1. a) Domaine
physique et
intellectuel.Affaiblissement marqué, anéantissement des forces physiques ou des facultés. Le mal de mer le prit [Paul]. Chacun connaît les effets de cette maladie : la plus horrible de ses souffrances sans danger est une dissolution complète de la volonté (Balzac, Contrat mar.,1835, p. 326).− Domaine de la
neuro-psychologie.Disparition des fonctions les moins automatiques, les plus volontaires. Dissolution des fonctions; dissolution locale, uniforme; degré de profondeur de la dissolution. Anton. évolution.La pathologie génétique (...) repose sur les concepts de régression et de dissolution (J. Vuillemin, Être et trav.,1949, p. 157):3. Le point de départ du long enchaînement de réflexions qui constitue la doctrine jacksonienne est que « les maladies du système nerveux doivent être considérées comme des réversions de l'évolution, c'est-à-dire comme des dissolutions ». Cette notion de dissolution est empruntée à Herbert Spencer.
A. Ombredane, L'Aphasie et l'élaboration de la pensée explicite,Paris, P.U.F., 1951, p. 177.
b) Domaine
soc.Désagrégation, anéantissement d'un corps constitué, d'un groupe de personnes ou du lien organique qui les unit. Dissolution de l'autorité, de la civilisation, de l'État, de la société. Synon. disparition, éclatement, ruine.Ce sentiment assez visible affligeait profondément Adeline, elle pressentait la dissolution de la famille (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 237).On parle à nouveau d'une dissolution (elle n'est pas collante, celle-là!) de l'équipe Letourneur Rouyer. Incompatibilité d'humeur, dit-on (La Pédale,19 oct. 1927, p. 12, col. 3):4. Les uns ont cru (...) que dans la période de lente dissolution du régime capitaliste, et de lente élaboration du régime socialiste, les socialistes seraient nécessairement appelés un jour au partage du pouvoir gouvernemental. Les autres ont cru le contraire. C'est une question de tactique...
Jaurès, Ét. socialistes,1901, p. 64.
c) Domaine moral.Désagrégation des principes moraux qui régissent la vie en société. Dissolution des mœurs; époque, période de dissolution. L'illusion qu'il [Ondicola] avait longtemps entretenue d'établir, dans la dissolution même, une sorte de règle, basée sur la notion du beau, se dissipait. Trop de vices s'étaient insinués même parmi ces adolescents et adolescentes qu'il avait longtemps préservés (Jammes, Robinsons,1925, p. 20).
2. DROIT a) DR. CIVIL − Dissolution de communauté. ,,Cessation de la communauté de biens entre conjoints`` (Ac. 1835-1932).
− Dissolution du mariage. Rupture légale du lien du mariage. Si un usufruit a été constitué en dot, le mari ou ses héritiers ne sont obligés, à la dissolution du mariage, que de restituer le droit d'usufruit (Code civil,1804, art. 1568, p. 290).
b) DR. COMM. Dissolution de société. Extinction de la personne morale d'une société dans les formes requises par la loi ou les statuts (cf. Ac. 1835-1932).
c) DR. CONSTIT. Procédure par laquelle l'autorité met fin, avant le terme légal, au mandat d'une assemblée délibérante. Dissolution du conseil municipal, de l'Assemblée (nationale). Il [M. Le Masle] ne connaissait pas l'acceptation de l'ex-Président Doumergue, mais ses conditions : dissolution et pas d'élections avant six mois (Larbaud, Journal,1934, p. 282).La souveraineté de l'Assemblée pourrait se heurter au droit de dissolution, mais celui-ci ne peut guère jouer sans l'agrément de l'Assemblée (Vedel, Dr. constit.,1949, p. 581):5. ... avec l'appui du Sénat, il [Mac-Mahon] prononça la dissolution de la Chambre avec l'espoir qu'une élection générale, au cours de laquelle le gouvernement utiliserait tous les moyens disponibles pour faire pression sur l'électeur, désignerait une majorité de la nuance qu'il désirait.
Lidderdale, Le Parlement fr.,1954, p. 42.
d) DR. PUBL. Acte par lequel une société, une organisation (généralement à caractère politique) sont frappées d'interdiction légale. Dissolution des ligues para-militaires, d'un parti. La dissolution du Destour prononcée par M. Peyrouton (Monde,19 janv. 1952, p. 2, col. 3).Les parlementaires communistes dénoncent tous les actes de violence (...). Ils exigent la dissolution immédiate de toutes les milices patronales (L'Humanité,6 juin 1977, p. 3).