a) [Avec prép., en fonction adv. ou adj.]
α) Tout bien considéré, en dernier ressort. Synon. en définitive, enfin, finalement.− À la fin (souvent en exclamation, en signe d'impatience). Ce ton impérieux m'étonne, à la fin (Lemercier, Pinto,1800, IV, 8, p. 130).Cette appréhension de la rapidité et du néant, à la fin, gâte toute jouissance (Delacroix, Journal,1853, p. 69).
− À la fin des fins (fam.). Voyons, tu causes trop, à la fin des fins (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 383).Petit à petit, elle va l'oublier et à la fin des fins, si elle n'en trouve pas un qui soit mieux, elle épousera maître Panisse (Pagnol, Fanny,1932, I, 2etabl., 3, p. 73).
− À la fin du compte*. Et d'ailleurs, à la fin du compte, l'office des martyrs n'est pas de manger, mais d'être mangés (Bernanos, Dialog. Carm.,1948, 3etabl., 15, p. 1647).En fin de compte (usuel). [Il] se disait qu'en fin de compte il payerait, quand il le voudrait bien, plus de trois mille francs d'impositions directes (Sandeau, Sacs,1851, p. 1).Il suffit qu'il [le consentement au bien] dure pour qu'en fin de compte l'âme tout entière ne soit que bien (Weil, Pesanteur,1943, p. 113).
β) Sans fin. Sans limites, sans bornes, interminable. Arabesques, discussion(s), oscillation sans fin; bavarder, répéter sans fin. Je suis perdu dans des rêveries et des lectures sans fin ni fond (Flaub., Corresp.,1859, p. 346).Mais voyant le chapelet qui glissait sans fin entre ses doigts il s'abstint de l'interrompre (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p. 130).−
TECHNOLOGIE ♦ Chaîne, courroie sans fin. Dont les extrémités sont réunies l'une à l'autre. Au milieu du cellier, dans un trou de puits gardé par une barrière de fer, une chaîne sans fin descendait aux crayères les paniers pleins et remontait les paniers vides (Hamp, Champagne,1909, p. 151).P. métaph. Ainsi se fait la chaîne sans fin des violences (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 143).
♦ Vis sans fin. Vis dont les filets sont en contact avec une roue dentée à laquelle elle imprime un mouvement de rotation perpendiculaire à celui de la vis. La voiturette Peugeot (...) était caractérisée par son « bloc » arrière comportant le moteur (...) le renvoi par vis sans fin et l'ensemble des deux roues motrices, très rapprochées, ce qui permet de se passer de différentiel (Tinard, Automob.,1951, p. 364).
b) verbales − Être à sa fin (rare). Le jour n'étant pas encore à sa fin (Chateaubr., Martyrs,t. 1, 1810, p. 158).
− Faire une fin. Adopter un genre de vie stable, le plus souvent en se mariant. Synon. se ranger.Il [l'abbé Prévost] revint aux armes, il les quitta de nouveau, et parut vouloir faire une fin, en prenant l'habit de bénédictin en 1721 (Sainte-Beuve, Portr. littér.,t. 3, 1844-64, p. 453).Il avait trente sept ans, commençait à se faner légèrement, et la douairière trouvait qu'il était pour lui grand temps de faire « une fin avantageuse » (Gyp, Mar. civil,1892, p. 69).Ça l'embête de l'épouser car il n'a pas encore envie de faire une fin (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 43).
− Mettre à fin (vieilli). Terminer. Ainsi chevauchant, il mettoit à fin, par cent coups de lance fameux, toutes ces aventures chantées par nos poëtes (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 491).Le 19 janvier, je mets à fin l'œuvre infiniment pénible qu'elle exigeait de moi et qui sans cesse m'isolait de sa pensée : l'achèvement du troisième volume (Michelet, Journal,1849, p. 13).
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Mettre fin à. Terminer, faire cesser quelque chose. De Paris, il s'associa par de chaleureuses lettres à la révolution qui mit fin aux gaietés sanglantes de l'empire noir (France, Chat maigre,1879, p. 176).Nous allons mettre fin à cette mascarade (Anouilh, Répét.,1950, III, p. 82).♦ Mettre fin à ses jours, à son existence. Se tuer, se suicider. Il s'en est peu fallu que je ne misse fin à ma vie (Taine, Notes Paris,1867, p. 329).Chez les anciens Danois, chez les Celtes, chez les Thraces, le vieillard arrivé à un âge avancé met fin à ses jours (Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 226).
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Mener à fin (vieilli). Sachant mener à fin les choses qu'il entreprenait (Barante, Hist. ducs de Bourg.,t. 4, 1824, p. 370).J'en demande pardon à la propreté bretonne, il me semble que la grande affaire de la vaisselle était bientôt menée à fin entre le chien et la servante, l'un de la langue, l'autre du torchon (Nerval, Nouv. et fantais.,1855, p. 153).♦ Mener à bonne fin. Conduire à sa conclusion, achever. On ne s'occupa plus que de mener à bonne fin l'exploration des plus secrètes portions de l'île (Verne, Île myst.,1874, p. 534).En me demandant de désigner un chef qualifié pour mener cette entreprise difficile à bonne fin (Joffre, Mém.,t. 2, 1931, p. 102).
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Prendre fin. Se terminer, cesser. La nuit prenait fin (Huysmans, Sœurs Vatard,1879, p. 12).Son commandement a pris fin quand le dernier de ses hommes est tombé (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 207).♦ Tirer, toucher à sa fin. Cet amour, qui chez lui tirait à sa fin (Sand, Indiana,1832, p. 185).Comme le repas touchait à sa fin (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 275).
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N'avoir ni commencement ni fin : 3. Le zéro est le nombre sacré. C'est sur lui que tout repose. Sa forme est mystérieuse. Il n'a ni commencement ni fin. Il étreint sans saisir. Sans être, il paraît; et la sphère des mondes est un grand zéro qui se trace vide dans le vide espace.
Quinet, Ahasvérus,1833, 3ejournée, p. 235.