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FERME1, adj., adv. et interj.

FERME1, adj., adv. et interj.
I.− Adjectif
A.− [En parlant d'un inanimé concr.] Qui présente une certaine résistance à la pression, qui est consistant sans être dur. (Quasi-)synon. compact, consistant; anton. flasque, mou, souple, tendre.Un vivant (...) chancelle entre le ciel et le gouffre. Le sol n'est pas ferme sous ses pas, mais ébranlé d'un tremblement qui fait choir les tours et les colonnes (Durry, Nerval,1956, p. 180):
1. Toutes les feuilles sont luisantes et fermes, analogues à celles du laurier, de l'yeuse; pas d'équivalent de celles du coudrier, par exemple, dont la consistance molle et feutrée, comme spongieuse à la lumière, donne au rayon qui les traverse une coloration verdorée, et fait aux halliers normands leur mystère. Gide, Voy. Congo,1927, p. 763.
En partic.
Terre* ferme.
[En parlant d'un fruit ou d'une partie du corps] Chair ferme. Un petit sein blanc, élastique, bien ferme (Napoléon Ier, Lettres Joséph.,1796, p. 60).Quand elle est à point, il se forme tout autour une croûte qu'on casse pour prendre juste la belle chair ferme (Guèvremont, Survenant,1945, p. 48).
B.− [En parlant d'une pers. ou d'un inanimé]
1. [En parlant d'une pers. et p. méton. d'une partie du corps humain]
a) Qui se tient sans chanceler, qui ne se laisse pas ébranler facilement. Synon. stable.L'enfant, qui resta ferme en selle (Sand, Beaux MM. Bois-Doré,t. 2, 1858, p. 71).Ce vieillard de quatre-vingts ans, la tête branlante, le pied ferme, se mit à gravir lentement l'escalier de pavés (Hugo, Misér.,t. 2, 1862, p. 366):
2. ... mais en revanche, voluptueuse est la sensation, à chaque gorgée de cette seconde tasse, de remonter, de me retrouver ferme sur mes jambes, et prêt de nouveau à faire face. Du Bos, Journal,1927, p. 196.
Loc. adv. De pied ferme. Sans bouger. J'attendis donc le choc de pied ferme (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 425).Au fig. (cf. attendre ex. 8).
Loc. verbale. Être ferme sur ses étriers*.
b) Qui traduit la force, l'assurance. Marcher d'un pas ferme; écrire, piloter d'une main ferme; poigne, voix ferme. Synon. assuré, décidé, résolu.Vampa (...) continua son chemin du même pas ferme et tranquille (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 459).Oui, dit-il d'une voix ferme... Je sais. (...) Il est maintenant indifférent et placide (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 166).Leurs ancêtres (...) dirigeaient d'une main ferme leurs affaires (Carrel, L'Homme,1935, p. 212).
Au fig. Avoir la main ferme. Un homme d'intelligence fine, ayant la vue saine des choses, la main ferme, le caractère décidé (Tharaud, Rayon vert,1941, p. 71).
En partic., domaine de la création artistique et littér.Qui témoigne de maîtrise, d'assurance. Dessin, coup de pinceau, exécution, tracé, jeu ferme; style ferme. Des idées si saines exprimées dans un style si ferme, si précis et si simple (Verlaine, Œuvres posth.,t. 2, Baudel., 1865, p. 17).Peinture ferme, où les illusions du dessin sont d'abord dominées (Alain, Beaux-arts,1920, p. 263):
3. MM Tissier et J. Guignet ont conservé leur touche et leur couleur sûres et solides. (...). M. Victor Robert, l'auteur d'une immense allégorie de l'Europe, est certainement un bon peintre doué d'une main ferme; mais l'artiste qui fait le portrait d'un homme célèbre ne doit pas se contenter d'une pâte heureuse et superficielle; car il fait aussi le portrait d'un esprit. Baudel., Salon,1846, p. 162.
2. Au fig.
a) [En parlant d'une pers.]
Littér. Que rien ne peut ébranler. Âme ferme. Synon. impassible, imperturbable, stoïque :
4. De mon côté, grâce à ces continuelles communications qui créaient entre nous d'innombrables rapports, je devenais plus libre, plus ferme, plus sûr de moi dans tous les sens, et c'était un grand progrès, car Madeleine y voyait un pas fait dans la franchise. Fromentin, Dominique,1863, p. 161.
Ferme + prép.Ferme dans l'adversité, dans ses résolutions.
Qui ne se laisse pas influencer, qui montre de l'autorité. Être doux mais ferme. Au lieu d'être faible et dur, il faudrait être ferme et doux, mais je suis un sot (Constant, Journaux,1813, p. 382).
Ferme + prép.Être ferme avec qqn. Ferme à + inf. (rare).M. de Séranville, toujours ferme à refuser, changea cinq ou six fois de système quant aux raisons de refuser (Stendhal, L. Leuwen,t. 3, 1836, p. 183).
b) P. méton. Qui dénote l'assurance, l'autorité, la résolution; qui témoigne d'une attitude sur laquelle on ne transige pas. Regard ferme; ton ferme d'une déclaration, d'une lettre; refus poli mais ferme; instructions très fermes. L'amabilité (...) vaincra toute mauvaise volonté extérieure, sauf peut-être de rares exceptions dont une attitude ferme, mais toujours digne et polie, ferait prompte justice, sois-en sûr (Verlaine, Œuvres posth.,t. 2, Voy. Fr., 1896, p. 84).Phrase décisive, habile et ferme à la fois (Bernanos, Soleil Satan,1926, p. 104).
[En parlant d'un inanimé abstr.]
Littér. [L'adj. est gén. antéposé] Qui est constant. Ferme propos, résolution; avoir la volonté ferme de; avoir une ferme espérance. Synon. arrêté, décidé, solide.Le menton proéminent est le signe des fermes volontés (Guéhenno, Journal homme 40 ans,1934, p. 70).Cette tenue, il l'avait endossée dans la ferme intention de nous en imposer la vue (Vercors, Silence mer,1942, p. 66).
