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CUVÉE, subst. fém.

CUVÉE, subst. fém.
A.− Domaine des réalités physiques
1. Quantité de matière quelconque contenue dans une cuve. Cuvée de lessive, de teinture. Une seconde cuvée de papier velin (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 745).Je me suis versé plusieurs cuvées d'eau sur la tête (Guéhenno, Journal homme 40 ans,1934, p. 150):
1. Il [Gomar] se faisait du ménage une conception à l'antique, ou, mieux, semblable à celle de l'Arabe. La femme avait son domaine, et lui le sien. Il la regardait quelquefois soulever d'énormes cuvées de lessive, traîner des seaux de charbon, plier sous une charge de bûches. Van der Meersch, L'Empreinte du dieu,1936, p. 45.
2. Spécialement
a) VITIC. Quantité de raisin produite par un vignoble, et mise en cuves, en une seule fois, afin d'y fermenter. Vin de première cuvée; cuvée de cinquante tonneaux. Goûter un certain nombre de cuvées (Goncourt, Journal,1894, p. 639).Ma vigne a donné peu, mais bon. J'ai une cuvée vive et qui embaume le raisin, tel que je l'aime (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 336):
2. Le vin paraissait fin, malgré le mildiou. Il bouillait quinze jours dans les pièces débondées, vidangées de dix litres, et subissait la méfiance des chefs de cave : − Un moût est toujours bon. Attendons la cuvée. Ils ne furent certains qu'au premier soutirage de décembre que le vin valait celui de l'année d'avant. Hamp, Vin de Champagne,1909, p. 146.
P. métaph. Toute une cuvée de vie séculaire (Rolland, J.-Chr.,Maison, 1909, p. 1002).
P. méton., pop. Quantité de vin absorbée par une personne ivre. Avoir bu une bonne cuvée; des cuvées trop copieuses. Un buveur de première cuvée. ,,Ivrogne de premier ordre`` (Rob.). Prendre une bonne cuvée. Se saouler.
b) COMM. Qualité éminente du vin issu de la cuve. Cuvée supérieure, tête de cuvée, cuvée royale. Cuvée impériale (Hamp, Champagne,1909, p. 154).Dix mille bouteilles de sa cuvée réservée (Hamp, Champagne,1909p. 180).
B.− Au fig. et fam., dans des expr.
1. [Pour désigner l'orig. ou la nature d'une chose] De la même cuvée; d'une autre cuvée. L'imagination logique de la Touraine [Rabelais, Descartes] diffère profondément de la cuvée bourguignonne, de la fougue méditerranéenne (L. Daudet, A. Daudet,1898, p. 103).
2. [Pour désigner un moment, une certaine époque] De la dernière cuvée; une histoire, un récit de la dernière cuvée. Un catalogue [d'exposition de peinture] qui traîne (...) peut aider au moins à se renseigner sur le goût du cru : cuvée 1913 (Toulet, Notes art,1920, p. 95).
3. [Pour désigner la qualité, la saveur d'une chose] De première cuvée, de mauvaise cuvée. C'était une Guermantes d'une moins bonne cuvée, d'une moins bonne année, une Guermantes déclassée (Proust, Temps retr.,1922, p. 1004).
Prononc. et Orth. : [kyve]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1223 « contenu d'une cuve » à cuvées « à pleines cuves, en quantité » (G. de Coincy, éd. F. Kœnig, 2 Mir., 19, 86); 1454 [fouler] une cuvée de vendange (1454 d'apr. Mannier, Commanderies, p. 36 ds Gdf. Compl.); 2. 1546 buveurs de la prime cuvée (Rabelais, Le Tiers Livre, Prol., éd. C. Screech, p. 20); 3. 1580 au fig. « espèce, sorte » (Montaigne, Essais, éd. A. Thibaudet, I, XXIII, p. 148). Dér. de cuve*; suff. -ée*. Fréq. abs. littér. : 56. Bbg. Gottsch. Redens. 1930, p. 270.

CUVER, verbe.

CUVER, verbe.
A.− Domaine des activités physiques
1. Emploi intrans. [En parlant des raisins, du moût] Après écrasage, séjourner en cuve afin d'y fermenter. Faire cuver les raisins, la vendange.
P. méton. (en parlant du vin), emploi part. passé avec valeur adj. Tiré du moût qui a fini de cuver. Laisser couler à flots les vins cuvés (Péguy, Quatrains,1914, p. 532).
2. Emploi trans., au fig. et fam. [Le suj. désigne une pers.] Dissiper son ivresse en se reposant au lit, en dormant. Cuver son vin rouge, son whisky (cf. Camus, Requiem, 1956, p. 867); cuver sa cuite, son ivresse; laisser cuver sa saoulerie à qqn :
... tout d'un coup, il ronfla. Alors, Gervaise eut un soupir de soulagement, heureuse de le savoir enfin en repos, cuvant sa soulographie sur deux bons matelas. Zola, L'Assommoir,1877, p. 514.
B.− P. métaph. et/ou au fig. Cuver qqc.
1. [P. réf. au sens A 1]
a) Garder en soi pour en profiter, pour en jouir. Cuver son or, sa richesse. À demi extasié dans l'épanouissement d'une jubilation infinie, il cuvait le paysage (Goncourt, M. Salomon,1867, p. 238).Ah! rester là, ivre et dévêtu sous la lune, à cuver la chaleur du jour (Gide, Journal,1910, p. 318).
b) Garder en soi ses sentiments pour les laisser fermenter et mûrir et permettre leur plein effet. Cuver sa vengeance. Dame (...), qui cuvait sa rancune et sa haine en silence (L. Daudet, Mésentente,1911, p. 87).
2. [P. réf. au sens A 2] Garder en soi un ressentiment, etc., de manière à le laisser s'apaiser, à le faire disparaître. Cuver sa colère, son chagrin, sa nostalgie, sa peine. Il faut les laisser à cuver leur fanatisme (Lamart., Corresp.,1831, p. 185).À la mort de Michel, la famille ne lui laissa pas le temps de cuver sa douleur (Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 47).
Prononc. et Orth. : [kyve], (je) cuve [ky:v]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1433 trans. cuver [le vin] « faire séjourner dans la cuve pendant la fermentation » (Test. de maistre G. de Kennes, A.N. Z, 2epièce, 3264 ds Gdf. Compl.); 1599 intrans. [en parlant du vin] (O. de Serres, III, 10, ibid.); 2. 1611 cuver son vin « dissiper son ivresse » (Cotgr.). Dér. de cuve*; dés. er. Fréq. abs. littér. : 88.

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·