1. Sentiment qui incline l'homme, l'individu à espérer. Qu'est-ce que l'espoir? Une transaction du rêve avec la réalité (Augier, Beau mar.,1859, IV, p. 150).« Sala de espera ». Quelle belle langue que celle qui confond l'attente et l'espoir! (Gide, Journal,1932, p. 1128):4. Il faudrait n'être pas triste; il faudrait espérer; on ne donne aux gens que l'espoir que l'on a. Il faudrait compter sur la nature, voir l'avenir en beau, et croire que la vie triomphera. C'est plus facile qu'on ne croit, parce que c'est naturel. Tout vivant croit que la vie triomphera, sans cela il mourrait tout de suite.
Alain, Propos,1909, p. 60.
5. Le « rêve » a atteint ainsi sa suprême signification; il est la porte qui s'ouvre sur le monde intemporel, la voie par où l'on atteint, hors de toute solitude, de tout désespoir, de toute existence séparée, à l'espoir infini. Dès lors, la cime gravie, le mystique peut se retourner vers le monde, dont il est arrivé à se détacher...
Béguin, Âme romant.,1939, p. 213.
− Au plur., littér., rare. Peu à peu, le calme, le silence et l'obscurité s'établissent dans la grange et ensevelissent les soucis et les espoirs de ses habitants (Barbusse, Feu,1916, p. 203).Les immenses espoirs dont l'armistice nous souleva (Du Bos, Journal,1922, p. 138).
2. P. méton. La personne ou la chose sur qui se fonde l'espoir de quelqu'un. J'aimais votre frère, lorsqu'il était l'espoir de sa famille; je l'adore depuis qu'il en est banni (La Martelière, Robert,1793, I, 1, p. 1).Ma fille, enfin, c'est toi tout l'espoir de nos armes (Moréas, Iphigénie à Aulis,1903, p. 239).−
Spéc. Personne que l'on présume réussir dans l'avenir dans un domaine déterminé, étant donné les qualités requises par cette spécialité et qu'elle réunit. L'annonce du crochet excite beaucoup les jeunes espoirs théâtraux de l'endroit (Queneau, Loin Rueil,1944, p. 130):6. Les combats d'espoirs commencent. Les espoirs, ou débutants, qui combattent pour le plaisir, ont toujours à cœur de le prouver en se massacrant d'urgence, au mépris de toute technique.
Camus, Été,1954, p. 36.