, p. 193).
Flanquer un abatage. Réprimander violemment. Notre chameau de concierge a fait passer un de ses protégés avant nous, de peur, croyons-nous, de ne pas recevoir un deuxième denier à Dieu. J'en ai été réduit à lui flanquer un abatage court et soigné (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1907, p. 104).
Flanquer sur la gueule (à qqn). Frapper quelqu'un, se battre avec lui. Synon. pop. foutre.Et puis, là, au milieu de l'eau, où ça aurait pu avoir l'excuse du sauvetage, je te lui en aurais flanqué sur la gueule tant et plus, à bien me passer mon envie. Après, je lui aurais dit : « Ah, vous savez, si j'ai frappé un peu fort, c'est que vous me teniez les jambes » (Giono, Baumugnes,1929, p. 199).
Emploi pronom. réciproque. Se flanquer une tripotée. L'Italie est tellement exaspérée que, si Emmanuel ne se battait pas, il sauterait. Les bons Italiens vont donc se flanquer une tournée avec l'Autriche (Flaub., Corresp.,1856, p. 215):
4. Du matin au soir dans la rue, à traîner, à se flanquer des piles pour une orange pourrie trouvée dans le ruisseau... On allait renifler les coquilles des veinards qui se gobergeaient d'oursins, sur le trottoir, avec un verre de blanc... (...). Ah, putain! mes joies familiales!... Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 43.
B.− [Le compl. désigne l'état physique ou psychique dans lequel qqn ou qqc. met qqn] Flanquer la frousse, la fièvre, le trac. Synon. pop. foutre.Le doute m'a toujours flanqué la fièvre (Zola, Corresp.,t. 2, 1877, p. 463).
Emploi pronom. réfl. indir. Se flanquer une cuite, une indigestion. Servin (...) disparaissait de la maison, se flanquant une cuite de quarante huit heures, de soixante heures, au bout desquelles la pauvre femme allait le ramasser plus mort que vif chez quelque marchand de vin (Goncourt, Journal,1886, p. 558).
Flanquer la paix (à qqn). Le laisser tranquille, cesser de l'importuner. Synon. pop. foutre, ficher la paix (à qqn).Allons, flanque-moi la paix, je te prie (Sand, Meunier d'Angib.,1845, p. 302).
Rem. La docum. atteste des emplois de flanquer au sens de « dire avec brusquerie ou brutalité ». Le malin des malins, c'était Fagerolles, auquel il [Claude] flanquerait ses quatre vérités (Zola, Œuvre, 1886, p. 178).
Prononc. et Orth. : [flɑ ̃ke]. [ɑ ̃ ˑ] ds Passy 1914. Ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. [1596 « jeter contre le flanc de quelqu'un (?) » (Hulsius, Dictionnaire françois-alemand ds FEW t. 16, p. 212b)]; 1619 [éd. 1634] « donner (des baisers) » (Le Cabinet satyrique, p. 611 ds DG); 1680 « donner (une gifle, etc.) » (Rich.); 2. a) 1690 se flanquer « se placer mal à propos » (Fur.); b) 1800 « jeter, mettre quelque chose » (Aude, MmeAngot, III, 4, p. 35 ds IGLF : ils veulent me flanquer [ces ornements] sur la tête). Dér. de flanc*; dés. -er.
STAT. − Flanquer1 et 2. Fréq. abs. littér. : 973. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 502, b) 1 642; xxes. : a) 2 600, b) 1 262.
BBG. − Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 431. − Quem. DDL t. 5.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·