1. Peur très profonde, violente et soudaine provoquant un désordre de l'esprit, et s'accompagnant parfois d'un mouvement de fuite. Être fou d'épouvante; hurler d'épouvante; cris, gestes, sursauts d'épouvante. (Quasi-)synon. effroi (cf. ce mot A), horreur, terreur.Une épouvante égarait leurs yeux, car ils [les suicidés] ne savaient pas qu'on souffrait tant avant la fin (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Endorm., 1889, p. 1169).L'épouvante était là − pas la peur, la terreur, celle des bêtes, des hommes seuls devant l'inhumain (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 401):1. Il faillit tomber, se rattrapa; et, le cœur cloué, fumant de peur, crut devenir fou. La jument, plantée droite entre les brancards, reculait, reculait, en hennissant d'épouvante. Trois spectres plus hauts que des géants venaient à lui sur la route.
Pourrat, Gaspard,1930, p. 212.
SYNT. Épouvante atroce, croissante, folle, indicible, ingouvernable, sacrée, saisissante, véritable; crises, expressions, frissons, mouvements, paroles d'épouvante; images, scènes, songes, visions d'épouvante; heures, minutes, moments d'épouvante; épouvante et angoisses, cauchemars, horreurs, menaces, misères, peur, souffrances, terreurs; avoir de l'épouvante; être frappé, glacé, plein, rempli, saisi, transi d'épouvante; attendre, écouter, regarder, voir qqc. avec épouvante, avec (de) l'épouvante dans les yeux; mourir d'épouvante; cacher, contenir son épouvante; causer, déclencher, engendrer, inspirer, répandre, semer de l'épouvante; crier, gémir d'épouvante; jeter, précipiter qqn dans l'épouvante; vivre dans l'épouvante; sans aucune épouvante.
− Loc. adj. inv. D'épouvante. Film d'épouvante. Qui suscite chez le spectateur des sentiments d'effroi et des émotions violentes (d'apr. Dub. et Davau-Cohen 1972).
2. P. ext. Vive et profonde inquiétude, appréhension. Je n'aurais pu m'empêcher de lui dire [à Paul Adam] l'épouvante que m'inspirent son affreux style, le massacre qu'il fait de la langue française (L. Daudet, Entre-deux-guerres,1915, p. 156):2. blaise. − (...) Reconnaissez donc une bonne fois que la seule idée de ce mariage vous épouvante...
marcelle. − Toujours les grands mots! Comme s'il s'agissait d'épouvante! Ce qui est vrai, c'est qu'Emmanuele n'a pas dix-huit ans et que sa santé a toujours été fragile.
Mauriac, Asmodée,1938, V, 2, p. 189.