Qui ne change pas, sur quoi l'on peut compter. Convention, proposition, règle ferme.
C.− Emplois spéc.
1. BOURSE et COMM. Achat, marché, vente ferme; prix fermes et définitifs. À caractère définitif. Anton. conditionnel.On appelle « marchés fermes » ceux où le vendeur et l'acheteur sont tenus d'exécuter tous leurs engagements (Boyard, Bourse et spécul.,1853, p. 170).V. achat ex. 11.
2. CH. DE FER. Prix, tarif ferme. Il est plus exact de les [les prix de transports] fixer en bloc pour chaque parcours que de les calculer d'après une formule basée sur la distance. Ce système est celui des « prix fermes » ou de « gare à gare » (Bricka, Cours ch. de fer,t. 2, 1894, p. 1007).
II.− Adverbe
A.− Avec force, intensité. Fabrice (...) prit la main du cadavre qu'il secoua ferme (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 38).Le froid pinçait ferme (Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 83).
Loc. verbales
Discuter ferme. Discuter avec énergie, âpreté. Dans la salle, on bavarde ferme, et personne ne danse plus (Colette, Cl. école,1900, p. 318).Tu ne montes pas? Ça discute ferme, là-haut... C'est intéressant (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 249).
(Se) tenir ferme. (Se) tenir solidement. Elle l'attendait sur le seuil de sa chambre, en se tenant ferme aux jambages de la porte (Châteaubriant, Lourdines,1911, p. 115).Au fig. Tiens ferme ce que tu as (Gide, Retour enf. prod.,1907, p. 482).
B.− Avec abondance, beaucoup. Conan s'est donc mis à chopiner ferme (Vercel, Cap. Conan,1934, p. 227).Il aurait mieux fait d'étudier sérieusement Marx. (...) il fallait qu'il s'établisse un programme et qu'il se mette à bûcher ferme (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 120).
C.− Spécialement
1. BOURSE, COMM. D'une manière nette et définitive, en s'en tenant au prix et aux conditions fixées. Anton. sous condition.Acheter, vendre ferme; réserver ferme. Il faut du nerf, alors que vous vendez ferme comme si vous saviez tout (Claudel, Échange,1reversion, 1894, I, p. 672).
2. DR. PÉNAL. Sans sursis. Un an (de prison) ferme. Si on pouvait les pincer une bonne fois, elles écoperaient ferme, c'est fort probable (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 257).Cf. Le Républicain Lorrain, 22 juin 1978, p. 16.
III.− Interj., vieilli. ,,Quand on veut inciter au courage. Allons, ferme mes amis!`` (Ac.).
Prononc. et Orth. : [fε ʀm̥]. Enq. : /feʀm/. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1140 adj. fém. ferme « solide » (G. Gaimar, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 4267); ca 1180 adv. ferm (forme de l'adj. masc.) « solidement » (Marie de France, Fables, 3, 62 ds T.-L.); 2. ca 1160 au fig. « sûr » (Eneas, 7856, ibid.); xiiies. emploi de la forme fém. ferme pour le masc. (Trad. Ovide Remèdes d'Amour, 615, ibid.). Du lat. class. firmus « solide, sûr, résistant, inébranlable » (cf. J. Fahrenschon, Firmus, Geschichte der Bedeutungen dieses Wortes und seiner Ableitungen in der rom. Sprachen, Diss., München, 1938, pp. 10-46). Fréq. abs. littér. : 3 277. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 3 882, b) 4 945; xxes. : a) 5 760, b) 4 509. Bbg. Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen − Oslo − Tromsø, 1972, p. 120, 180, 234, 235.

FERME2, subst. fém.

FERME2, subst. fém.
A.− Domaines jur. et fin.
1. Vieux
a) Convention par laquelle le propriétaire d'un droit en abandonne la jouissance à un tiers, pour un temps et un prix fixés. La ferme des chaises d'une église (Ac.).
Ferme des jeux (Ac.). Autorisation de tenir une maison de jeux.
b) HIST. (Ancien Régime). Délégation faite par le roi à des particuliers, de percevoir certains revenus publics. Les fermes des droits du roi, la ferme générale des gabelles, des aides (Ac.).
P. ext. Administration chargée de percevoir ces revenus. Il est certain que l'accaparement du numéraire ne peut se faire par les agents de la caisse et des fermes, sans l'appui du Ministère (Marat, Pamphlets,Nouv. dénonciation contre Necker, 1790, p. 191).Il obtint un emploi dans la ferme générale, dans les fermes; un employé des fermes (Ac.).
c) P. anal., JEUX. [Au xviiies.] Jeux de société qui se pratiquent avec des dés ou des cartes. Attesté ds Lar. 19e-Lar. Lang. fr., Littré, DG, Guérin 1892, Alleau 1964, Mots rares 1965.
2. AGRIC. et usuel. Convention par laquelle le propriétaire d'un bien foncier, notamment d'une exploitation agricole, en abandonne la jouissance à un tiers pour un temps et un prix fixés.
Loc. adv. À ferme. L'avenir, ne sera-ce pas l'état absorbant tout, assurant tout, tenant à ferme la propriété de chacun? (Goncourt, Journal,1860, p. 862).Il avait envie de prendre à ferme tous les remblais de la ligne du nord pour y semer des pommes de terre (Flaub., Éduc. sent.,t. 2, 1869, p. 146):
1. Si, au contraire, le locataire ou le fermier ont été troublés dans leur jouissance par suite d'une action concernant la propriété du fonds, ils ont droit à une diminution proportionnée sur le prix du bail à loyer ou à ferme... Code civil,1804, art. 1726, p. 315.
