1. Absol. Personne habilitée à exercer la médecine après avoir été admise à différents examens sanctionnant plusieurs années d'études médicales (universitaires et hospitalières) et après avoir soutenu une thèse de doctorat. Dans certaines écoles, on rappelait aux docteurs qui sortaient de l'école pour aller exercer la médecine, les devoirs de moralité que cette profession leur impose (Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 34).Le médecin qui l'auscultait diagnostiqua une péricardite, ou une péripneumonie; et le grand docteur spécialiste, que l'on consulta ensuite, confirma ces appréhensions (Rolland, J.-Chr., Antoinette, 1908, p. 882):7. Ses clients les plus riches (...) attribuaient leur guérison à la nature, pour pouvoir payer les visites du docteur à quarante sous, en le voyant venir à pied. En médecine, le cabriolet est plus nécessaire que le savoir. (...). Aussi, le docteur Poulain après dix ans de pratique, continuait-il à faire son métier de Sisyphe, sans les désespoirs qui rendirent ses premiers jours amers. Néanmoins, il caressait un rêve, (...). Le docteur Poulain espérait être appelé près d'un malade riche et influent; puis obtenir, par le crédit de ce malade qu'il guérissait infailliblement, une place de médecin en chef à un hôpital, de médecin des prisons, ...
Balzac, Le Cousin Pons,1848, p. 164.
8. Chaque ville d'eaux pour un observateur est une Californie de comique. Chaque docteur est un type délicieux, depuis le docteur correct, à l'anglaise, en cravate blanche, jusqu'au docteur sceptique, spirituel et malin, qui raconte aux amis ses procédés et ses trucs. Entre ces deux modèles, on rencontre le docteur paternel et bon enfant, le docteur scientifique, le docteur brutal, le docteur à femmes, le docteur à longs cheveux, le docteur élégant et bien d'autres. Chaque variété de médecins trouve infailliblement sa variété de malades, sa clientèle de naïfs. Et chaque jour, entre eux, dans chaque chambre d'hôtel, recommence l'admirable farce que Molière n'a pas dite tout entière. Oh! s'ils parlaient, ces médecins, quelles notes, quels documents merveilleux ils nous pourraient donner sur l'homme!
Maupassant, Contes et Nouvelles,t. 2, Malades et médecins, 1884, p. 1296.
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En partic. (le docteur comme type littér., notamment comme personnage de théâtre). Il [Molière] monte le « Docteur amoureux, (...), les Trois docteurs Rivaux, le Docteur pédant, le Médecin volant » (Brasillach, Corneille,1938, p. 352).SYNT. Bon, jeune, pauvre, petit, vieux docteur; il/elle est bon docteur; consultation, ordonnance du docteur; le docteur examine, soigne; aller chercher, appeler le docteur.
♦ Aller chez le docteur ou fam. aller au docteur. Tu avais la migraine? (...) Alors, il va falloir te mener au docteur. − Non, je ne veux pas aller au docteur (Pagnol, Marius,1931, II, 3, p. 115).
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Spéc. Docteur médecin. Le parquet y alla avec un docteur médecin. On examina le cantonnier (Pourrat, Gaspard,1925, p. 279).Docteur vétérinaire (Encyclop. éduc.,1960, p. 234).Docteur en médecine : 9. Le régime des études et des examens en vue du diplôme de docteur en médecine a été fixé par le décret du 6 mars 1934, modifié par les décrets des 31 janvier 1947, (...) et 28 juillet 1960. Les études en vue du diplôme de docteur en médecine ont une durée de six années. (...). Les enseignements conduisant au diplôme de docteur en médecine sont obligatoires. Ils comprennent :
− un enseignement théorique;
− un enseignement pratique; ...
ibid,p. 219.
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P. métaph., domaine de la vie
spirituelle.Cf. médecin des âmes :10. De mon si lamentable cœur,
Certes, la blessure insensée
Jamais ne guérira, Seigneur,
A moins qu'elle ne soit pansée
Par vous, le plus doux des docteurs.
Jammes, De tout temps à jamais,Philomèle, 1935, p. 160.
2. Appellation usuelle du médecin. (Monsieur) le Docteur + nom propre; (gén. en interj.)Monsieur le Docteur ou fam. Docteur! − Oh! M. le Docteur se tuera! (...) M. le Docteur est un vrai martyr (Arland, Ordre,1929, p. 501).Couvrez-vous donc, Docteur, par ce froid vous prendriez mal. Mais le docteur se guérirait vite; hélas Madame, ce sont les médecins qui sont les plus mal soignés (Sartre, Nausée,1938, p. 65):11. Il a ramené mon mari des portes du tombeau quand toute la Faculté l'avait condamné. (...). Aussi Cottard pour moi (...) c'est sacré! Il pourrait demander tout ce qu'il voudrait. Du reste, je ne l'appelle pas le Docteur Cottard, je l'appelle le Docteur Dieu! Et encore en disant cela je le calomnie, car ce Dieu répare dans la mesure du possible une partie des malheurs dont l'autre est responsable.
Proust, Sodome et Gomorrhe,1922, p. 963.
Rem. La formule Docteur + nom propre n'est usitée que ds l'accept. II B. Elle s'emploie parfois pour désigner une femme médecin. Je suis la femme de Dubreuilh, ou le Docteur Anne Dubreuilh : ça n'inspire que le respect (Beauvoir, Mandarins, 1954, p. 72). Certains déconseillent la tournure Madame le Docteur + nom propre. « Madame le Docteur N. » est en effet choquant; mais « Madame N., docteur en médecine » ne choquera personne (Le temps, 6 oct. 1938). Cf. Grev. 1975, § 245, rem. 3 : ,,en s'adressant à une femme médecin, c'est toujours docteur qu'on emploie``. Cf. aussi doctoresse.