1. [L'éperon est une pointe métallique] a) JEUX. Pointe métallique dont on arme les pattes d'un coq de combat. Un combat de coqs (...) armés d'éperons de fer, dont la gorge ouverte saignait (Zola, Germinal,1885, p. 1265).
b) MARINE
c) Spéc., HIST. Pointe métallique placée en avant de l'étrave et en dessous de la ligne de flottaison, destinée à percer la coque des navires ennemis. (Quasi-)synon. rostre.Les éperons des galères d'Octave se brisaient contre ces gros navires construits de fortes poutres cerclées de fer (Michelet, Hist. romaine,t. 2, 1831, p. 322).
d) P. ext. Partie saillante ou renforcée en avant de l'étrave d'un navire. Enfin on reconnut la trirème d'Hamilcar (...) et sous l'éperon qui terminait sa proue, le cheval à tête d'ivoire (Flaub., Salammbô,t. 1, 1863, p. 115).− P. anal., CH. DE FER. L'éperon d'une locomotive. Il eût écrasé sans doute les premiers buffles attaqués par l'éperon de la locomotive (Verne, Tour monde,1873, p. 153).
2. [Une saillie, une proéminence] a) ANAT. Partie en saillie dans une cavité qu'elle tend à diviser ou dans un tissu à structure homogène qu'elle tend à renforcer (d'apr. Méd. Biol. t. 2 1971). Guérison des anus contre nature consistant à repousser l'éperon avec un instrument « ad hoc » (C. Bernard, Notes,1860, p. 176).
b) ARCHIT. Ouvrage saillant en maçonnerie, angulaire en plan, construit en avant d'une pile de pont pour le protéger ou contre un mur pour le soutenir. (Quasi-) synon. bec.Chaque pile [du pont Saint-Esprit, sur le Rhône] est percée à jour au-dessus des éperons (Stendhal, Mém. touriste,t. 1, 1838, p. 283).Ces statues sont posées latéralement et du même côté, par rapport aux becs saillants ou aux éperons qui renforcent ces tours contre la sape et qui augmentent les flanquements (Viollet-le-Duc, Archit.,1872, p. 242).
c) BOT. Appendice tubuleux du calice ou de la corolle d'une fleur. Le calice de la capucine, les pétales de la violette ont un éperon (Ec.1835-1932).
d) Dans le domaine de la
géogr.Partie saillante, avancée d'un relief montagneux. Éperon rocheux, calcaire. Le Potawmack sera navigable jusqu'au dernier éperon des Alléghénys (Crèvecœur, Voyage,t. 1, 1801, p. 174).Saint-Gilles (...) construisit sur l'éperon rocheux qui surplombe la gorge de la Qadicha, une forteresse (Grousset, Croisades,1939, p. 75):4. ... une attaque menée par trois corps d'armée, ayant pour objectif la crête de Vimy (côtes 119, 140, 132). Deux attaques de flanc : l'une au nord de l'attaque principale visant la crête de Notre-Dame-de-Lorette et l'éperon nord de Souchez, puis la cote 119; l'autre, au sud, en direction de la croupe 96-93 (1 500 mètres sud de Bailleul) et s'étendant jusqu'à la Scarpe.
Joffre, Mémoires,t. 2, 1931, p. 73.
♦ Faire éperon, s'avancer en éperon. Faire saillie, s'avancer en saillie. Telle cathédrale (...) faisant éperon au bord du fleuve (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 838).L'hôtel et le village, accrochés à un versant, s'avançaient en éperon au-dessus du torrent (Estaunié, Sil. camp.,1925, p. 59).
e) Dans le domaine de la zool.Petit appendice sur la partie postérieure de la patte de certains animaux. Chez le coq (...) l'éperon court et rond chez les jeunes s'allonge et, chez les vieux, devient une pointe (Vialar, Fusil,1960, p. 53).