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CULBUTE, subst. fém.

CULBUTE, subst. fém.
A.− Mouvement.
1. [En parlant d'une pers.]
a) Tour que l'on effectue, en avant ou en arrière, en prenant appui sur les mains et en projetant les jambes en l'air. Culbute quadruple, culbutes des clowns; faire une culbute. Synon. cabriole, galipette, pirouette.Les chutes par bouler avant et bouler arrière (culbutes) (R. Vuillemin, Éduc. phys.,1941, p. 48).Le grand écart et toute espèce de culbutes (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 93):
Après la culbute simple en mettant les deux mains, reprit Aristide, viendra la culbute à une seule main, et ensuite sans mettre les mains. Tu vois la gradation. Avec la gradation, on fait tout ce que l'on veut. Le saut périlleux, c'est une culbute sans mettre les mains, en donnant un coup de reins. Duranty, Le Malheur d'Henriette Gérard,1860, p. 50.
Spéc. [En parlant des femmes] Cf. culbuter I A 1 b.Les farces de Clarisse, ses continuelles culbutes, les amants qu'elle ramassait derrière lui, à chacune de leurs soirées (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 195).
b) P. ext. Chute brusque à la renverse ou en avant, la tête la première. Chute dans le métro, glissade hors d'un autobus, culbute sur un parquet trop bien ciré (Queneau, Pierrot,1942, p. 12).
Au fig. Crise grave. Expr. proverbiale. Au bout du fossé la culbute (cf. bout I B 2).Comme si les marchés pouvaient s'accroître indéfiniment!... Au bout du fossé, la culbute! Le monde va droit à la crise, à la catastrophe inévitable (Martin Du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 69).
2. P. anal. [En parlant d'objets]
a) Chute dans laquelle l'objet roule plusieurs fois sur lui-même. Un pavé se détache rarement d'un mur sans entraîner dans sa culbute une certaine quantité de plâtras (Courteline, Ronds-de-cuir,1893, 6etabl., p. 228).À la culbute de chaque panier dans la baratte (Hamp, Champagne,1909, p. 140).
Spéc. [En parlant d'un véhicule] Synon. tonneau.Loc. arg. Prendre (...) le boulevard de la Culbute (Bruant1901, p. 440).
b) P. méton., vx. Nœud de ruban dont les pans retombent sur la nuque et qui est porté sur le fond de certaines coiffes (cf. Leloir 1961).
c) Arg. Culbutant subst. masc. et plus rarement culbute, subst. fém. Pantalon. J'ai déchiré ma culbute maintenant (Courteline, Train 8 h 47,1888, 2epart., p. 149).Le soir, on fait des épates, on étal' son culbutant, Minc' des g'noux et larg' des pattes (Bruant, Chansons et monologues,Paris, éd. Geoffroy, 1885, p. 75).
Rem. ,,Culotte devient culbute par substitution d'un suffixe-calembour, puis culbutant (v. dér.), pour suivre le genre de pantalon et par anal. avec Montant`` (Esn. 1966).
B.− Au fig., souvent fam.
1. Retournement de situation. La culbute des gens chic dans la crapule du vice (Zola, Nana,1880, p. 1314).
Spécialement
♦ Domaine pol.Renversement, chute d'un gouvernement (à la suite d'un vote hostile du Parlement). Le lendemain de cette culbute accablante du parti [de la légitimité] (Sainte-Beuve, Prem. lundis,t. 2, 1869, p. 184).Les culbutes des ministères donnent souvent lieu à des repentirs qui font revenir les mêmes hommes (Alain, Propos,1934, p. 1217).
♦ Domaine des affaires.Passage d'une situation financière prospère à une situation opposée. Culbute de fortune. Des Citroën et compagnie, par exemple, qui n'ont jamais su faire que la culbute en affaires (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 393).Vous avez tort de rentrer dans les affaires... Infailliblement, vous ferez la culbute, (...) vous êtes beaucoup trop passionné, vous avez trop d'imagination (Zola, Argent,1891, p. 101).
[P. anal. avec le double mouvement de la culbute] Faire la culbute. Revendre une marchandise au double de son prix d'achat. Je leur vends les chaises que je fabrique sept francs trois sous; ils font la culbute dessus : ils les vendent quatorze francs (Esnault, [Comment. (IGLF 1947) de Virmaitre, Dict. d'arg. fin-de-s., Suppl., 1899]).
2. La mort. Quoique seul, et flétri, fané, presque fini, voilà qu'il fallait vivre jusqu'au bout; avant de faire la culbute, il pouvait encore en voir de bien dures (Cladel, Ompdrailles,1879, p. 143).Avant la culbute finale il a dû avoir quelques bons moments (Du Bos, Journal,1922, p. 118).
Prononc. et Orth. : [kylbyt]. Ds Ac. 1694-1932. Fér. Crit. t. 1 1787, Besch. 1845 et DG mentionnent encore la forme culebute qu'ils considèrent comme mauvaise ou vieillie. Étymol. et Hist. 1479 Maistre Bidault de Cullebute surnom donné ironiquement à un moine; cullebute désigne, p. euphém. le membre viril (G. Coquillart, Œuvres, éd. M. J. Freemann, L'enquête, p. 81, 444); 1538 culbute (Est., s.v. cybisteteres); 1680 fig. (Mme de Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, t. VI, p. 358). Déverbal de culbuter*. Fréq. abs. littér. : 123. Bbg. Sain. Arg. 1972 [1907], p. 57, 293. − Sain. Lang. par. 1920, p. 134.

