1. [L'obj. désigne un sentiment ou le cœur comme siège des sentiments] Donner libre cours à un sentiment, le confier en toute liberté et sincérité. Épancher son cœur, sa joie. Un cœur où je pourrais épancher mes douleurs quand elles surabondent (Balzac, Lys,1836, p. 92):2. Verse-la, cette tendresse qui t'emplit, et plus tu l'épancheras, plus elle surgira de toi inextinguible et tiède; répands ton cœur dans la méditation des souffrances de Jésus, dans la contemplation des merveilles créées, dans la dilection de tes frères; ...
Flaubert, La Tentation de St-Antoine,1849, p. 333.
− Emploi pronom. à sens passif. Il faut que ma douleur s'épanche dans un cœur ami (Karr, Sous tilleuls,1832, p. 285).L'indignation et la douleur trop longtemps contenues s'épanchèrent (Sand, Hist. vie,t. 2, 1855, p. 464).
− Épancher sa bile, son fiel. Donner libre cours à son amertume, à son indignation. Synon. déverser, exhaler.Il y a des jours où je brûle d'être journaliste, pour épancher ma bile (Flaub., Corresp.,1873, p. 80).Il dut se borner à épancher son fiel en un soliloque navré et imprécis (Courteline, Ronds-de-Cuir,1893, 2etabl., I, p. 60).
2. Emploi pronom. à valeur subjective a) [Le suj. désigne une pers.] Se confier, s'exprimer en toute liberté et sincérité. S'épancher dans le sein de qqn, besoin de s'épancher. Il avait besoin de s'épancher, de trouver quelqu'un à qui tout dire (Champfl., Avent. MlleMariette,1853, p. 177).Il s'épanche volontiers en confidences, en rires ou en pleurs (Mounier, Traité caract.,1946, p. 500).
b) P. ext. [Le suj. désigne un sentiment] Se répandre abondamment. L'amour est inépuisable; il vit et renaît de lui-même, et plus il s'épanche, plus il surabonde (Lamennais, Paroles croyant,1834, p. 150).Rem. 1. Dans la plupart de ses emplois, le verbe appartient à la lang. poét. 2. On rencontre ds la docum. a) Épancher, employé par erreur pour son paron. étancher. Nous sommes la nature et la source éternelle Où toute soif s'épanche, où se lave toute aile (Hugo, Rayons et ombres, 1840, p. 1067). Une soif de l'ingénu, que tout le Paradis ne lui épancherait pas (Toulet, Almanach, 1920, p. 170). b) Épanchoir, subst. masc. Ouvrage d'art où se déverse le trop plein d'un canal ou d'un étang. Synon. usuel déversoir. P. métaph. Parlez de vous, de vos peines, de vos affaires toujours. Ne suis-je pas votre « épanchoir? » (E. de Guérin, Lettres, 1840, p. 350).