B.− [P. méton. de A 2]
1. Exploitation agricole qui a fait l'objet d'un bail à ferme; p. ext. toute exploitation agricole. Ferme école*, modèle*, pilote*; fille, garçon, valet de ferme; exploiter, habiter, louer une ferme. L'exploitation d'une terre est ici la plus fatigante des industries. Nous avons peu de revenus en argent, nos fermes sont cultivées à moitié, système qui veut une surveillance continuelle (Balzac, Lys,1836, p. 88).Quelques jours après, mon père alla chasser sur la ferme de Serrières (Gyp, Souv. pte fille,1928, p. 15):
2. ... je croyais docilement que l'ouvrier dans la rue, le paysan dans sa ferme me devaient de la reconnaissance puisque je me consacrais d'une manière noble, pure et désintéressée à la spécialité du spirituel au profit de l'homme en général, qui comprend, parmi ses espèces, des ouvriers et des fermiers. Nizan, Chiens garde,1932, p. 13.
2. En partic. (L'exploitation du point de vue des) bâtiments et espaces constitués par ceux-ci. Cour de (la) ferme. Cette cour avait l'aspect d'une cour de grande ferme; elle était encombrée de charrues, de bétail, de fumiers, de volailles, de tous les instruments de la vie rustique (Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835, p. 84).Nous en logions [les Cosaques] une douzaine à la ferme. Ils puisaient de l'eau, portaient du bois et gardaient les enfants (France, Pt Pierre,1918, p. 242).
Prononc. et Orth. : [fε ʀm̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1175 « convention par laquelle un propriétaire donne à bail un fonds aux fins d'exploitation, moyennant un loyer » a ferme (B. de Ste-Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 40325); b) 1481 « convention d'exploitation d'un droit, administration chargée du prélèvement d'une taxe » (J. de Roye, Chronique scandaleuse, éd. B. Mondrot, II, 110); 2. 1539 « domaine rural, bâtiments d'une exploitation agricole » (Est.). Dér. de fermer* au sens fig. attesté en a. fr. de « établir d'une manière ferme, fixer » (xiies., Psautier Cambridge, CIV, 10, éd. Fr. Michel, p. 191) d'où « donner en exploitation selon une convention bien établie, donner à ferme » (Sept Sages, éd. J. Misrahi, 4546). Cf. lat. médiév. firma subst. au sens de « bail à ferme » attesté pour le domaine anglo-saxon dep. 1100 ds Nierm.; v. aussi J. Fahrenschon, Firmus, Geschichte der Bedeutungen dieses Wortes und seiner Ableitungen in den rom. Sprachen, Diss., München, 1938, pp. 103-119. Fréq. abs. littér. : 2 522. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 2 985, b) 3 794; xxes. : a) 4 438, b) 3 475. Bbg. Chautard (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 69. − Cobban (A.). The Vocabulary of social history. Political science quaterly. 1956, t. 71, pp. 13-14. − Dauzat Ling. fr. 1946, p. 13. − Gillieron (J.). Les Conséquences d'une collision lexicale... In : Cinquantenaire de l'Éc. pratique des hautes ét. Paris, 1921, p. 57. − Quem. DDL t. 5.

FERME3, subst. fém.

FERME3, subst. fém.
CONSTR. Assemblage de pièces de bois ou de métal destinées à porter le faîtage d'un toit. Un comble composé de fermes de tôle (Viollet-Le-Duc, Archit.,1872, p. 40).
Spéc. Décor de théâtre monté sur un châssis (cf. France 1907). Bordenave s'emportait contre les machinistes, qui n'en finissaient pas d'enlever le décor (...), le prince allait recevoir quelque ferme sur la tête (Zola, Nana,1880, p. 1204).
Prononc. et Orth. : [fε ʀm̥]. Ds Ac. 1835-1932. Étymol. et Hist. 1. 1344 archit. et charpent. (Texte ds Glanville, Hist. du Prieuré de Saint-Lô de Rouen, pièces justificatives, II, 400); 2. 1752 théâtre (Trév.). Déverbal de fermer* au sens de « attacher, fixer » pour le terme d'architecture.
DÉR.
Fermette, subst. fém.a) Ferme de faux comble ou de lucarne. (Attesté notamment ds Rob. et Lar. Lang. fr.). b) Barrage à fermettes. Écluse soutenue par des fermes. Le bruissement monotone des nappes glissant entre les fermettes du barrage (Moselly, Terres lorr.,1907, p. 53). [fε ʀmεt]. 1reattest. 1690 archit. (ici, charpent.) (Fur.); de ferme3, suff. -ette*.
BBG. − Archit. 1972, p. 55, 115.

FERMER, verbe.

FERMER, verbe.
I.− Vx. Rendre fixe.
A.− ARCHIT. Fermer une voûte.
[Le suj. désigne une pers.] Poser la clef de voûte.
[Le suj. désigne un élément de construction] Consolider, assurer une voûte.
P. métaph. Tu illumines (...) la situation de la connaissance, où tu viens te placer par magie comme une clef de voûte qui ferme et assure une phrase (Valéry, Mauv. pens.,1942, p. 164).
B.− MAR. Fermer une embarcation. L'arrêter, l'amarrer. Attesté notamment ds Littré, Rob. et Lar. Lang. fr.
II.− Usuel
A.− [L'obj. désigne un élément mobile, gén. un dispositif de fermeture] Manœuvrer (le ou les éléments d'une ouverture), de façon à priver de communication deux espaces. Fermer brusquement, doucement, soigneusement, vivement. Synon. littér. clore; anton. ouvrir.L'air était devenu plus tiède, les nuits si belles, qu'ils ne fermaient plus la croisée (Gide, Tentative amour.,1893, p. 75).
