A.− Emploi réciproque 1. [Correspond à I A 1 a et b] S'entremêler, s'entrecroiser, s'entrelacer. Le concerto fini, les danses commencèrent. Les mains avec les mains en chaîne s'enlacèrent (Gautier, Prem. poés.,1830-45, p. 184).Les branches des taillis s'enlaçaient plus étroitement (Zola, Contes Ninon,1864, p. 24).Une bonne (...) jeta dans la cheminée (...) une brassée de menu bois. Alors ce fut un beau feu (...) et ces flammes dansaient, changeaient, s'enlaçaient, toujours plus hautes et plus gaies (Loti, Rom. enf.,1890, p. 5).− P. anal. Les petites rues descendaient, montaient, s'enlaçaient (Loti, Désench.,1906, p. 208).
− P. métaph. [Au parloir des Madelonnettes], les conversations se mêlaient et s'enlaçaient pour produire la plus étrange confession (Joigneaux, Prisons Paris,1841, p. 171).Leurs esprits souples et brillants [de Nodier et Benjamin Constant], leurs sensibilités promptes et à demi brisées devaient du premier coup s'enlacer et se convenir (Sainte-Beuve, Portr. littér.,t. 1, 1844-64, p. 465).
2. [Correspond à I A 3] Se prendre mutuellement dans les bras, se tenir par la taille. Lutteurs qui s'enlacent. Synon. s'étreindre, s'embrasser.Des couples qui s'enlacent et tournoient, au son fracassant des cuivres (Huysmans, Art. mod.,1883, p. 506).Un couple très jeune (...) s'enlace et se désenlace, à moitié endormi (Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1905, p. 14):4. Cette monstrueuse ballade [Ballade à la Grosse Margot] où se tordent et s'enlacent tour à tour clients et tenancier, avec la même femme, est une des bases de l'œuvre villonesque.
Carco, Nostalgie de Paris,1941, p. 134.
B.− Emploi à sens passif. S'enlacer à + subst.[Correspond à I A 2] Être enroulé autour de. Il suffit de l'instant turbulent où s'enlace Un corps à l'autre corps parmi des pleurs cuisants, Pour qu'aucun baume humain (...) n'efface Ce cachet qui va s'enfonçant (Noailles, Forces étern.,1920, p. 352).Elle [Adrienne Septmance] (...) épingle à son cou un nœud où le satin s'enlace à la dentelle (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 104):5. Le pavé romain pointait par places au travers de ces routes étroites, parfois recouvertes en voûte d'un berceau serré de verdure où la vigne s'enlaçait encore aux branches...
Gracq, Le Rivage des Syrtes,1951, p. 17.
− P. anal. La route s'était enlacée autour d'une colline (Giono, Chant monde,1934, p. 105).
− Au fig. Ces magnifiques allégories du Moyen Âge, où l'immortel grotesque s'enlaçait en folâtrant à l'immortel horrible (Baudel., Curios. esthét.,1867, p. 257).Plus le récit de Pascuali avançait d'un dimanche à l'autre plus il s'enlaçait, se nouait à mes propres aventures de la semaine (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 153).
−
[Sans compl. prép. à] Se tordre, faire des tours et des détours. Un chemin ouvre sa bouche au ras de la route. Il a dû ramper à travers bois et monter, et s'enlacer pour venir jusque-là (Giono, Regain,1930, p. 21).Rem. 1. On rencontre ds la docum. l'adj. enlaceur. Il [William] tâtait, machinalement, les doigts menus et enlaceurs, (...) et cette paume douillette (E. de Goncourt, Faustin, 1882, p. 208). 2. La plupart des dict. du xixeet xxes. enregistrent le subst. fém. enlaçure ou enlassure, charpent. ,,Assemblage d'une mortaise et d'un tenon avec des chevilles`` (Rob.).