A.− Donner. Synon. pop. ficher, foutre (vulg.).Nous sommes riches, nous vous flanquerons une fête qui stimulera votre imagination (Balzac, Début vie,1842, p. 449).L' sexe, y a tout d'même que ça pour vous flanquer du cœur au ventre (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Souv., 1882, p. 170).J'évite de le punir [le fils d'un gaulliste-communiste] je m'arrange pour lui flanquer de bonnes notes. Quelle misère (Aymé, Uranus,1948, p. 181):2. Comme si vous ne devriez pas avoir honte de vous faire flanquer quatre mille balles pour ne rien fiche, que rigoler tout bas et que ronfler tout haut depuis le jour de l'an jusqu'à la Saint-Sylvestre, pendant que les copains triment à votre place.
Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 4etabl., I, p. 130.
♦ Je vous/t'en flanque mon billet*.
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Je vous /t'en flanquerais (de qqc.) [S'emploie pour montrer son désaccord avec les propos, les actions, l'attitude, etc. d'une pers.] On lui en flanquerait de la vertu! C'était toujours ces bégueules-là qui s'en donnaient à crever (Zola, Nana,1880, p. 1303):3. À la fin des fins, elle dort (...). C'est pas malheureux! (...) Quelle scie que les enfants! (...) celle-là surtout (...) elle est gâtée! (...) Si t'étais à moi, va! (...) je t'en flanquerais de la docilité...
Labiche, Fille bien gardée,1850, I, 1, p. 267.
♦ Flanquer ses huit jours (à qqn), congé. Renvoyer. Je lui ai fait flanquer congé pour octobre (Zola, Pot-bouille,1882, p. 255).J'imagine (...) que tu lui as flanqué ses huit jours [à la bonne] (Renard, Lanterne sourde,1893, p. 48).
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[Le compl. désigne une action violente ou désagréable pour qqn] Flanquer une danse, une fessée à qqn. Si j'étais fort comme Hercule, (...) quelle pile (...) quelle belle pile, je flanquerais à cet ignoble voyou! (Gyp, Mar. civil,1892, p. 54).Pour moi, j'aurais préféré le voir recourir à des moyens plus directs, comme de lui flanquer à ta mère un coup de pied dans le ventre (Aymé, Quatre vérités,1954, p. 193).♦ Flanquer un abatage. Réprimander violemment. Notre chameau de concierge a fait passer un de ses protégés avant nous, de peur, croyons-nous, de ne pas recevoir un deuxième denier à Dieu. J'en ai été réduit à lui flanquer un abatage court et soigné (Alain-Fournier, Corresp. [avec Rivière], 1907, p. 104).
♦ Flanquer sur la gueule (à qqn). Frapper quelqu'un, se battre avec lui. Synon. pop. foutre.Et puis, là, au milieu de l'eau, où ça aurait pu avoir l'excuse du sauvetage, je te lui en aurais flanqué sur la gueule tant et plus, à bien me passer mon envie. Après, je lui aurais dit : « Ah, vous savez, si j'ai frappé un peu fort, c'est que vous me teniez les jambes » (Giono, Baumugnes,1929, p. 199).
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Emploi pronom. réciproque. Se flanquer une tripotée. L'Italie est tellement exaspérée que, si Emmanuel ne se battait pas, il sauterait. Les bons Italiens vont donc se flanquer une tournée avec l'Autriche (Flaub., Corresp.,1856, p. 215):4. Du matin au soir dans la rue, à traîner, à se flanquer des piles pour une orange pourrie trouvée dans le ruisseau... On allait renifler les coquilles des veinards qui se gobergeaient d'oursins, sur le trottoir, avec un verre de blanc... (...). Ah, putain! mes joies familiales!...
Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 43.
B.− [Le compl. désigne l'état physique ou psychique dans lequel qqn ou qqc. met qqn] Flanquer la frousse, la fièvre, le trac. Synon. pop. foutre.Le doute m'a toujours flanqué la fièvre (Zola, Corresp.,t. 2, 1877, p. 463).♦ Emploi pronom. réfl. indir. Se flanquer une cuite, une indigestion. Servin (...) disparaissait de la maison, se flanquant une cuite de quarante huit heures, de soixante heures, au bout desquelles la pauvre femme allait le ramasser plus mort que vif chez quelque marchand de vin (Goncourt, Journal,1886, p. 558).
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Flanquer la paix (à qqn). Le laisser tranquille, cesser de l'importuner. Synon. pop. foutre, ficher la paix (à qqn).Allons, flanque-moi la paix, je te prie (Sand, Meunier d'Angib.,1845, p. 302).Rem. La docum. atteste des emplois de flanquer au sens de « dire avec brusquerie ou brutalité ». Le malin des malins, c'était Fagerolles, auquel il [Claude] flanquerait ses quatre vérités (Zola,
Œuvre, 1886, p. 178).