1. Emplois et constr.
a) Emploi abs. :
1. Elle jeta les yeux vers la porte : il l'avait laissée ouverte, comme pour marquer qu'il avait seulement l'intention d'entrer et de sortir. − « Tu as froid? Veux-tu que je ferme? » Martin du G., Thib.,Mort père, 1929, p. 1316.
b) Emploi pronom. réfl. à valeur passive et emploi intrans. (souvent avec un adv.). En haut, se trouvait une chambre dont la porte, comme celle des granges, se fermait avec un crochet qu'on mettait du dehors (Flaub., Champs et grèves,1848, p. 327).Une porte qui fermait hermétiquement (Ponson du Terr., Rocambole,t. 2, 1859, p. 473).Une méchante armoire de bois blanc, qui ne ferme point et où je n'ai pas la place de ranger mes affaires (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p. 36).Le rideau se ferme brusquement et brusquement l'éclairage change (Claudel, Soulier,1944, 1repart., 1rejournée, 7, p. 971).
c) Fermer qqc. à + subst. ou syntagme indiquant le moyen ou la manière.Fermer sa porte à clef, un tiroir à double tour. Il ferme à clé la porte de la chambre; il enferme sa femme dans la chambre à coucher (Ramuz, Gde peur mont.,1926, p. 89).Ils entrèrent dans l'auto; il ferma à clé la portière de droite et poussa le taquet de celle de gauche (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 163).
2. Loc. verbales
a) Fermer la porte sur qqn, sur soi. ,,La fermer après que quelqu'un est entré ou sorti, en entrant ou en sortant`` (Ac.).
Emploi pronom. réfl. à sens passif. La porte se ferma sur lui à double tour (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 451).
b) Fermer la porte au nez de qqn. La claquer brusquement devant lui.
Au fig.
Fermer la porte au nez de qqn. L'éconduire. C'est comme si on venait de lui fermer une porte au nez (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1503).
Fermer sa porte (à qqn). Refuser de le recevoir, de l'entendre.
Fermer sa porte à qqc. Refuser d'y prêter attention. Goethe (...) ferme sa porte à la poésie et (...) reprend ses forces dans des travaux d'intellectualisme (Rolland, Beethoven,t. 1, 1928, p. 196).
c) Fermer ses portes (p. méton.). Cesser toute activité. À sa mort en 1800 sa famille (...) fait prospérer la fabrique (...); vendue en 1840, la manufacture dut fermer ses portes en 1848 (G. Fontaine, Céram. fr.,1965, p. 74).
3. Fermer un tiroir. ,,Le faire rentrer dans le meuble où il est emboîté`` (Ac.).
Emploi intrans. Les tiroirs ferment mal, (...) une indiscrétion est toujours possible (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1223).
4. [P. méton. de l'obj.] Fermer une armoire, le garage.
5. Proverbe. Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée. ,,Il faut prendre un parti, il faut se déterminer d'une manière ou d'une autre`` (Ac. 1878-1932).
B.− [L'obj. désigne les parties mobiles d'un organe, les éléments d'un objet; p. méton. cet organe, cet objet]
1. Manœuvrer (un élément mobile)
a) de façon à fixer la pièce à laquelle il est assujetti. Fermer la serrure, le verrou, le loquet. Fermons le loquet de la porte (Quinet, Ahasvérus,1833, 2ejournée, p. 133).
b) de façon à interrompre un débit. Fermer un robinet, une écluse, une vanne. Et cette usine (...) dont on avait négligé de fermer le compteur électrique et qui s'illuminait tous les soirs dans le désert (Tharaud, Dingley,1906, p. 104):
2. Une bonne invention ces « lampes-témoins », on voit quels clients usent trop de lumière (...). Il ferme la « minuterie » et tire à lui les couvertures. Tiens, Renée qui allume (...). « Si elle n'a pas éteint dans cinq minutes, pense Lecouvreur, je lui coupe le courant. » Dabit, Hôtel,1929, p. 87.
[P. méton. de l'obj.] Fermer l'eau, le poste, la télévision.
2. Rapprocher l'une contre l'autre les parties mobiles (d'un ensemble) dont l'écartement forme une ouverture. Fermer une enveloppe, un couteau, un livre, un parapluie. Elle ferme son face-à-main (Bourdet, Sexe faible,1931, 2, p. 376).
Emploi pronom. à valeur passive et emploi intrans. Le corsage, à basque, est ouvert carrément sur une chemisette (...) : il se ferme derrière, au moyen d'un lacet de soie (Mallarmé, Dern. mode,1874, p. 731):
3. Un homme monte à une station. Il n'a pas de bagages. Il a un chapeau en cône tronqué, un pardessus jaune, un pantalon fripé, l'air pauvre. Il se jette dans un coin, et, les mains dans les poches de son pardessus qui ferme mal, il dort. Renard, Journal,1901, p. 649.
Au fig. Fermer sa bourse à qqn (cf. bourse1I B 3).
Spécialement
Fermer un angle, une courbe. En réduire l'ouverture.
Fermer un circuit électrique. Établir les liaisons conductrices permettant le passage du courant :
4. Un contact à cames (...) est un dispositif automatique pour fermer un circuit électrique pendant un bref intervalle de temps. Quand les ergots de la came touchent le contact, ils le ferment et un courant circule. Berkeley, Cerveaux géants,1957, p. 107.
3. [L'obj. désigne une partie du corps] Même sens que 2.
a) [Le suj. désigne une pers. ou un inanimé concr. et l'obj. désigne un inanimé concr.] Fermer (les bords d')une plaie, une blessure, une cicatrice. Synon. cicatriser.
P. métaph. :
5. Ô France! Entends chanter les voix libératrices; L'avenir est prochain qui, d'un doigt enchanté, Ferme tes nobles cicatrices D'où jaillira pour tous la jeune liberté... Glatigny, Fer rouge,1870, p. 42.
Emploi pronom. à sens passif. Quant à sa blessure, soignée par les plus excellents médecins, elle a dû bientôt se fermer et se cicatriser (Gautier, Fracasse,1863, p. 301).
P. métaph. Rien ne guérit en moi; si mes blessures se ferment instantanément, elles se rouvrent tout à coup (Chateaubr., Mém.,t. 2, 1848, p. 197).
