B.− [Avec de + inf.] Littér. Action de dédaigner; résultat de cette action. J'y vois surtout un certain dédain de plaire (Green, Journal,1944, p. 160):4. ... car il avait trouvé, de même qu'une coiffure appropriée à son teint, une voix à sa prononciation, où le nasonnement d'autrefois prenait un air de dédain d'articuler qui allait avec les ailes enflammées de son nez.
Proust, Le Temps retrouvé,1922, p. 953.
Rem. L'absence du subst. dédaignement explique la rel. fréq. de ce tour.
C.− [Sans compl.] Au sing. ou au plur. Attitude, état psychologique d'une personne qui refuse avec mépris d'accorder de l'importance à quelque chose. Le dédain protège et écrase. C'est une cuirasse et une massue (Hugo, Choses vues,1885, p. 72).J'avais été si loin dans l'indifférence, et même dans le dédain que ce retour de passion m'étonne (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 261):5. Je me rappelle le soir où, place de l'Opéra, vers neuf heures, tous deux en frac de soirée, nous nous trouvâmes : je m'aperçus, avec un frisson de joie contenue, que nous avions en commun des préjugés, un vocabulaire et des dédains.
Barrès, Un Homme libre,1889, p. 3.
SYNT. Accabler, envelopper, remplir de dédain; avoir, exprimer du dédain; s'armer de dédain; afflecter, afficher, professer un grand dédain; subir le dédain; se réfugier dans le dédain; être en proie aux dédains; incliner au dédain; par dédain; objet des dédains; air, expression, geste, grimace, moue, pointe, rire, soupçon, sourire de dédain; dédain cruel, écrasant, furieux, humble, injuste, jaloux; amer, léger, beau dédain.
−
Avec dédain. Dédaigneusement. Dire, rire, regarder, traiter, rejeter, répudier avec dédain. La mer, en grande artiste, tue pour tuer, et rejette aux rochers ses débris, avec dédain (Renard, Journal,1887, p. 4).Anton. sans dédain.[Boucher] ce peintre des Grâces était sans morgue, sans dédain et sans orgueil (Nolhac, Boucher,1907, p. 187).Rem. L'art. paraît dès que le dédain doit être déterminé. Ceux qui (...) auront souri avec le plus de dédain à la naïveté du sauvage animant spontanément la montre dont il admire le jeu (...) pourraient, à leur tour, se surprendre eux-mêmes et plus d'une fois dans une disposition mentale bien peu supérieure (Comte, Philos. posit., t. 5, 1839-42, p. 32).
− Spéc., ANAT., vx. Le muscle du dédain. Le muscle dédaigneux*. Immédiatement sous la peau se trouvent une série de petits faisceaux musculaires (...) la houppe du menton, muscle du dédain (Melchissédec, Pour chanter,1913, p. 147).