1. Dépouiller quelqu'un de son ignorance, de la rusticité de ses manières. Synon. décrasser, dégrossir.Le grec ni le latin ne décrottent leur homme (Amiel, Journal intime,1866, p. 190).Voyez le carnaval de tous ces parvenus mal décrottés qui se croient empereurs (Clemenceau, Vers réparation,1899, p. 430):Les instituteurs eux-mêmes n'étaient plus parqués en deux groupes presque hostiles, les uns humiliés, les autres méprisants, d'un côté les pauvres instituteurs primaires, peu éduqués, à peine décrottés souvent du champ natal, et de l'autre côté les professeurs de lycée et d'écoles spéciales reluisants de science et de littérature.
Zola, Vérité,1902, p. 333.
− En partic. [Le compl. désigne une femme ignorante ou de comportement populaire] En effet, en six mois, un amant convenable les décrotte; elles apprennent tout, même l'orthographe (Taine, Notes Paris,1867, p. 59).
− Emploi pronom. réfl. Se polir, perdre de sa grossièreté. Tu as ramassé une traînée de boue, mon cher! et tu sais, on a beau se décrotter, il en reste toujours (...) dit Marthe à Ginginet (Huysmans, Marthe,1876, p. 75).
2. P. métaph. Décrotter quelqu'un de quelque chose (de gênant). Catholiques danois, incapables de zèle, privés de lumière, à peine décrottés du protestantisme (Bloy, Journal,1899, p. 355).Rem. On rencontre ds la docum. le subst. masc. décrottage. a) Action de décrotter (Ac. 1878-1932). Nettoyage d'un objet sali, crotté. Le décrottage d'un manteau, d'une paire de bottes (Besch. 1845). b) Spéc., maçonn. Le décrottage [des matériaux], c'est (...) l'enlèvement des parties de plâtre ou de mortier restées adhérentes après la démolition (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t. 1, 1924, p. 156). Décrottage à vif. Décrottage d'un enduit en plâtre pour permettre l'application d'un enduit en ciment (Id., ibid., p. 194).