Dans cette page, retrouvez les définitions de:

ÉCROU1, subst. masc.

ÉCROU1, subst. masc.
A.− Pièce de métal, de bois ou de matière dure permettant le serrage, percée d'un trou cylindrique dont la surface interne est filetée et destinée à recevoir le pas d'une vis, d'un boulon. Écrou carré, à six pans; écrou à entailles, à oreilles; écrou brasé, taraudé, fileté; serrer un écrou. Un paysan vissa l'écrou d'une des roues à contre-sens, avec tant de force qu'il était impossible de l'ôter (Chateaubr., Mém.,t. 4, 1848, p. 456).Les taraudeuses, manœuvrées par des femmes, taraudant les boulons et leurs écrous (Zola, Assommoir,1877, p. 536).
B.− Au fig. Ce qui serre, retient ou assemble. La tête visée sur l'écrou de sa guimpe (H. Bazin, Mort pt cheval,1949, p. 98):
Je m'irritais surtout contre trois noms qui revenaient constamment entre Simon et ses amis, (...); trois noms dont j'ignorais presque l'orthographe, mais qui me semblaient cependant, à la place de Renan, de Barrès, beaux écrous un peu desserrés, les seuls à visser maintenant notre pauvre existence contre le monde et ses mystères, Mallarmé, Claudel et Rimbaud. Giraudoux, Suzanne et le Pacifique,1921, p. 134.
Prononc. et Orth. : [ekʀu]. Ds Ac. 1694-1932. Ac. 1718 et 1740 enregistrent également, l'une escroue, l'autre écroue. Étymol. et Hist. 1. Fin du xiiies. escroe fém. (Fr. II de Hohenstaufen, Traité de fauconnerie ds Z. rom. Philol., t. 46, 1926, p. 286, s.v. tornatil); rare av. le xvies.; 1542 escroue (Amadis, III, 6 ds Hug.) − 1752 écroue (Trév.); 2. 1409-10 acrous [masc.?] (Compt. de l'H.-D. d'Orl. ds Gdf. Compl.), forme isolée; 1567 écrou (Plantin, Dialogues françoys ds IGLF). Du lat. scrofa « truie », qui a dû prendre en b. lat., par une comparaison vulg., le sens d'« écrou » (cf. aussi le Polyptique de l'abbaye de Saint-Germain-des-Prés, éd. A. Longnon, t. 2, p. 199 et t. 1, p. 64, note 7, p. 152, note 1). Bbg. Brüch (J.). Fr. étuve und écrou. Arch. St. n. Spr. 1923, t. 145, pp. 103-104.

ÉCROU2, subst. masc.

ÉCROU2, subst. masc.
Acte, procès-verbal constatant qu'une personne a été remise à un directeur de prison et indiquant notamment le nom du détenu, la date et les motifs de son incarcération. Élisa, était enfin habillée en détenue, avec sur le bras le double numéro de son écrou et de son linge (Goncourt, Élisa,1877, p. 166):
J'ai quelques amis, quelque influence; je puis obtenir main levée de l'arrêt. − Il n'y a pas eu d'arrêt. − De l'écrou, alors. − En matière politique, il n'y a pas de registre d'écrou : parfois les gouvernements ont intérêt à faire disparaître un homme sans qu'il laisse trace de son passage; des notes d'écrou guideraient les recherches. A. Dumas père, Le Comte de Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 143.
Bureau d'écrou. Bureau où l'écrou est établi. Quatre gendarmes l'avaient enlevé et le portaient au bureau d'écrou (Stendhal, Chartreuse,1839, p. 247).
Levée d'écrou. Acte constatant la mise en liberté d'un détenu; élargissement, libération d'un prisonnier. Le condamné quitte le prétoire les poignets libres, tandis qu'un acquitté en sort encore enchaîné, pour accomplir les formalités de la levée d'écrou (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 489).Lever l'écrou. Malvina était là, elle venait de faire lever mon écrou; j'étais libre (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 440).
Ordre d'écrou. Ordre d'incarcération. Je trouvai sur ma table une enveloppe traversée d'un « confidentiel » au tampon gras. J'ouvris, je lus, je relus et restai écrasé : c'était un ordre d'écrou au nom de Conan (Vercel, Capit. Conan,1934, p. 217).
Registre (livre) d'écrou. Registre où sont mentionnés les emprisonnements. Le pauvre diable me fait de la peine (...) vous me montrerez son livre d'écrou. − Certainement (...) mais je crois que vous trouverez contre lui des notes terribles (A. Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 153).Les juges s'étant assis autour d'une table dans le guichet de la prison, le registre d'écrou devant le président (Erckm.-Chatr., Hist. paysan,t. 2, 1870, p. 45).
Rem. On rencontre ds la docum. a) Un emploi de écrou avec le sens de « pièce administrative ». C'étaient ses parchemins, à elle [Angélique], cette pièce administrative, cet écrou où il n'y avait qu'une date suivie d'un numéro (Zola, Rêve, 1888, p. 199). b) Un emploi méton. pour « cachot, prison ». Élisa avait entendu refermer sur elle la porte de l'écrou (Goncourt, Élisa, 1877, p. 172). Au fig. Toutes les médiocrités impuissantes qui, enfermées sous l'écrou de l'inédit, appellent la muse marâtre et l'art bourreau (Murger, Scènes vie boh., 1851, p. 9).
Prononc. et Orth. : [ekʀu]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1168-75 [ou 1ertiers du xiiies., R. Bossuat ds Bibl. de l'École des Chartes, t. 111, pp. 297-300] escroe fém. « morceau, bande de parchemin; cédule » (M. de Sully, Sermons, éd. C. A. Robson, 55, 32); fin du xiies. escroue (Sermons S. Grégoire sur Ezéchiel, 1, 5 ds T.-L. [lat. : notariorum schedas]); 2. a) 1499 fém. « registre de prisonniers » (Edit de Louis XII ds F. Ragueau, E. de Laurière, Glossaire du droit français [éd. L. Favre, 1882]); b) 1611 escrou masc. (Cotgr.); 3. 1611 escroue « état de la dépense de bouche de la maison du roi » (ibid.), rare apr. le xviiies. De l'a. b. frq. *skrôda « bout, lambeau », cf. m. néerl. schrode, de même sens (Verdam).
STAT. − Écrou1 et 2. Fréq. abs. littér. : 116.
BBG. − Sain. Sources t. 2 1972 [1925], p. 290.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·