1. Laisser échapper de sa gorge, de sa bouche (un souffle, un soupir, un gémissement). La respiration devient lente, bruyante; la poitrine exhale un air froid. Ces préludes sont terribles (Latouche, L'Héritier, Lettres amans,1821, p. 100).L'enfant exhale une plainte faible (Bloy, Femme pauvre,1897, p. 223).Elle [Camille] exhala un soupir furieux (Colette, Chatte,1933, p. 165).♦
Emploi pronom. passif. Le gémissement qui s'exhalait sans arrêt de sa bouche entrouverte, cessa (Bernanos, Crime,1935, 1repart., II, p. 755):6. Trilby (...) se rapprochait plus timide de la fileuse endormie, et (...) rassuré par le souffle égal qui s'exhalait de ses lèvres à intervalles mesurés...
Nodier, Trilby,1822, p. 118.
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Exhaler son dernier soupir, souffle. Rendre l'âme, mourir : 7. ... quand elle [Félicité] exhala son dernier souffle, elle crut voir, dans les cieux entr'ouverts, un perroquet gigantesque, planant au-dessus de sa tête.
Flaub., Cœur simple,1877, p. 73.
Littér. Exhaler son âme. Rendre l'âme, mourir. Les époux Floche avaient tous deux exhalé vers Dieu leur âme tremblante et douce, à quelques jours d'intervalle (Gide, Isabelle,1911, p. 659). 2. Laisser échapper de sa bouche (des paroles, les manifestations d'un sentiment; généralement à caractère péjoratif). Exhaler sa rage, sa colère. Cachant ma tête dans mes mains, j'exhalai des sanglots désespérés (Sand, Mauprat,1837, p. 127).J'exhale ma bile devant un gros aubergiste et un individu à basse mine d'instituteur (Bloy, Journal,1902, p. 112).Le cousin exhala sa fureur d'avoir sollicité l'affection d'une sotte (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 519).− En partic. et rare. Témoigner, indiquer. J'ai beaucoup entendu parler de vous, dit-elle avec un accent rude qui exhalait une âme commune (Chardonne, Épithal.,1921, p. 221).
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Emploi pronom. passif. Quand sa rage se fut exhalée, il se prit à pleurer amèrement (Sand, Compagnon Tour de Fr.,1840, p. 324).♦ S'exhaler en, par.La rage du baron de Haut-Lieu n'ayant point d'issue, elle s'exhale par des gestes dont la foule ne saisit que le côté comique (Gozlan, Notaire,1836, p. 147).La rage de toutes ses douleurs s'exhalait en injures contre les trois hommes (Flaub., Salammbô, t. 1, 1863, p. 111).
3. Au fig. Exprimer. Grande, jolie, son être exhalait maintenant une ardeur violente (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 25):8. L'accent et le regard de la bonne femme exhalaient cette douce cordialité qui n'efface pas le chagrin, mais qui l'apaise, qui le berce et l'émousse.
Balzac, Peau chagr.,1831, p. 135.
9. Isolés dans l'amour ainsi qu'en un bois noir,
Nos deux cœurs, exhalant leur tendresse paisible,
Seront deux rossignols qui chantent dans le soir.
Verlaine,
Œuvres compl.,t. 1, Bonne chans., 1870, p. 112.
Rem. On rencontre ds la docum. exhalé, ée, part. passé en emploi adj., littér. Qui a laissé échapper hors de soi une odeur. Comme on respire encor dans un vase exhalé L'odeur d'un doux parfum après qu'il a brûlé (Lamart., Harm., 1830, p. 385).