Loc. verbales
Fermer les yeux à qqn/de qqn. Abaisser les paupières d'une personne qui vient de mourir. Je te fermerai les yeux, parole, et puis je te ferai une bonne mentonnière pour que tu fermes ta gueule un bon coup! (Aymé, Jument,1933, p. 48).Au fig. L'assister à ses derniers moments. Qu'une main amie lui ferme les yeux, qu'on donne une larme à sa mort (Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p. 82).
Fermer le bec, la bouche à qqn (au fig., fam.). Le faire taire. Un seul mot va leur fermer la bouche (Collin d'Harl., Vieux célib.1792, V. 6, p. 134).Cet enjôleur fermait le bec à toutes les bavardes (Zola, Assommoir,1877, p. 611).
b) [Le suj. est à la fois l'agent et l'instrument de l'action] Fermer les doigts, le poing, les yeux. Parfois (...) elle fermait lentement les paupières et la vie abandonnait son visage. (...) bientôt MmeThéréson rouvrait les yeux, reprenait sa phrase (Sartre, Nausée,1938, p. 124):
6. La vie n'est pas ce que tu crois. C'est une eau que les jeunes gens laissent couler sans le savoir, entre leurs doigts ouverts. Ferme tes mains, ferme tes mains, vite. Retiens-la. Tu verras, cela deviendra une petite chose dure et simple qu'on grignote, assis au soleil. Anouilh, Antig.,1946, p. 190.
Emploi pronom. Ses deux yeux, fort gros et couverts de paupières épaisses, se fermaient à demi pour considérer la multitude (Flaub., MmeBovary,t. 1, 1857, p. 160).Sa main droite se ferme en forme de cuiller (Mounier, Traité caract.,1946, p. 222).
P. anal. Fermer son visage. Le rendre sombre, en durcir les traits. Synon. se renfrogner.
Emploi pronom. Le visage venait de se fermer subitement (Estaunié, Ascension M. Baslèvre,1919, p. 26).
Au fig., emploi pronom. Devenir impénétrable. Tu te nouais, tu te fermais. Ce qu'il me fallait lutter pour te confesser (Bourget, Geôle,1923, p. 115).
Loc. verbales fig.
Fermer son cœur à. Refuser de comprendre. Vous fermez votre cœur et votre porte à ceux qui veulent vous servir (Vigny, Journ. poète,1837, p. 1081).
Fermer l'oreille à. Refuser d'entendre. Tu fermes l'oreille au bon sens. Tu t'obstines dans le mécontentement sourd, dans la mélancolie inerte (Amiel, Journal,1866, p. 296).
Emploi pronom. réfl. indir. Se fermer les oreilles.
Fermer les yeux (à qqc.). Refuser de se rendre à l'évidence, à ce qui est prouvé, certain. Fermer les yeux à la vérité, à l'évidence, à la lumière (Ac.1878-1932).
Fermer les yeux (sur qqc.). Refuser de voir. Mais il ne convient pas de fermer volontairement les yeux sur le rôle d'antidote social de la comédie (Arts et litt.,1935, p. 7604).
Fermer les yeux (littér.). ,,Mourir`` (Ac.).
Ne pas fermer l'œil. Ne pas dormir. Il ne put fermer l'œil de la nuit. Le lendemain matin, ses agitations redoublèrent (Stendhal, Lamiel,1842, p. 202).
Fermer sa gueule (pop.). Se taire. Je faisais des gestes discrets de moulin à vent pour qu'il ferme sa gueule (Malraux, Espoir,1937, p. 590).
Ferme la! la ferme! Tais-toi. − Je m'fous pas mal de c'que tu dis ou d'c'que tu n'dis pas. La ferme! − J'la fermerai si j'veux, saleté! (Barbusse, Feu,1916, p. 30).
c) [P. anal. de b; le suj. désigne une fleur] Fermer sa corolle.
Emploi abs. Les grands lis ont fermé et les cigales ne chantent pas (A. Daudet, Pt Chose,1868, p. 243).
Emploi pronom. Elles [les fleurs] s'ouvraient et se fermaient à différentes heures du jour (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p. 63).
P. métaph. La rose d'eau se ferme au bord de ma main bleue (Genêt, Poèmes,1948, p. 66).
C.− [L'obj. désigne gén. un lieu] Rendre inaccessible, empêcher l'accès à ou la sortie de.
1. [Le suj. désigne une pers.] Fermer une salle, une pièce. Nous allons fermer l'appartement, la farce est jouée, et vous remettrez la clef à M. le Maire (Balzac, Cous. Bette,1847, p. 268).
Emploi pronom. à sens passif. Dans les bourgs isolés, dans les stations, les habitants et les squatters se précautionnaient contre toute attaque ou surprise. Les maisons se fermaient à la nuit tombante (Verne, Enf. cap. Grant,t. 2, 1868, p. 158).
En partic. Entourer d'une enceinte. Fermer une ville, un parc, un jardin; fermer de murailles, de haies, de fossés.
P. ext. Empêcher, par une résistance, une défense, l'accès à ou la sortie de. Fermer le passage à l'ennemi; fermer une route, fermer les mers.
Au fig. Empêcher l'accès à. Synon. contrecarrer.Fermer le chemin des honneurs (Ac.). Fermer une carrière à qqn. Emploi pronom. réfl. Vous vous fermez toute carrière. Un pas de plus et vous ne pourrez plus quitter la route où vous êtes (Dumas fils, Dame Cam.1848, p. 216).Fermer la route aux abus.
Spéc., CH. DE FER. Fermer la voie. Interdire (la voie) à la circulation à l'aide du signal approprié :
7. ... puis, le train passé, la voie fermée, pousser un bouton pour l'annoncer au poste suivant, en pousser un autre pour rendre la voie libre au poste précédent... Zola, Bête hum.,1890, p. 243.