CULBUTER, verbe.

CULBUTER, verbe.
I.− Emploi trans.
A.− Mouvement.
1. [Le compl. d'obj. désigne une pers.]
a) Faire tomber en renversant ou en poussant brutalement. Culbuter un piéton; culbuter qqn du haut en bas des marches, dans un fossé; être culbuté par une auto, un chien, un cycliste. Synon. renverser.Un choc qui vous assomme, un souffle qui vous culbute (Dorgelès, Croix bois,1919, p. 202).Le cheval prit peur, glissa, culbuta son charretier (Billy, Introïbo,1939, p. 195).Une carabine bien ajustée le culbuta (Saint-Exup., Citad.,1944, p. 834):
1. ... sans me déranger de mon chemin, en passant, j'allongeai par la figure du citoyen Poulet un revers de main qui le culbuta, les jambes par-dessus la tête, sous la balustrade de l'octroi, et sa tartine de fromage blanc par-dessus le nez. Erckmann-Chatrian, Histoire d'un paysan,t. 2, 1870, p. 141.
Emploi pronom. réciproque. Des ouvriers siciliens se battent et se culbutent dans le ruisseau (Gide, Journal,1925, p. 804).
Rem. On rencontre ds la docum. un emploi trans. au sens de « précipiter d'un mouvement brusque » qui semble dérivé de l'emploi pronom. réciproque. Une rage culbuta les Prussiens vers lui (D'Esparbès, Lég. aigle, 1893, p. 117).
P. ext. (sens affaibli). Bousculer, pousser (des personnes) afin de se frayer un passage (sans qu'il y ait forcément chute). Des chiens aboyaient après lui [Manquet]; il culbutait sur son chemin des vieilles, des soldats, des gens en blouse (Arène, J. des Figues,1870, p. 68).Il aperçut les officiers, et, culbutant les buveurs, il s'élança (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Tombouctou, 1883, p. 219).
Emploi pronom. réciproque. Les élèves (...) se culbutaient devant les fenêtres pour voir M. le sous-préfet (A. Daudet, Pt Chose,1868, p. 120).
P. métaph. Une grosse écriture paysanne, avec des jambages qui se culbutaient (Zola, Page amour,1878, p. 857).
b) Spéc., fam. [Le compl. d'obj. désigne une femme] Renverser pour la posséder charnellement. Synon. sauter.Tandis qu'il s'en irait forniquer derrière les haies, culbuter des filles, en se moquant de ceux qui les avaient culbutées avant lui (Zola, Germinal,1885, p. 1440).On peut encore, à la rigueur, culbuter une femme, mais où voulez-vous qu'on prenne le temps, la liberté d'esprit nécessaires pour parler d'amour à une charmante enfant comme vous? (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 43).
Emploi pronom. réciproque. Il ne voulut jamais à cette place, dans son lit, crainte d'une surprise. L'échelle du fenil était près de là, ils grimpèrent, laissèrent la trappe ouverte, se culbutèrent au milieu du foin (Zola, Terre,1887, p. 96).
c) P. anal., dans un contexte milit. Mettre en déroute (de manière que les fuyards semblent comme tomber les uns sur les autres). Culbuter une armée, l'ennemi. Synon. battre, défaire, enfoncer, repousser.Les Vendéens étaient repoussés de Nantes (...) culbutés hors de Cholet (...) ils lâchaient pied à Châtillon (Hugo, Quatre-vingt-treize,1874, p. 83).Culbutant sur leur route les éléments ennemis qui, déjà, envahissent le terrain (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p. 31):
2. Il [Damour] s'enflammait, il croyait fermement que, si Paris entier, les hommes, les femmes, les enfants, avaient marché sur Versailles en chantant la Marseillaise, on aurait culbuté les Prussiens... Zola, Jacques Damour,1884, p. 319.
SYNT. Culbuter l'adversaire, un escadron, un poste, la première ligne ennemie, l'arrière, l'avant-garde, le centre d'une armée; culbuter une colonne ennemie dans les marais; être culbuté par l'ennemi, par une charge ennemie, par l'infanterie.
2. [Le compl. d'obj. désigne un obj.]
a) Faire tomber brusquement de manière à renverser. Culbuter une charrette, une brouette, un meuble. La patache n'avait pas été culbutée. Nonchalamment penchée dans le marécage, elle était encore fort habitable (Sand, Meunier d'Angib.,1845, p. 36).Ces gens fouillèrent tous les meubles (...) n'y trouvant rien, ils défoncèrent les placards, culbutèrent les commodes (A. France, Livre ami,1885, p. 91).Ils cubutent les deux arcades... Des pierres de taille comme des fétus! (Céline, Mort à crédit,1936, p. 536).
b) P. ext. Mettre en désordre, mettre sens dessus dessous comme si les objets tombaient les uns sur les autres. Une rafale de malheur s'était ruée sur cette maison et l'avait culbutée de fond en comble (Huysmans, En mén.,1881, p. 93).
B.− Au fig.
1. Domaine pol.[Le compl. d'obj. désigne une institution, un gouvernement, une loi, un ministère...] Renverser d'un mouvement précipité. Culbuter l'État, la république, la société. Lorsque la loi sera à peu près sur pied, nous la culbuterons à un tournant (Vogüé, Morts,1899, p. 126).Les académies disjointes et les empires culbutés (Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 37):
