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DINGUE, adj. et subst.

DINGUE, adj. et subst.
Fam., pop.
A.− Arg. des hôpitaux. Aliéné mental.
1. Emploi adj. Le voilà de nouveau dingue. Ces gens qui, cinq minutes auparavant, n'eussent pas mis en doute ses facultés, trouveront désormais bizarres ses gestes les plus simples (H. Bazin, Tête contre murs,1949, p. 173).
2. Emploi subst. Tu sais où ça [la cocaïne] va t' conduire, non? Aux dingues que tu vas finir (Le Breton, Rififi,1953, p. 81).À vivre comme un dingue depuis le début de cette histoire, la notion du temps m'avait lâché (Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 197).
B.− Usuel, adj. Fou, folle. Rendre dingue; il est complètement dingue. Elle se fait chier chez ses beaux-parents; elle en devient dingue (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 178).
Rem. 1. Dingue est un mot à la mode, avec le sens de « bizarre, extraordinaire, saugrenu »; il peut être mélioratif. C'est dingue; une discussion, une maison, une soirée dingue (cf. Gilb. 1971). 2. On rattache parfois à ce mot le subst. arg. dingue « fièvre paludéenne » (de l'esp. dengue « fièvre coloniale », lui-même d'orig. souahéli), réinterprété au sens de « qui rend fou » (cf. Esn. 1966). 3. On rencontre ds la docum. le dér. dinguerie, subst. fém., fam. Caractère ou acte d'une personne au comportement dingue. L'émouvante cicatrice qui est, si j'enlève ma gourmette de suicidée ratée, la seule séquelle visible de ce temps de dinguerie dont on ne parlera plus jamais, bien sûr (A. Sarrazin, La Traversière, J.-J. Pauvert, Paris, 1966, p. 128).
Prononc. et Orth. : [dε ̃:g]. Homon. dengue. Étymol. et Hist. 1915 pas dingue (ds Esn.); 1916 (Barbusse, Feu, p. 15 : t'es pas dingue, non?). Prob. dér. régr. de dinguer* « aller de-ci de-là, divaguer »; cf. 1890 la dingue « le paludisme » (ds Esn.). Bbg. Rigaud (A.). La Vraie cour des miracles Vie Lang. 1969, p. 399.

DINGUER, verbe intrans.

DINGUER, verbe intrans.
Fam. Tomber, s'effondrer brutalement.
A.− [Princ. à l'inf., après le verbe faillir ou un verbe de mouvement intrans. (aller, venir)] Il a failli dinguer. J'eus un éblouissement et m'en allai dinguer au pied d'un marronnier (Gide, Si le grain,1924, p. 408).Le type alla dinguer contre le mur (Sartre, Mur,1939, p. 207).
Rare [Le suj. désigne un inanimé concr.] Les livres dinguaient (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 90).
B.− Emploi factitif. [À l'inf., après le verbe faire ou un verbe de mouvement trans.] Il fit dinguer sa chemise.
Envoyer dinguer qqn ou qqc. J'attrape Toucheur par le col et je te l'envoie dinguer vers la porte (Aymé, Jument,1933, p. 58):
1. ... j'étais bien mort ou tout au moins en train de crever pour de bon, lentement, sûrement, et je tournais de l'œil quand une douleur fulgurante m'a fait revenir à moi. C'était ce bondieu d'obus qui m'a emporté la jambe qui m'avait déterré et envoyé dinguer à 100 mètres. Cendrars, La Main coupée,1946, p. 96.
Au fig. Repousser vivement, se débarrasser de quelque chose ou de quelqu'un sans ménagement. Synon. envoyer promener, envoyer paître.Un mauvais sujet qui quitte ses parents, qui envoie « dinguer » sa mère (Goncourt, Journal,1863, p. 1301).J'ai eu ce matin ton télégramme, vieux. J'ai tout envoyé dinguer pour te recevoir (L. Daudet, Mésentente,1911, p. 9):
2. ... Joliot gisait, la mâchoire inférieure fracassée (...) on se répétait (...) − Où diable! Joliot s'est-il fait arranger comme ça? − Les Prussiens, peut-être (...) insinua un conscrit. On l'envoya dinguer. L. Hennique, Les Soirées de Médan,L'Affaire du Grand 7, 1880, p. 234.
Prononc. : [dε ̃ge]. Étymol. et Hist. 1540 « vaguer (?) » (Vie de S. Hermantaire ds R. Lang. rom., 3esérie, t. 15, 172), attest. isolée; 1833 fam. envoyer dinguer qqn (Vidal, Delmart, Caserne, p. 90 ds Mat. Louis-Philippe, p. 94); cf. 1863, juill. (Goncourt, loc. cit.). Dér. du rad. onomat. ding-, prob. issu par dissimilation de dind- var. de dand- exprimant le balancement d'une cloche, v. dandiner. Fréq. abs. littér. : 12. Bbg. Mat. Louis-Philippe. 1951, p. 94. − Sain. Arg. 1972 [1907], p. 44; Lang. par. 1920, p. 113, 303, 387.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·