2. [Le suj. désigne un inanimé concr.] Interdire l'accès à un lieu. La nuit, Trois lourds barreaux fermaient l'entrée inabordable (Hugo, Légende,t. 1, 1859, p. 69).Cette grille [du canal] fermait l'enceinte même de Stahlstadt (Verne, 500 millions,1879, p. 183).Si les Versaillais entraient, pas un n'irait au delà des barricades qui fermaient les carrefours (Zola, Débâcle,1892, p. 591).
GÉOGR. Abriter (une baie, un port) des vents et de la houle. Deux autres caps fermaient la baie (Verne, Île myst.,1874, p. 94).
3. JEUX. Fermer le jeu. Empêcher son adversaire de continuer le jeu en le bloquant.
D.−
1. [L'objet désigne un lieu ouvert au public; l'accent est mis sur le résultat de l'action et ses prolongements dans le temps]
a) Faire cesser de façon momentanée l'activité de. Fermer une banque, une boutique. Mademoiselle Barnoux, occupez-vous du public, MmeOrillane va fermer son guichet un instant (Bernanos, Mauv. rêve,1943, p. 981).
Fermer boutique. (Faire) cesser une affaire. La crise révèle que ces industriels sont prêts « à fermer boutique » si l'affaire n'est pas rentable (Debatisse, Révol. silenc.,1963, p. 188).
Emploi abs. Cesser son activité.
[P. méton. du suj.]
[Le suj. désigne un inanimé] La banque ferme à trois heures (Hugo, Corresp.,1866, p. 549).Spéc., BOURSE. [Pour signifier que le taux d'une valeur était tel à la fermeture de la Bourse] La Bourse a fermé à tel taux, cette valeur a fermé à tel taux (Ac.1878-1932).
[Le suj. désigne une pers.] Lundi. Les coiffeurs sont fermés (Cocteau, Par. terr.,1938, II, I, p. 232).
[Pour inviter les pers. présentes à quitter les lieux] On ferme! − On ferme! On ferme! crièrent les voix puissantes des gardiens (Zola, Assommoir,1877, p. 447).
b) Faire cesser (une exploitation) de façon durable. Fermer un chantier, un puits (de mine). Ces mouvements de foule enrichissent l'un, ruinent l'autre, (...) ouvrent et ferment des chantiers (Alain, Propos,1930, p. 920).
Emploi abs. Interrompre son activité. La misère était trop grande, il cita les usines qui fermaient, les ouvriers qui s'en allaient (Zola, Germinal,1885, p. 1190).
c) Spéc. Interrompre, par décision autoritaire ou administrative, de façon momentanée ou définitive, l'activité de. Pyrrhus (...) ferma les gymnases et les théâtres (Michelet, Hist. romaine,t. 1, 1831, p. 173):
8. Seul, un homme errait toujours, (...) ne comprenant pas, s'exaspérant que la police laissât fermer ainsi un établissement d'utilité publique qu'elle surveille et tient sous sa garde. Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Mais. Tellier, p. 1881, p. 1183.
Emploi abs. en périphrase factitive. Tu feras fermer les greniers publics. Je viens de signer le décret (Camus, Caligula,1944, II, 9, p. 46).
2. Mettre une borne à, terminer.
a) Marquer la limite de. Nous traversions maintenant le pays montueux et boisé qui ferme au sud les campagnes d'Orsenna (Gracq, Syrtes,1951, p. 16):
9. Une chaîne immense ferme l'horizon de ses noirs rochers. Au milieu une brèche la fend, que l'on peut croire ménagée par l'industrie, ouverte à la dynamite. Barrès, Cahiers,t. 11, 1914-18, p. 50.
Fermer les guillemets, la/une parenthèse. Marquer, par un signe d'écriture ou de typographie approprié, la fin d'une partie de discours.
Au fig. Mettre fin à une digression. Fraisier fut forcé d'ouvrir et de fermer rapidement une parenthèse dans son discours (Balzac, Cous. Pons,1847, p. 209).
b) Au fig.
α) Mettre un terme, dans le temps, à. Fermer une discussion, une liste, un scrutin, le ban*. Buste d'airain dont le piédouche porte les deux dates qui ouvrent et ferment chaque règne (Hugo, Rhin,1842, p. 256).La singulière méditation qui ferme ce plaidoyer pour les églises de France (Massis, Jugements,1923, p. 261):
10. Pardon, Monsieur, dit le Président, nous fermons l'audience pendant cinq minutes, afin de permettre à MeQuantin de se reposer des fatigues de son beau discours. Chamfleury, Bourgeois Molinch.,1855, p. 205.
Emploi pronom. à sens passif. Trois partisans du candidat de l'opposition (...) arrivèrent au moment où le scrutin allait se fermer (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 333).
Fermer un cycle, une époque. Être le dernier. Il [Goethe] ferme cette époque d'harmonie et de repos qui se rencontre au commencement de presque toutes les littératures (Quinet, All. Ital.,1836, p. 29).
Emploi pronom. Se fermer sur soi-même.Revenir à son point de départ :
11. Le cycle de cette enquête va donc se fermer ici sur lui-même. Revenant à ce qui fut notre point de départ et posant aux doctrines qui furent l'objet de ces études la question même que je me suis posée... Gilson, Espr. philos. médiév.,1932, p. 193.
β) Fermer la marche. Venir en dernier lieu. Un groupe chuchotant et rieur de sous-lieutenants fermait la marche (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 95):
12. Le cercueil connaît sa route et marche après la tunique flottante du consolateur. Les parents et les amis du défunt, par la manifestation de leur position, ont résolu de fermer la marche du cortège. Lautréam., Chants Maldoror,1869, p. 308.
