1. [En parlant d'une qualité physique] Rare. Dureté physique, dureté de cuir. Très grande résistance physique (à la fatigue, au mal, etc.). Napoléon voyageait la plupart du temps, dans le désert, sur un dromadaire. La dureté physique de cet animal fait qu'on ne s'occupe nullement de ses besoins, il mange et boit à peine (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 135).Rem. Sens non signalé ds les dict. excepté Dub.; ce dernier précise que c'est le seul sens qui n'ait pas son corrélatif à l'adj. dur.
♦ Dureté d'oreille. Difficulté d'entendre, début de surdité.
2. [En parlant d'un défaut moral, d'un caractère, d'une disposition d'esprit] Manque de sensibilité, de bonté ou de douceur; caractère, comportement dur, brutal. Dureté de qqn pour, envers, à l'égard de qqn; traiter, repousser qqn avec dureté; parler, répondre avec dureté. Synon. insensibilité, sécheresse, inhumanité; brutalité, rudesse; anton. aménité, bonté, bienveillance, charité, cœur, cordialité, douceur; humanité, indulgence, sensibilité, tendresse.La religion modifie la dureté des contacts sociaux (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 159).Ses accès de dureté et puis ses retours de gentillesse (Barrès, Cahiers, t. 7, 1909, p. 320):7. Quant à Poil de Carotte, il est spécialement chargé d'achever les pièces [de gibier] blessées. Il doit ce privilège à la dureté bien connue de son cœur sec.
Renard, Poil de Carotte,1894, p. 5.
− Loc. verbale. Avoir la dureté de + inf.Avoir l'audace, la cruauté, l'indélicatesse de. Il avait la dureté de louer son bordeaux en ma présence (Taine, Notes Paris,1867, p. 338).
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Dureté de + subst.Dureté de caractère. L'esprit dur est un marteau qui ne sait que briser. La dureté d'esprit n'est pas quelquefois moins funeste et moins odieuse que la dureté de cœur (Joubert, Pensées,t. 1, 1824, p. 172).♦ Spéc. [La dureté dans ses manifestations extérieures] Dureté (de + subst.).Dureté de l'expression, du ton, de la voix, du visage; dureté d'une parole, d'un reproche. Cette sérénité naturelle, cette disposition conciliante, ce regard sans brusquerie ni dureté (Martin du G., Thib.,Sorell., 1928, p. 1215).
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P. méton., littér., vx (surtout au plur.). Actes, attitudes, paroles blessantes, ou d'une rudesse excessive, qui expriment la dureté de cœur ou de caractère. Dire, répondre des duretés à qqn. Synon. méchancetés, vacheries (pop.).J'ai remarqué vingt fois dans les salons qu'on dit aux femmes des duretés ou des indélicatesses en riant (Taine, Notes Paris,1867, p. 225).Tenez, Francelin, je suis bonne fille, moi, et je ne vous garde pas rancune de vos duretés; faisons la paix (Theuriet, Mariage Gérard,1875, p. 108):8. Mon père se chargea du sort de son frère, quoiqu'il eût contracté, par l'habitude de souffrir, une rigueur de caractère qu'il conserva toute sa vie; le non ignara mali n'est pas toujours vrai : le malheur a ses duretés comme ses tendresses.
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 1, 1848, p. 25.
− P. ext. [La dureté exprimée dans une œuvre hum.; sentiment littér., style] J'ouvre au hasard un volume des Lettres de Mmede Sévigné. Quelle dureté! Nulle trace de la sensiblerie qui s'étalera un siècle plus tard (Mauriac, Bloc-notes,1958, p. 103).