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CRIT. LITTÉR. Fait de prendre chez un auteur un procédé, un fait littéraire pour se l'approprier, pour l'utiliser ou l'imiter. L'« inoriginalité » de la littérature russe, (...) ses emprunts à nous autres, (...) ses emprunts à la littérature anglaise, (...) ses emprunts à Poe (Goncourt, Journal,1890, p. 1261).Exception faite pour un emprunt aux « Opuscules », ces quelques notes se réfèrent exclusivement aux « Pensées » (Du Bos, Journal,1923, p. 303):6. Houssaye (...); exploiteur grand modèle; un nom fait de vols, un succès fait d'emprunts, un journal fait de pillages, une réputation qui n'a que sa signature...
Goncourt, Journal,1857, p. 311.
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LING. Fait pour une langue d'incorporer une unité linguistique, en particulier un mot, d'une autre langue; p. méton., l'unité de langue incorporée. Usuels sont les emprunts de vocabulaire, plus rares et souvent contestables ou du moins indirects les emprunts de syntaxe, de flexion, de prononciation (Mar.Lex.1951) :7. ... les mots les plus servilement latins sont les moins illégitimes parmi les intrus du dictionnaire. Il était naturel que le français empruntât au latin, dont il est le fils, les ressources dont il se jugeait dépourvu et, d'autre part, quelques-uns de ces emprunts sont si anciens qu'il serait fort ridicule de les vouloir réprouver. Il y a des mots savants dans la chanson de Roland.
Gourmont, Esthétique de la lang. fr.,1899, p. 22.
8. Il semble utile de distinguer emprunt et héritage. Par exemple (...) le mot table est issu du latin tabula : on ne peut pas dire qu'il y ait emprunt au latin; il s'agit d'une évolution normale de la langue, le terme employé est un héritage. Par contre, à des époques diverses, certains mots, surtout des mots savants, ont été empruntés au latin et refaits sur le modèle morphologique français (...) : nullité = emprunt du latin médiéval nullitas.
Lang.1973, p. 95.
Rem. Certains empr., en partic. dans des domaines techn., ne sont que des transcr. de la lang. d'orig., p. ex. callitriche, subst. masc., zool.
α) Variété de singes à cloison nasale étroite. Synon. vulg. singe vert. Quelques espèces, comme le callitriche, ont un os particulier qui remplace l'angle zygomatique de l'os de la pommette (Cuvier, Leçons d'anat. comp., t. 3, 1805, p. 39).
β) Genre de singes platyrhiniens. Synon. vulg. sagouin. Attesté ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e-Lar. 20e, et Quillet 1965. − 1reattest. 1553 « singe » (P. Belon, Observ., 213 vods Hug.). Empr. au lat. class. callithrix, -icis (Pline ds TLL s.v., 175, 5) lui-même empr. au gr. κ
α
λ
λ
ι
́
θ
ρ
ι
ξ, -τ
ρ
ι
χ
ο
ς épithète homérique en parlant d'animaux, notamment du cheval « à la belle crinière » (Iliade ds Liddell-Scott).