3. ... et ils [les candidats radicaux] entrent à la Chambre avec le parti pris et la résolution inébranlable de culbuter, sans se soucier du pays et du repos public, tous les cabinets... Barrès, L'Appel au soldat,1897, p. 194.
− Domaine des affaires.Mettre brutalement dans une situation opposée. Les ordres de vente et d'achat qui culbutent parfois les cours de Bourse dans le monde entier (Cendrars, Du Monde entier,Docum., 1924, p. 129).
2. P. anal. Mettre fin à quelque chose par une action brusquée. Du premier coup, M. Degas a culbuté les traditions de la sculpture comme il a depuis longtemps secoué les conventions de la peinture (Huysmans, Art mod.,1883, p. 248).Dire qu'avec un mensonge il [Marc] aurait pu arrêter ce supplice! (...) Mais (...) une révolte culbute ces regrets (Estaunié, Vie secrète,1908, p. 306).
En partic. Venir à bout d'une situation par une action brusquée. Dès qu'elle [Henriette] fut seule avec moi, je la saisis de nouveau dans mes bras, tâchant d'affoler sa raison et de culbuter sa résistance (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Morin, 1882, p. 852).
II.− Emploi intrans.
A.− [Le suj. désigne une pers. ou un animal]
1. Effectuer un mouvement de renversement vers l'avant ou l'arrière ou faire un tour complet sur soi-même en faisant une culbute. Synon. basculer.Voir les petits lapins foudroyés culbuter comme des clowns, (Maupass., Fort comme la mort,1889, p. 258).Les mouches (...) volent, se posent, culbutent et roulent (Genevoix, Boue,1921, p. 28).
P. métaph. [P. anal. avec le tour fait pendant la culbute] Les heures culbutent et je trouve encore le temps trop long (Valéry, Corresp.[avec Gide], 1891, p. 72).
Rem. La docum. atteste un emploi substantivé du part prés. culbutant. Variété de pigeon domestique au vol rapide et qui fait des culbutes en volant. Dans ce groupe [les Culbutants allemands] on classe les Culbutants à long bec, les Culbutants à bec moyen et les Culbutants à bec court (G. Lissot, Pigeons domestiques et voyageurs, Paris, Flammarion, 1950, p. 94).
2. P. ext. Tomber, faire une chute en arrière ou en avant, la tête la première. Culbuter dans le fossé, dans le ravin. Synon. basculer, dégringoler, s'écrouler, tomber.Culbuter du haut en bas de l'escalier (Ac. 1835). ... la jambe droite fracassée par un éclat d'obus. Il culbuta sur le dos, en jetant un cri aigu de femme surprise (Zola, Débâcle,1892, p. 306).Ils soulevèrent le banc, et le vieux culbuta (Rolland, J.-Chr.,Révolte, 1907, p. 615).
P. métaph. Mais quand elle parlait, sa phrase culbutait dans une grammaire fantaisiste (Estaunié, Bonne-Dame,1891, p. 8).
Au fig. Se trouver brusquement dans une situation (critique). Il culbutait dans des catastrophes, chaque fois qu'il s'appliquait à réfléchir (Zola, Argent,1891, p. 9).
Spéc. Se précipiter dans un lieu en contrebas :
4. Je me souviens que lorsque nous emportâmes d'assaut la crête de Vimy, une alouette s'égosillait. Moi, je me suis arrêté dans ma course alors que mes camarades culbutaient déjà dans les tranchées allemandes (...) je me suis arrêté pour écouter chanter cette alouette. Cendrars, Les Confessions de Dan Yack,1929, p. 277.
B.− [Le suj. désigne un véhicule, une embarcation] Se retourner brusquement. Une embarcation qui culbute. Synon. capoter, chavirer, verser.L'avion, sans culbuter, a fait son chemin sur le ventre (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p. 218).Son épaule nue (...) vient de jaillir hors du peignoir, enflée, livide. Elle explique qu'elle a dû porter sur une roue, lorsque la voiture a culbuté (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1421).
Rem. La docum. atteste les dér. suiv. a) Culbutage, subst. masc. Action de culbuter (cf. culbuteur B 1). Il est nécessaire, après le culbutage, de retirer le chariot en rétrogradant (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, 1905, p. 262). b) Culbutée, subst. fém. Situation défavorable. Synon. culbute (en emploi fig.). Ce n'est pas à un tournant de l'histoire que (...) nous arrivons, mais nous avons l'impression très nette que nous arrivons à une culbutée (Péguy, Argent, 1913, p. 1305). c) Culbutement, subst. masc. Action de culbuter. Le culbutement à pas pressés du troupeau (A. Daudet, Sapho, 1884, p. 128). Astronaut. ,,Rotation aberrante [du satellite] sur lui-même autour d'un axe quelconque`` (Galiana Astronaut. 1963).
Prononc. et Orth. : [kylbyte]. Ds Ac. 1694-1932. Pour la forme culebuter, cf. les mêmes dict. avec les mêmes rem. que pour culbute. Étymol. et Hist. 1534 intrans. cullebuter (Rabelais, Gargantua, éd. Calder-Screech, I, XII, p. 250); 1546 trans. cullebuter (Rabelais, Tiers Livre, éd. Screech, prol., p. 11); 1601 culbuter au fig. « renverser » (Charron, Sagesse, I, 14 ds Littré). Composé tautologique des verbes culer* et buter*. Fréq. abs. littér. : 451. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 252, b) 649; xxes. : a) 1 554, b) 416. Bbg. Orr (J.). Qq. mises au point étymol. Mél. Dauzat (A.). Paris, 1951, pp. 245-256.

