1. MÉD. et usuel. [En parlant d'un état morbide] Crise aiguë, crise cardiaque; crise d'appendicite, de foie; l'intervalle entre deux crises, sortir d'une crise. Une crise de sa maladie le retint pourtant une nuit à Épernay (Guéhenno, Jean-Jacques,1952, p. 182).L'hyperpression dans les voies biliaires qui en résulte [d'un calcul] déclenche immédiatement une crise de colique hépatique (Quillet Méd.1965, p. 146):2. ... le malade se mit à tousser. Ce ne fut rien d'abord, une petite crise; mais elle grandit, devint une quinte ininterrompue, puis une sorte de hoquet, un râle.
Maupassant, Bel-Ami,1885, p. 183.
SYNT. Crise douloureuse, violente; crise appendiculaire, convulsive, dentaire, gastrique, hépatique, nerveuse; crise d'adhérences, d'angine de poitrine, de délire, de démence, de dépression, de douleur, d'étouffement(s), de goutte, de rhumatisme(s), d'urémie; crise d'estomac, de vésicule; apparition, fréquence des crises; au plus fort de la crise; avoir, subir une (des) crise(s); causer, déterminer une crise; la crise se calme, se déclenche, éclate, est passée.
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Spéc. Crise de nerfs. ,,Expression populaire pour désigner des manifestations paroxystiques à caractères neuro-psychiatriques et comportant plus particulièrement des manifestations psychomotrices, et des troubles de la conscience et du comportement`` (Lafon 1969). Une terrible crise de nerfs; avoir, faire, piquer (fam.) une crise de nerfs. Le Chinois (...) secoué par la crise de nerfs (Malraux, Cond. hum.,1933, p. 407).♦
P. métaph. Les tourmentes sont les crises de nerfs et les accès de délire de la mer (Hugo, Homme qui rit,t. 1, 1869, p. 71).Rem. La docum. atteste le dimin. crisette, subst. fém. J'avais cru que la crise de foie d'avant-hier était une crisette (Goncourt, Journal, 1895, p. 834).
2. P. ext. a) [En parlant d'une réaction émotionnelle, d'un sentiment] Crise de colère, de larmes; subir une crise d'abattement; piquer une crise de jalousie (fam.). Au milieu de cette crise de remords (Chateaubr., Natchez,1826, p. 409).Le grand chameau et la petite rosse [les deux bonnes] se tordaient, pliées sur le bord de leur fenêtre, dans une crise de fou rire (Zola, Pot-Bouille,1882, p. 385).Je vois venir une dure crise de noir (Colette, Vagab.,1910, p. 24):3. ... je cesse, peu à peu, de croire en l'humanité. Elle m'en a imposé fort longtemps avec ses discours, ses lois, ses livres, mais je commence à la voir sous son vrai jour, qui est triste, car c'est une vieille folle dont les crises de férocité alternent avec des sourires.
Green, Journal,1943, p. 33.
SYNT. Crise d'attendrissement, de découragement, de dégoût de soi, de désespoir, de désolation, de fureur, de neurasthénie, de pessimisme, de rage, de sanglots, de timidité, de tristesse.
♦ Fam. Piquer une/sa crise. Se mettre en colère. Elle piquait une crise chaque fois qu'elle lisait un écho sur Robert (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 163).
b) Enthousiasme subit, passion brusque, généralement temporaire, pour (une idée, une conception, un type d'action, un comportement). Crise d'ascétisme, d'ivrognerie, de patriotisme, de travail; travailler par crises. Ses accès de sentiment et ses crises de chauvinisme (Huysmans, Là-bas,t. 1, 1891, p. 31).Il [Maurice] était en train de faire une crise aiguë d'antimilitarisme (Aymé, Bœuf cland.,1939, p. 127).Tu dois être en train de traverser une jolie crise de snobisme (Proust, J. filles en fleurs,1918, p. 740):4. Notre dreyfusisme était une religion... une poussée religieuse, une crise religieuse...
Péguy, Notre jeunesse,1910, p. 113.