a) [D'une pers.] Qui éprouve, manifeste de l'amour, de la tendresse (pour quelqu'un). Puis, sans haleine, sans force, enamourée et farouche, elle enlaçait de ses bras meurtris le sinistre farceur (Huysmans, Marthe,1876, p. 102).Six semaines plus tard, elle le rejoignait, toute vieillie, méconnaissable, et plus enamourée encore. Éperdu, il la reprit (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Passion, 1882, p. 829).− Emploi subst. Personne qui éprouve, manifeste de l'amour. Lui, le tendre énamouré quand elle le serrait là tout cru contre elle, il se figurait (...) être en paradis. (...) allez donc ne pas aimer une citoyenne qui se montre si peu vêtue (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 364).MlleRolande, la blondasse (...) l'énamourée qui semble toujours appartenir à un royaume où ne réside pas son corps (Arnoux, Solde,1958, p. 168).
b) [D'un aspect du comportement humain ou d'une qualité, d'une œuvre humaine] Qui manifeste, exprime l'amour ou qui est empreint d'amour. Discours énamouré. On pouvait déchirer une lettre et répondre quelques mots dignes et sereins, si l'on n'acceptait pas l'encens enamouré qu'elle exhalait (Mallarmé, Corresp.,1862, p. 40).Son amie Bianca, voluptueuse et dont les confidences paraphrasaient les regards énamourés des jeunes filles de Greuze, admirait charnellement la force, aimant le David et l'Hercule (Péladan, Vice supr.,1884, p. 18).La perfidie énamourée et sensuelle de cette irritante courtisane (Maupass., Notre cœur,1890, p. 490).− P. métaph. [En parlant d'une chose] Qui semble éprouver, exprimer de l'amour; qui évoque la tendresse. Un fleuve enamouré, Mystérieux, baisant ses rives délicates (Banville, Exilés,1874, p. 64).Reposer dans la mollesse énamourée de cette journée d'été (Estaunié, Simple,1891, p. 47).La pulsation du sang humain se fondit de la sorte avec le battement du cœur de la pierre énamourée. Car l'amour (...) habite le cœur des pierres (Milosz, Amour. initiation,1910, p. 75).