E.− Littér. et région. [L'obj. désigne un animé] Synon. de enfermer.N'oubliez donc pas, ce soir, de fermer les bêtes. D'ailleurs, c'est toujours vous qui les fermez (Renard, Comédies, Poil Carotte,1900, 3, p. 118).On est davantage la mère d'un homme entre tous, et de plus près la maîtresse de celui qui vous ferme dans ses bras (Audiberti, Mal court,1947, I, p. 152):
13. On te connaît bien! Ton père emporta le soc d'une charrue et ton grand-oncle fut fermé en prison pour un vol de laine ou de chanvre! Famille de voleurs! Pourrat, Gaspard,1922, p. 145.
REM. 1.
Fermable, adj.Que l'on peut fermer. Au lieu de se mouvoir indéfiniment suivant un cycle fermable (Teilhard de Ch., Phénom. hum.,1955, p. 47).
2.
Fermement, subst. masc.,rare. Action de fermer. Son besoin maladif de dire des méchancetés, dont l'émission était toujours précédée d'un fermement jouisseur des yeux (Goncourt, Journal,1885, p. 411).
Prononc. et Orth. : [fε ʀme], (je) ferme [fε ʀm̥]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. a) ca 1100 « attacher, fixer » (Roland, éd. J. Bédier, 345); b) 1155 « établir, construire (un château) » (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 6916); 1160-74 « fortifier » (Id., Rou, éd. A. J. Holden, II, 1881); 2. a) ca 1175 « barricader, clore » des portes fermer (B. de Ste-Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 5817); b) 1547 « supprimer ou interrompre l'accès à, interrompre l'activité de » fermer sa boutique (N. du Fail, Propos rustiques ds Œuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t. 1, p. 48); c) 1580 fig. « être à la fin de, terminer » (Garnier, Argument d'Antigone ds Tragédies, éd. W. Fœrster, p. 5). B. Intrans. xves. « être ou pouvoir être fermé » (Ch. d'Orléans, Poésies, éd. P. Champion, II, Rondeaux, XVIII, 6). Du lat. class. firmare « rendre ferme, solide » d'où « fortifier », le glissement de sens vers celui de « clore » ayant pu se faire dès le b. lat. dans l'emploi fréq. de firmare et du dér. confirmare en relation avec serae, vectes portarum au sens de « renforcer, consolider (les barres, les verrous des portes) » (cf. Bambeck, p. 19, 20; J. Fahrenschon, Firmus, Geschichte der Bedeutungen dieses Wortes und seiner Ableitungen in der rom. Sprachen, Diss., München, 1938, pp. 94-97; cf. lat. médiév. archa firmata « coffre fermé », 1111 ds Bambeck Boden, p. 155), d'où la coexistence de fermer et de clore jusqu'à ce que ce dernier entre par certaines de ses formes en collision homonymique avec clouer et soit réduit à certains emplois techn. (sur ce dernier phénomène, v. R. Ekblom. Étude sur l'extinction des verbes au prétérit en -si et en -ui en fr., Upsal, 1908); l'hyp. de Meuser (Lat. « claudere » im frz., Giessen, 1929, pp. 35-38) : « fermer » issu de « entourer (une ville) de murs » au niveau de l'a. fr. est moins convaincante; celle de Gilliéron (La faillite de l'étymol. phonétique, Neuville, 1919, pp. 9-34, cf. encore D. MacMillan ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg, 1971, IX, 1, 211-217), attribuant au rattachement à fer par étymol. pop. le glissement de sens de « rendre ferme » à « fermer » et donc l'éviction de clore par fermer, est peu vraisemblable et le sentiment linguistique auquel elle fait appel serait aujourd'hui perdu (Von Wartburg, Zur Frage der Volksetymologie ds Homenaje à Menéndez Pidal, I, 1925, note, p. 26, 27). Fréq. abs. littér. : 6 793. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 7 689, b) 11 479; xxes. : a) 10 870, b) 9 636. Bbg. Gilliéron (J.). Les Conséquences d'une collision lex... In : Cinquantenaire de l'éc. pratique des hautes ét. Paris, 1921, no230, pp. 58-74. − Gougenheim (G.). Notes sur le vocab. de Robert de Clari et de Villehardouin... Romania. 1944/45, t. 68, pp. 401-421. − Lyer (St.). Part. présent actif... Archivum Romanicum. 1932, t. 16, p. 302. − McMillan (D.). Rem. sur esmeraimer. Trav. Ling. Litt. Strasbourg. 1971, t. 9, pp. 211-217, 227-228. − Stefenelli (A.). Der Synonymenreichtum der altfranzösischen Dichtersprache. Wien, 1967, p. 104. − Tracc. 1907, pp. 141-142. − Wind 1928, p. 12, 17, 193.

FERMÉ, ÉE, part. passé et adj.

FERMÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.− Part. passé de fermer*.
II.− Emploi adj.
A.− [En parlant d'un inanimé concr.]
1. Vx. Nuit fermée. Nuit complètement tombée. (Cf. Ac. 1798, 1835, s.v. nuit).
2. [En parlant d'un lieu] Qui est privé de communication. Synon. littér. clos :
1. ... le bonheur consiste certainement à être interné dans un lieu très fermé, dans une prison bien close, où une chapelle est toujours ouverte... Huysmans, En route,t. 2, 1895, p. 167.
En partic.
[En parlant d'un véhicule] Anton. de décapoté.Le grand landau fermé roula sous la voûte (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 109).
Port fermé. Interdit à la navigation. Plus (...) de blocus, de ports fermés (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 604).
Au fig. Le domaine fermé de l'inconnaissable (Bourget, Nouv. Essais psychol.,1885, p. 76).
3. Dont on a rapproché les bords, les extrémités.
a) [En parlant d'un objet] Les pies, sautillant sur la terre brune avec leur queue plantée dans leur croupion comme un éventail fermé (Gautier, Fracasse,1863, p. 141).
b) [En parlant d'une ligne courbe, d'un objet circulaire] Elle a quelque chose de sain, de parfaitement équilibré; c'est un tout, un anneau fermé (Martin du G., J. Barois,1913, p. 479):
2. ... elles reviennent alors à ce maître nouveau qui les tient désormais captives. Leur parabole illimitée se transforme en une courbe fermée et c'est ainsi que nous pouvons calculer le retour des comètes périodiques. Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Homme de mars, 1889, p. 1185.
