a) [Avec un compl. second désignant des données chiffrées] Fixer (précisément ou approximativement) à. Lorsqu'on évalue une maison « vingt mille francs » en argent, on a une idée un peu plus précise de sa valeur que lorsqu'on l'évalue « mille hectolitres » de froment (Say, Écon. pol.,1832, p. 313).Rem. La docum. atteste un emploi dans lequel le compl. d'obj. désigne une pers. Savez-vous que c'est une chose bien impertinente que d'évaluer un savant tel que moi quatre méchants écus? (Hugo, Han d'Isl., 1823, p. 245).
[Avec un compl. prép. à désignant une mesure, une somme quantifiée] − Évaluer des dettes à quarante mille francs environ. J'évalue donc ce travail d'horloger de précision, que vous me confiez, à trois semaines (Villiers de l'I.-A., Corresp.,1886, p. 112).Monsieur votre frère a perdu sur le papier, une somme que je peux évaluer à trente mille francs, pas un louis de plus (Duhamel, Maîtres,1937, p. 72):5. Quant aux forces de l'intérieur, le professeur Pasteur Vallery-Radot, qui a pris en charge le service de santé, évalue à 2 500 hommes tués ou blessés ce que leur ont coûté les combats qu'elles mènent depuis six jours. En outre, plus de 1 000 civils sont tombés.
De Gaulle, Mém. guerre,1956, p. 309.
Emploi pronom. à sens passif. Le vaisseau est à moi seul, et la totalité du voyage peut s'évaluer ici à 60 ou 80 000 francs au minimum (Lamart., Corresp.,1832, p. 285). b) [Avec un compl. prép. à/avec désignant le moyen] Estimer, déterminer (une quantité, une durée d'après un repère quelconque). Nous évaluons l'intensité d'une douleur à l'intérêt qu'une partie plus ou moins grande de l'organisme veut bien y prendre (Bergson, Essai donn. imm.,1889, p. 39).« Une montre, disait-il, c'est cher et c'est bête ». Il évaluait le temps, et surtout l'heure des repas qui était la seule qui lui importât, avec ses deux marmites dont l'une était pleine de pois à son réveil (Camus, Peste,1947, p. 1313).SYNT. Évaluer algébriquement, approximativement, avec précision, correctement, globalement, mathématiquement, quantitativement, statistiquement.
Rem. La docum. atteste a) L'emploi subst. masc. C'est la loi de combinaison et composition de ces trois types d'évaluer qui est la tâche théorique et pratique de l'économiste (Perroux, Écon. XXes., 1964, p. 473). b) Évaluant, ante, part. prés. en emploi adj. Qui a la capacité, le pouvoir d'évaluer. Ces valeurs [créées par l'homme], et, par suite, les états affectifs, sont élaborées, spécifiées par la conscience évaluante (Ruyer, Conscience, 1937, p. 141). c) Évaluateur, subst. masc. Ce qui sert à déterminer la valeur d'une chose. L'argent, comme toute autre marchandise, est un signe représentatif du travail : à ce titre, il a pu servir d'évaluateur commun, et d'intermédiaire aux transactions (Proudhon, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 46). d) Évaluatif, ive, adj. Qui évalue, qui permet d'évaluer; qui est déterminé par évaluation. Crédits évaluatifs; répartition évaluative des temps de travail. Pour répartir équitablement (...) [la] contribution [foncière], il fallait connaître l'étendue et la valeur des biens de chacun et en évaluer le revenu : d'où la nécessité d'un état descriptif et évaluatif des propriétés foncières (Fonteneau, Conseil munic., 1965, p. 8). ,,Méthode évaluative d'assertion. Procédure par laquelle, en analyse de contenu, on soumet aux sujets testés des propositions dont ils ont à établir les termes, ou qu'ils ont à apprécier`` (Ling. 1972).