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DÉFROQUE, subst. fém.

DÉFROQUE, subst. fém.
A.− Nom coll.
1. Vx et rare. Petit mobilier, vêtements que laisse un religieux en mourant. La défroque d'un moine appartient à l'abbé (Ac.1835-1932).
2. P. ext., fam.
a) Ensemble des objets, des vêtements laissés par un défunt sans les affecter par testament. Si le bonhomme n'avait plus sa tête et mourait, ses filles ne me donneraient pas un liard, et toute sa défroque ne vaut pas dix francs. Il a emporté ce matin ses derniers couverts (Balzac, Goriot,1835, p. 270).L'épée, l'habit, le chapeau brodé, défroque de parade qui n'avait jamais servi, reluisaient d'or et de nacre dans la chapelle sombre des tentures (A. Daudet, Nabab,1877, p. 48).
Par antiphrase. Et la défroque, des chemises par centaines, une robe de chambre en renard bleu (A. Daudet, Nabab,1877p. 209).
P. méton. Le corps qui a porté ces vêtements. Que nous serions donc heureux si nous pouvions laisser dans quelque coin cette défroque de chair et d'os, destinée à faire de l'humus pour les générations futures (Loti, Fleurs ennui,1882, p. 22).
b) Ensemble d'objets, de vêtements portés, sans grande valeur. Lyres, tridents, sceptres, foudres, draperies, sandales, coiffures, la défroque des ateliers et des coulisses de théâtre fait son entrée (É. Faure, Hist. art,1909, p. 109).
B.− Usuel, fam. et péj., au sing. et au plur.
1. Vêtements déjà portés, usagés ou non. Il y a des jours où pour un rien je flanquerais en l'air ma défroque d'enfant riche, la valise de Russel, le nécessaire de Marquet (Bernanos, Mauv. rêve,1948, p. 961):
1. ... ma cousine Annie qui souvent me faisait cadeau de ses défroques m'avait donné cet été là une jupe blanche plissée, un corsage en cretonne bleue : sous mon canotier de paille, je me croyais des allures de grande jeune fille. Beauvoir, Mémoires d'une jeune fille rangée,1958, p. 155.
2. En partic. Vêtements (réellement portés) spéciaux à un ordre religieux, à un corps de métier, à une époque, à un pays, portés dans telle circonstance. Défroque historique. La marchandise gît à terre, sur des bâches ou à même le pavé qui salit les défroques de tous les âges, les robes de bal et les uniformes (Morand, Londres,1933, p. 268).La plupart d'entre nous [soldats de la Légion étrangère] ne possèdent même pas la défroque immatriculée dans laquelle on les met en terre (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p. 1217).Le commissaire. − Êtes-vous donc si pressées de quitter ces défroques, et de vous habiller comme tout le monde? (Bernanos, Dial. Carm.,1948, p. 1681).
P. iron. Le Moyen Âge, au moins, avait le bon sens de les cantonner [les Juifs] dans des chenils réservés et de leur imposer une défroque spéciale (Bloy, Désesp.,1886, p. 168):
2. D'autres suivaient, Astier-Réhu, Desminières, tous gênés, honteux, ayant conscience et s'excusant par leur humble contenance du grotesque de ces défroques acceptables sous la lumière haute, refroidie et, pour ainsi dire historique de la coupole... A. Daudet, Immortel,1888, p. 160.
3. Vêtements pauvres, démodés; en particulier vêtements achetés chez le fripier. Le jeune homme, ayant avisé aux vitres d'un brocanteur des haillons lamentables (...) avait acheté (...) la défroque d'un pauvre honteux (A. France, Révolte anges,1914, p. 108).Toute une défroque de vestes et de redingotes décrochées chez le fripier (Tharaud, Qd Israël est roi,1921, p. 40).C'est avec cette défroque-là que je vais leur donner à rire. Mon veston est impossible, il est sale, il est troué, mais il n'est pas ridicule. Tandis que cette requimpette! (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 25).
Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. défroquant. Brocanteur, fripier. Deux cercueils de verre posés verticalement sur le trottoir, à droite et à gauche de la boutique d'un défroquant de Judée (Jammes, Mém., 1921, p. 194).
C.− Littér. et vieilli [Qualifié par un adj. ou un compl.]
1. Attitude comparable (ou opposée) à celle d'un religieux. J'ai jeté aux orties la défroque (Verlaine, Corresp.,t. 1, 1881, p. 87).
2. Ensemble de thèmes et de figures usés. Défroque classique, épique. Toute une défroque mélodramatique et romantique (P. Lalo, Mus.,1899, p. 187):
3. ... toutes ces vieilles formes, ces défroques de poésies surannées et usées, qui sentent le siècle du bon roi René... Sainte-Beuve, Nouveaux lundis,t. 13, 1863-69, p. 313.
Par jeu de mots avec jeter son froc. Se défroquer. Il avait jeté sa défroque romantique (Zola, Doc. littér.,1881, p. 78).
Prononc. et Orth. : [defʀ ɔk]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. xves. défroque « malheur » (Dial. de Mallapaye et de Baillevant ds Villon, Œuvres, éd. P. L. Jacob, p. 349) − 1544 (Marot, Ballades, 11 ds Hug.); 1611 defroque « dépouillement, pillage » (Cotgr.); 2. a) 1623 défroque « effets dont on ne veut plus et qu'on abandonne » (Sorel, Francion, éd. Colombey, p. 131); b) 1680 « dépouille d'un moine » (Rich.). Déverbal de défroquer*. Fréq. abs. littér. : 105. Bbg. Ploton (D.). Le Lang., témoin de la civilisation monastique. Vie Lang. 1971, p. 684.

