a) Manquement à une règle morale, à une règle de conduite; action considérée comme mauvaise. Je ferai pour expier mes fautes envers vous tout ce qu'il vous plaira de m'ordonner (Balzac, Gobseck,1830, p. 433).D'après Confucius et Meng-Tseu, l'impiété est une plus grande faute que l'assassinat (Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 60).L'humanité n'a pas attendu le christianisme pour décréter fautes des actes qui ne sont des fautes ni selon la nature ni selon la raison (Montherl., Pasiphaé,1936, p. 106):3. Je rejette les mots de rachat ou de rédemption, car (...) je n'ai commis ni crime réel, ni faute assez grave pour légitimer l'usage de ces termes un peu romantiques et gâtés par les cagots...
Duhamel, Journal Salav.,1927, p. 11.
SYNT. Faute légère, pardonnable, excusable; faute grave, lourde, impardonnable, irréparable. Commettre une faute (envers qqn), se rendre coupable d'une faute, avoir une faute à se reprocher; avouer, reconnaître une faute; rougir, se repentir d'une faute; porter sa faute, payer une faute, répondre de ses fautes; racheter, réparer une une faute; cacher une faute; excuser, pardonner une faute; passer sur une faute, fermer les yeux sur une faute, couvrir la faute de qqn, laver qqn d'une faute; sanctionner une faute, punir qqn d'une faute, reprocher une faute à qqn. Acte qui constitue une faute; faute qui consiste en...
♦ Expr. Faute avouée est à moitié, à demi pardonnée.
♦ En faute. Prendre qqn en faute; être, se sentir en faute. Christophe, se croyant en faute, porta ses mains à ses oreilles pour les préserver des redoutables claques (Rolland, J.-Chr.,Aube, 1904, p. 59).Le rire penaud de l'écolière prise en faute me désarmait en un clin d'œil (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 118).
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Faute + compl. prép. précisant la nature de la fauteFaute + compl. prép. précisant la nature de la faute introd. par de.Il existe donc des gens ainsi constitués qu'ils s'imaginent la vie faite pour s'embêter. Tout ce qui paraît être amusement devient aussitôt une faute de savoir-vivre ou de morale (Maupass., Contes et nouv., t. 1, 25 jours, 1885, p. 712).Le père traitait en peccadilles les fautes de luxure, ne montrait de fureur qu'aux minutes où l'on avouait soit un mensonge, soit de la paresse (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 290).Faute + compl. prép. précisant la nature de la faute introd. par contre.Faute contre la morale, la justice, la pureté, l'obéissance, les mœurs. M. Joseph Reinach sera révoqué de son grade de capitaine de cavalerie de réserve, comme ayant commis « une faute grave contre la discipline » (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 419).J'ai trompé mon père. Ma tromperie fut consciente, renouvelée, ce fut la faute la plus grave et la plus endurcie contre le devoir d'obéissance (Jouve, Paulina,1925, p. 111).− En partic. Relations charnelles hors du mariage. Faire une faute. Lady Wilmor. − (...) j'ai un secret, un secret humiliant à vous révéler (...). J'ai un fils (...). Oui, l'enfant d'une faute (Dumas père, Darlington,1832, III, tabl. 6, 4, p. 107).Ce monde illogique où nous vivons, qui n'aime pas l'adultère de la femme et qui raffole de toutes les fautes galantes d'un homme comme il faut (Verlaine,
Œuvres compl.,t. 4, L. Leclercq, 1886, p. 167).
b) Spécialement
α) RELIG. Manquement aux préceptes d'une religion. Confession, absolution des fautes; confesser ses fautes; absoudre les fautes de qqn; pêcheur chargé de fautes; faute vénielle, mortelle; faute charnelle. Synon. péché.Le long des couloirs (...) on ne voyait qu'une double rangée de confessionnaux (...) il y avait des prêtres parlant toutes les langues, pour remettre leurs fautes aux pêcheurs (Zola, Lourdes,1894, p. 127).De quelle faute l'évêque s'était-il accusé à l'abbé Sancerre? De quelle faute celui-ci avait-il refusé de l'absoudre? (Billy, Introïbo,1939, p. 231).♦ La faute (originelle). Le péché originel. Le baptême qui efface la faute originelle (Huysmans, Oblat,t. 2, 1903, p. 156).On n'ose plus s'élever à sa [d'Augustin] splendide vision de l'univers, tel qu'il était avant la faute et tel qu'il sera de nouveau dans l'état de gloire (Gilson, Espr. philos. médiév.,1931, p. 127).
♦ [P. réf. à la Bible, Exode 20, 5] Il est écrit dans le Livre saint, répondit Monte-Cristo : « Les fautes des pères retomberont sur les enfants jusqu'à la troisième et quatrième génération » (Dumas père, Monte-Cristo,t. 2, 1846, p. 429).
β) DROIT −
DR. CIVIL. Acte ou omission constituant un manquement, intentionnel ou non, à une obligation contractuelle, à une prescription légale ou au devoir de ne causer aucun dommage à autrui (d'apr. Cap. 1936). Le mandataire répond non-seulement du dol, mais encore des fautes qu'il commet dans sa gestion (Code civil,1804, art. 1992, p. 358).SYNT. Faute civile, commune, contractuelle, dolosive, objective, subjective; faute inexcusable.
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DR. ADMIN. ♦ Faute de service. Faute non détachable de la fonction et impliquant la responsabilité pécuniaire de l'Administration devant les tribunaux administratifs (d'apr. Cap. 1936).
♦ Faute personnelle. Faute de l'agent administratif dans l'exercice de ses fonctions, considérée comme détachable du service et susceptible de fonder sa responsabilité pécuniaire devant les tribunaux judiciaires (d'apr. Cap. 1936).
− DR. PÉNAL. Faute (pénale). Manquement au devoir; imprudence, négligence sanctionnée par une peine (d'apr. Cap. 1936).