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Spéc., ds le lang. milit. et pol. [À propos du potentiel militaire et partic. nucléaire] Dont l'existence doit suffire, par la seule crainte de représailles ou de guerre totale, à dissuader l'ennemi de toute agression, intimidation, occupation de territoire à des fins militaires. Force de frappe ou de dissuasion atomique, nucléaire; armement de dissuasion ou de représailles; stratégie de dissuasion (p. oppos. à stratégie de guerre classique, froide ou nucléaire). La possession de l'arme dite de « dissuasion » joue entre les grandes puissances le rôle d'une épée de Damoclés (Goldschmidt, Avent. atom.,1962, p. 182):Ainsi la guerre froide tire bénéfice de l'existence de tout le spectre des moyens de force, mais maintenant l'emploi de la force dans les limites de la guerre froide, c'est-à-dire dans l'abstention de l'emploi des armes classiques et nucléaires, grâce à la mise en œuvre constante de la stratégie de dissuasion.
Beaufre, Dissuasion et stratégie,1964, p. 30.
Rem. 1. Cette loc. s'est répandue pour traduire l'adj. angl. deterrent, utilisé à propos d'armes, de puissance, de politique. 2. On emploie aussi le subst. seul : mécanisme de la dissuasion; lois propres à la dissuasion; dialectique d'action et de dissuasion. Dissuasion offensive par la possession d'une première frappe plausible, dissuasion défensive au niveau nucléaire (Id., ibid., p. 51).
♦ P. ext., à d'autres domaines. Qui doit servir à dissuader quelqu'un de faire quelque chose. Mesures de dissuasion. À Varsovie des bistrots de dissuasion ont été installés à la périphérie d'un parc pour filtrer les visiteurs et n'accueillir dans le sanctuaire que les amateurs authentiques (Le Monde,5 oct. 1966ds Gilb., 1971).