a) Envoyer. Raisonnablement, je devais mourir, à vingt ans, à Londres, de phtisie. Ma famille m'expédie ici pour prolonger, quelques mois, ma vie. Je guéris (Tharaud, Dingley,1906, p. 134):4. Le Pentagone nous demande même (...) si nous serions disposés à expédier deux divisions au Pacifique. « Ce n'est pas exclu, répondons-nous. Mais, alors, nous entendons pouvoir envoyer aussi, en Birmanie, les forces voulues pour prendre part à l'offensive vers l'Indochine. »
De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 227.
Expédier qqn faire qqc.Il arriva que mon père s'émut du sort des prostituées (...). Il expédia ses hommes d'armes se saisir de quelques-unes d'entre elles (Saint-Exup.Citad.,1944, p. 669). b) Vx, fam. [Avec ou sans violence] Tuer, faire mourir (rapidement). « Qu'est-ce qu'on fait, dit-elle, on se bat? » Je répondis : « Ce n'est rien, mademoiselle, nous venons d'expédier une douzaine de Prussiens! » (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Idées colonel, 1884, p. 252).Le premier duelliste, je l'expédie avec les honneurs qu'on lui doit! (Rostand, Cyrano,1898, I, 4, p. 35):5. − D'ailleurs, reprit Robert, une personne d'un tel mérite ne saurait en aucun cas être à vous. Car, ou bien je vous expédie, ou bien vous m'expédiez. Et, dans cette dernière alternative, je sais, la connaissant, que jamais ma veuve ne vous épousera.
Pourrat, Gaspard,1931, p. 49.
− [Le suj. désigne une chose] Chez les apothicaires... on trouve des drogues comme celles-là, qui vous expédient un homme avant qu'il ait eu le temps de dire un in manus (Mérimée, Théâtre C. Gazul,1825, p. 323).
− En partic. (Faire) exécuter par voie de justice. Le shérif désencombrait les maisons de justice; quand il arrivait dans une ville de sa province, il avait le droit d'expédier sommairement les prisonniers (Hugo, Homme qui rit,t. 2, 1869, p. 187).Tu veux une cigarette avant qu'ils t'expédient ou un verre de vin? (Camus, Révolte Asturies,1936, p. 434).
− Loc. Expédier dans l'autre monde. Tuer. [Victoire :] − ... Ah! le gouvernement a beau envoyer des inspecteurs chaque mois... Ça n'empêche pas les bonnes femmes [des nourrisseuses] de continuer tranquillement leur négoce, d'expédier tant qu'elles peuvent des petiots dans l'autre monde (Zola, Fécondité,1899, p. 257).