COR1, subst. masc.
Instrument à vent d'origine guerrière, de forme et de matière très variées, servant à différents usages. A.− Domaine de la
chasse, etc.
Instrument d'appel. J'aime le son du cor, le soir, au fond des bois (Vigny, Poèmes antiques et modernes,Le cor, 1837, p. 185):1. ... elle [la comtesse] alla prendre le petit cor dont se servait son mari pour faire venir ses gens, ouvrit une fenêtre, et tira du cuivre des accents grêles.
Balzac, L'Enfant maudit,1831-36, p. 353.
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P. allus. littér. (allus. à Roland qui sonnait du cor à Roncevaux pour annoncer sa situation désespérée). Cor de Roland. L'histoire de Roland se réalise à la lettre : il sonna de son cor d'ivoire jusqu'à extinction de force et de vie. Eux aussi, ils chantent jusqu'au dernier souffle (Michelet, Oiseau,1856, p. 259).SYNT. Cor mélancolique, tendre; l'appel, le son du cor; emboucher le cor; donner, sonner, souffler du cor.
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Spécialement Cor de chasse. Instrument constitué d'un tuyau de cuivre enroulé et s'élargissant en un pavillon. Les piqueurs et les gentilshommes chasseurs (...) sonnaient du cor à plein souffle (Maupassant, Contes et nouv.,t. 1, Coq, 1882, p. 812).BLAS. Symbole des chasseurs à pied, des chasseurs alpins et, p. ext., du personnel des Eaux et Forêts. Un magnifique pourpoint de velours broché d'un cor de chasse d'argent sur les manches (Bertrand, Gaspard,1841, p. 156).P. anal. et p. plaisant., arg. Emmailloté, moulé dans un cor de chasse. Disgracieux. Tu la crois dodue, bien faite (...) tu vas la voir au déballage; elle a été moulée dans un cor de chasse (Virmaitre, Dict. arg. fin-de-s.,1894, p. 81; cf. aussi Sandry, Carrère, Dict. arg. mod., 1953, p. 73).Cor de mer. Coquillage servant de porte-voix. Comme les gens des caravanes s'appellent avec un énorme coquillage perforé, nous ouïmes le son d'un cor ou d'un cornet (Claudel, Tête d'Or,2eversion, 1901, 3epart., p. 275).Cor des Alpes. Un air joué par les cors des Alpes, et dont les Suisses recevoient une impression si vive qu'ils quittoient leurs régiments (Staël, Allemagne,t. 1, 1810, p. 286).♦ Loc. À cor(s) et à cri(s). À grand bruit. La vénerie est un art, celui de « chasser à cors et à cris » la bête fauve (Vialar, Chasse aux hommes,1952, p. 243).Au fig. Demander, invoquer, réclamer, revendiquer à cor et à cri. Avec insistance. Vous réclamez, à cor et à cris, des réformes? Opérez-les (Huysmans, Art. mod.,1883, p. 278).
B.− MUS. Instrument à vent. Les cuivres seuls conviennent aux rythmes simples et aux musiques telles que les permettent le cor, le clairon, et la trompette (Alain, beaux-arts,1920, p. 127):2. ... on a déjeuné dans l'élégant palais : l'harmonie des cors et des hautbois, dispersée par le vent, avait quelque chose du murmure de mes forêts américaines.
Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe,t. 3, 1848, p. 528.
SYNT., EXPR. Cor anglais : Cor anglais (...) le même instrument que le hautbois, mais une quinte plus bas (Lavignac, Mus. et music., 1895, p. 116). Cor à pistons : Ce cor (dit chromatique) diffère du cor d'harmonie en ce que le tube de fabrication française contient une partie cylindrique intercalée par les pistons (Bouasse, Instruments à vent, 1930, p. 53). Cor de basset : La clarinette en fa, dite cor de basset (...) passe pour avoir été inventée en Bavière (Brenet, Dict. pratique et hist. de la mus., 1926, p. 80). Cor d'harmonie : On s'accoutuma à désigner le cor simple, muni de corps de rechange, par le nom de cor d'harmonie (Brenet, Dict. pratique et hist. de la mus., 1926, p. 100).
− P. méton. Celui qui joue du cor. Premier cor à l'orchestre de l'Opéra (Ac.1932).
Prononc. et Orth. : [kɔ:ʀ]. Ds Ac. depuis 1694. Homon. corps. Étymol. et Hist. Ca 1100 corn (Roland, éd. J. Bédier, 1051). Du lat. class. cornu « corne des animaux; matière dont elle est faite; objet de corne ou en forme de corne »; spéc. « corne du pied des animaux » et « instrument à vent ».
STAT. − Cor1 et 2. Fréq. abs. littér. : 658. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 126, b) 984; xxes. : a) 1 003, b) 706.
BBG. − Bowles (E. A.). Unterscheidung der Instrumente Buisine, Cor, Trompe und Trompette. Archiv. für Musikwissenschaft. 1961, t. 18, p. 52. − Gottsch. Redens. 1930, p. 287. − Goug. Mots t. 2 1966, pp. 103-105.