DÉFROQUER, verbe.

DÉFROQUER, verbe.
A.− Emploi trans., rare. Inciter vivement, forcer (quelqu'un) à abandonner le froc, l'état ecclésiastique ou monastique. On travaille à le défroquer (Ac.1798-1932).Les prêtres que la Révolution avait défroqués (Lar. 19e) :
1. L'abbé Constant, aimé d'une jeune fille de quatorze ans. La jeune fille, nature décidée, parvient à se faire épouser et à le défroquer. Petit ménage très heureux; ... Goncourt, Journal,1853, p. 106.
B.− Emploi intrans., ou plus rarement réfl. Abandonner l'état religieux ou ecclésiastique, en « jetant le froc aux orties ». Je lui parle de X... qui défroquera peut-être. Il n'a plus la foi (Barrès, Cahiers,t. 3, 1902-04, p. 78).Une fois hors du royaume, elle [la reine Arda] se défroqua joyeusement et se livra tout entière au plaisir (Grousset, Croisades.1939, p. 105):
2. Le jeune abbé de Carondelet eût bien voulu qu'on lui conseillât de se défroquer; ... Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 142.
P. anal. Cesser d'être clerc, d'être écrivain (le plus souvent engagé) :
3. J'ai désinvesti mais je n'ai pas défroqué : j'écris toujours. Que faire d'autre? C'est mon habitude et puis c'est mon métier. Sartre, Les Mots,1964, p. 211.
P. ext. Se défroquer de qqc. S'en débarrasser. Ils se défroquent tout à coup de leur grimace caractéristique et se transforment en véritables hommes du monde (Ponge, Parti pris,1942, p. 49).
Prononc. et Orth. : [defʀ ɔke], (je) défroque [defʀ ɔk]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. xves. [éd. 1528] (Perceforest, vol. IV, ch. 26 ds Gdf. : Atant furent assailliz les vingt chevaliers de tous costez, mais tant bien se garderent que on ne les povoit deffrocquer); av. 1525 deffrocquer « dépouiller » (Cretin, Epistre à Loys XII, p. 181 ds Hug.); 1563 se desfroquer « quitter l'état monastique » (Palissy, Récepte, avec notice par J.S., Paris, 1930, p. 129); 1680 adj. défroqué (Rich.); av. 1755 subst. (St-Sim., 100, 63 ds Littré). Dér. de froc*; préf. dé-*; dés. -er. Fréq. abs. littér. : 10.

DÉFROQUÉ, ÉE, part. passé et adj.

DÉFROQUÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.− Part. passé de défroquer*.
II.− Emploi adj. et subst., péj.
A.− Emploi adj. Qui a quitté le froc, l'état monastique ou ecclésiastique. Dominicain défroqué; prêtre, séminariste défroqué; religieuse défroquée. Non pas un moine renégat, un moine défroqué, mais un vrai moine (A. France, Rabelais,1924, p. 225).Il a tout du curé défroqué, même l'odeur (Bernanos, Mauv. rêve,1948, p. 61).
Emploi subst. avec valeur de neutre. Il [l'abbé de Pradt] avait gardé de la Révolution quelque chose de déclassé, de défroqué et de mal renfroqué (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 9, 1863-69, p. 239).
Rem. On rencontre ds la docum. défroqué au sens de « qui a perdu ses vêtements ou son froc (pantalon) » en lang. pop. Il écarte la foule!... Sa redingote n'a plus de basques... Il est complètement défroqué (Céline, Mort à crédit, 1936, p. 540).
B.− Emploi subst. Celui, celle qui a quitté le froc, l'état monastique ou ecclésiastique. Des apostats, des défroqués, des évêques vendus à Dumay : le groupe des prêtres avec tache (Barrès, Renan,1888, p. 62).Tu ne vois pas qu'elle [la soutane] s'attachera à lui comme de la glu? que ce souvenir le suivra partout et lui fera une réputation de défroqué? (Mauriac, Destins,1926, p. 14):
De la foi qu'elle avait perdue la malheureuse défroquée n'avait gardé que des habitudes indéracinables, le goût des « foyers chrétiens », une méfiance insurmontable des impies, des mal-pensants. Bernanos, Un Crime,1935, p. 868.
P. ext.
1. Celui qui a renoncé à une carrière commencée dans une institution autre que l'Église. Le prêtre qui devient journaliste, l'avocat qui se fait comédien, le professeur qui change sa chaire en tribune, l'officier qui casse son sabre et finit dans un couvent la vie qu'il commença dans une caserne, tous ces gens là sont des défroqués (Lar. 19e).
[Avec un compl. prép. de indiquant ce qu'on a quitté] Tous ces défroqués de l'Armée, de l'Église ou de la Sorbonne portent leurs vêtements bourgeois comme une tunique, une soutane ou une toge (Lar. 19e).
2. Celui qui a abandonné une doctrine. Le grand défroqué du protestantisme [Brichot à propos de Kant] (Proust, Prisonn.,1922, p. 282).Les curés ont un faible pour les défroqués du communisme (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 164).
Fréq. abs. littér. : 57.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·