Au fig. [Avec une idée d'achèvement] :
3. Mais il était arrivé qu'un poème avait été fait, et que le cycle, dans son accomplissement, laissait quelque chose après soi. Ce cycle fermé est le cycle d'un acte qui a comme soulevé et restitué extérieurement une puissance de poésie... Valéry, Variété V,1944, p. 135.
c) [En parlant d'une partie du corps ou d'une blessure physique]
Poing fermé. Laure prit l'enfant par la main. Elle sentait sous ses doigts le très petit poing fermé (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 103).Dormir à poings* fermés.
Yeux fermés. Les yeux fixes et demi fermés ne s'agitaient plus dans leur orbite (Du Camp, Mém. suic.,1853, p. 35).Je me sens vivre, et dans vingt-quatre heures je serai couché dans ce lit, mort, les yeux fermés, froid, inanimé, disparu (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Lâche, 1884, p. 918).Expr. fig. (Faire qqc.) les yeux* fermés.
Cicatrice, plaie fermée (cf. fermer II B 3 a).
4. Emplois spéc.
a) BOT. Formation végétale fermée, tapis végétal recouvrant entièrement le sol; sol fermé, sol compact (cf. Plais.-Caill.1958).
b) ÉCON. Économie, système fermé(e). Économie où les échanges commerciaux avec l'extérieur n'existent pas (ou peu). V. autarcie ex. 1.
c) LING. Classes fermées. ,,Classes de morphèmes grammaticaux... qui peuvent être définis par l'énumération de leurs termes, ceux-ci étant en nombre limité`` (Ling. 1972). Anton. classes ouvertes.
d) PHONÉT. Voyelle fermée. Voyelle produite par resserrement du chenal buccal (cf. Mar. Lex. 1951). Syllabe fermée. Celle qui se termine par une consonne articulée (cf. Morier 1961 et 1975).
e) VÉN. [À propos du cerf] Pinces fermées. Serrées l'une contre l'autre (cf. Baudr. Chasses 1834).
f) TEXT. Drap fermé. Tissu qui n'est pas lâche (cf. notamment Littré, Quillet 1965). Synon. serré.
Rem. La docum. atteste l'emploi de fermé dans divers domaines : électr. circuit* fermé; hérald. couronne* fermée; math. ensemble fermé.
B.− Au fig. [En parlant d'une pers. ou d'un aspect de son comportement]
1. Qui est impénétrable, replié sur soi. Anton. accessible, communicatif, expansif.C'est encore un caractère fermé, celui-là (Fromentin, Dominique,1863, p. 116).Je ne puis pas dire que je l'aimais d'amour; mais j'avais une espèce de curiosité, de curiosité tendre de l'être fermé et énigmatique qui était en elle (Goncourt, Journal,1889, p. 1011):
4. Adler a noté chez la majorité des aînés un caractère fermé, autoritaire, conservateur et ambitieux, chez le second enfant une attitude fréquente de révolte, chez les cadets, trop gâtés, des dispositions paresseuses, mais aussi une grande fréquence de la fantaisie et de l'originalité. Mounier, Traité caract.,1946, p. 104.
Fermé sur (soi). Isolé, qui ne communique pas. P. métaph. La phrase [de Camus] est nette, sans bavures, fermée sur soi; elle est séparée de la phrase suivante par un néant (Sartre, Sit. I,1947, p. 117).
Fermé à.Insensible à. Malheur à celui dont le cœur égoïste et fermé aux douleurs de ses frères n'a jamais entendu cette chanson! (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 327).
2. Qui témoigne d'un caractère fermé. Air, visage fermé. Lulu se tenait dans son coin et regardait par la vitre avec un visage fermé et froid (Druon, Gdes fam.,t. 2, 1948, p. 191).Je n'avais aucun mal à prendre l'air fermé et faussement détaché quand nous les rencontrions (Sagan, Bonjour tristesse,1954, p. 116):
5. Lui, le regard fermé et noir, farouche, le visage enflammé, où paraissaient des taches livides, fronçait la face par moments, comme pour en chasser une guêpe importune; et Giulia, pâle à mourir, demeurait superbe et impassible. Peut-être, à ce terrible moment, quelque horreur leur toucha le cœur, les pénétra d'effroi, de repentir sur eux-mêmes. Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 320.
3. [En parlant d'un groupe de pers.] Qui n'admet qqn comme membre que s'il répond à des critères très stricts. La majorité du prolétariat, corsetée par un parti unique, encerclée par une propagande qui l'isole, forme une société fermée, sans portes ni fenêtres (Sartre, Sit. II,1948, p. 277):
6. ... c'est parce que la famille est un groupe fermé et exclusif qu'elle sert ainsi d'école préparatoire à la vie collective dont elle est l'unité élémentaire : étant close, elle concentre et achève le sentiment de mutuelle affection, avant qu'il se transporte ensuite, tout autre il est vrai, dans un milieu plus large, mais également clos, la cité ou la patrie. Blondel, Action,1893, p. 261.
4. Cœur fermé. Qui n'a pas pu s'exprimer, s'épancher librement (cf. l'expr. anton. à cœur ouvert). Il avait hâte d'ouvrir son cœur si longtemps fermé, si plein de passion contenue (Zola, M. Ferat,1868, p. 65).Elle se mit brusquement à parler avec abondance, soulageant son cœur fermé, son pauvre cœur solitaire et broyé (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, R. Prudent, 1886, p. 644).
5. PHILOS. [P. réf. à Bergson et p. oppos. à morale ouverte] Morale fermée. Morale qui ne s'ouvre pas aux élans naturels vitaux de l'homme, qui n'en tient pas compte.
Fréq. abs. littér. : 6 195. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 6 348, b) 9 835; xxes. : a) 10 602, b) 9 282.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·