CULBUTÉ, ÉE, part. passé et adj.

CULBUTÉ, ÉE, part. passé et adj.
I.− Part. passé de culbuter*.
II.− Adjectif
A.− P. métaph. et fam. [En parlant d'une pers.]
1. Qui ne tient plus debout, risque de faire la culbute en raison de son état d'ivresse. Les bouteilles vides s'entassaient. Il était culbuté, le Rital. Il restait néanmoins d'une lucidité inquiétante (Le Breton, Rififi,1953, p. 154).
2. Par antiphrase. [En parlant de la conformation d'une femme] Bien bâti. Synon. balancé(e).Il la regarda se dépouiller de ses harnais. Comment qu'elle était culbutée, la Viviane! La Vénus de Milo? Une tarderie à côté (Le Breton, Rififi,1953p. 41).
B.− AUTOMOB. Moteur culbuté. Moteur à explosion dont les soupapes sont commandées par des culbuteurs (cf. ce mot B 2). Le moteur est à soupapes latérales ou culbutées (Chapelain, Techn. automob.,1956, p. 33).
Rem. La docum. atteste un emploi subst. masc. (au sens I B de culbuter). Se faire inscrire à la porte de ces « exilés », comme dit Daudet, de ces culbutés, dirait un autre, constitue une occupation constante (Maupass., Sur l'eau, 1888, p. 256).

Quelques définitions tirées au hasard dans le dictionnaire : 

·le trésor de la langue française, un dictionnaire français·