B.− Ce qui renferme quelque chose dans son volume ou sa capacité. Un soldat (...) portant sur le dos un sac dont le contenant et le contenu coûtent quarante francs à sa patrie (Vigny, Servitude et grandeur militaires,1835, p. 69).On entend parler du corps et de l'âme, comme si le corps était le contenant et l'âme le contenu, comme si les deux pouvaient à plaisir se séparer, se distinguer (Green, Journal,1948, p. 186):1. Je m'amusais à regarder les carafes que les gamins mettaient dans la Vivonne pour prendre les petits poissons, et qui, remplies par la rivière où elles sont à leur tour encloses, à la fois « contenant » aux flancs transparents comme une eau durcie et « contenu » plongé dans un plus grand contenant de cristal liquide et courant, évoquaient l'image de la fraîcheur d'une façon plus délicieuse et plus irritante qu'elles n'eussent fait sur une table servie, ...
Proust, Du côté de chez Swann,1913, p. 168.
2. L'économie évidemment apparaît comme un fait de localisation si l'on choisit de l'interpréter par référence à l'espace banal. Il est alors aisé de dire ce qui est « dedans » et ce qui est « dehors », ce qui est « domestique » et ce qui est « extérieur ». Le « contenant » est un espace banal cerné par une frontière, le « contenu » est formé d'hommes et de biens situés à l'intérieur des frontières.
Perroux, L'Écon. du XXes.,1964, p. 137.
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P. ext. Enveloppe apparente, extérieure, visible d'une chose. (Quasi-)anton. contenu.Nous ne voyons en quelque sorte que les contenants des choses, non les choses elles-mêmes (E. Boutroux, De la Contingence des lois de la nature,1874, p. 24).L'artiste (...) pense et sent directement avec les formes, comme d'autres avec les mots. Contenu et contenant ne font qu'un et vivent l'un par l'autre (Huyghe, Dialogue avec le visible,1955, p. 428).Le milieu, c'est l'environnement, l'entourage local, le contenant opposé au contenu, l'« extérieur » vis-à-vis de l'« intérieur » (Mounier, Traité du caractère,1946, p. 73):3. ... Bousquet exprime ainsi l'espace intime de l'arbre : « L'espace n'est nulle part. L'espace est en lui comme le miel dans la ruche. » Dans le règne des images, le miel dans la ruche n'obéit pas à l'élémentaire dialectique du contenu et du contenant. Le miel métaphorique ne se laisse pas enfermer. Ici, dans l'espace intime de l'arbre, le miel est tout autre chose qu'une moelle. C'est le « miel de l'arbre » qui va parfumer la fleur. Il est le soleil intérieur de l'arbre. Qui rêve de miel sait bien que le miel est une puissance qui tour à tour concentre et irradie. Si l'espace intérieur de l'arbre est un miel, il donne à l'arbre « l'expansion des choses infinies ».
Bachelard, La Poétique de l'espace,1957, p. 183.