a) Domaine
éthique, relig., philos., pol., idéol.Inspirer des sentiments élevés, nobles; porter aux réflexions métaphysiques, aux grandes émotions spirituelles, aux opinions extrêmes; développer l'ardeur à convaincre, combattre. Cette continence qu'on vous impose, à vous autres prêtres, influence votre vision du monde, l'exalte et la spiritualise (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 73).C'est vous qui avez exalté les courages, sanctifié l'effort, cimenté les résolutions. Vous fûtes les inspirateurs de tous ceux et de toutes celles qui ont triomphé du désespoir et lutté pour la patrie (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p. 501).− Emploi pronom. passif. Devenir supérieur, se perfectionner, se quintessencier, etc. J'ai retrouvé l'instinct animal pour qu'il s'exalte et s'ennoblisse et qu'il devienne enthousiasme. J'ai gagné les régions supérieures enchaîné dans la grappe humaine (Barrès, Cahiers,t. 6, 1907-08, p. 230).
− Péj. Rendre fanatique; faire dépasser la mesure. Foi que, sans interruption aussi, les prophètes avaient exaltée en eux et portée à un haut degré de fanatisme (P. Leroux, Humanité,t. 2, 1840, p. 732).Natacha est victime des mauvais livres qui ont exalté la cervelle de tous ces pauvres enfants révoltés (...) elle divague, et je me suis dit plus d'une fois qu'avec des idées pareilles sa place n'était point dans notre salon, mais derrière une barricade (G. Leroux, Roul. tsar,1912, p. 39).
b) Domaine
affectif, intellectuel, artistique.Inspirer des idées, des impressions, des sentiments très vifs; porter à un très haut degré d'émotion sentimentale, d'activité mentale. Exalter l'imagination, l'orgueil, la personnalité, les sentiments; l'amour, la solitude exalte. Ses premiers effets [de l'opium] sont toujours de stimuler et d'exalter l'homme, cette élévation de l'esprit ne durant jamais moins de huit heures (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 412).L'enfant n'est plus exalté par des récits de bataille, mais n'est remué, intéressé que par des livres de science (Goncourt, Journal,1884, p. 380).La rencontre d'une femme, aimée autrefois, l'exalte et le bouleverse jusqu'à l'affoler (Bourget, Nouv. Essais psychol.,1885, p. 225):3. La passion peut exalter notre âme au point de nous faire croire qu'elle a la puissance de nous rendre immortels.
L'amour est sans contredit ce qui donne le plus d'exaltation à l'âme : c'est une seconde création.
Chênedollé, Journal,1807, p. 18.
− Emploi pronom. réfl. ou passif. Devenir plus ardent, plus passionné. Tu t'exaltes et tu ne raisonnes pas (Gobineau, Pléiades,1874, p. 279).Si jadis je m'étais exalté en croyant voir du mystère dans les yeux d'Albertine, maintenant je n'étais heureux que dans les moments où de ces yeux (...) je parvenais à expulser tout mystère (Proust, Prisonn.,1922, p. 75).Une passion à son sommet s'exalte des plus grands obstacles. À son déclin, le plus petit obstacle la fait fléchir et douter (Faure, Espr. formes,1927, p. 135).
− Emploi pronom. réciproque. Se communiquer mutuellement une plus grande ardeur. Cette vie toute passionnée et idéale, où l'amour et la poésie se confondent, s'exaltent et se ravivent l'une de l'autre (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 22).
−
PSYCHOPATHOL. Surexciter l'activité psychique de façon morbide. L'affection mélancolique (...) où l'esprit et l'imagination, dont la sensibilité est singulièrement augmentée et exaltée, sont encore plus malades que le corps (Geoffroy, Méd. prat.,1800, p. 485).♦ Emploi pronom. passif. Être affecté d'une surexcitation morbide. Son amour s'exalta, il devint fou, et parla de se brûler la cervelle (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 21).Cette imagination d'homme du nord, triste et rêveuse (...) s'exalta peu à peu jusqu'au délire; il fut obsédé par des pensées de mort violente (Thierry, Récits mérov.,t. 1, 1840, p. 127).